• Les Japonais ne connaissent pas le cinéma japonais



    Vu que je ne fais pas souvent le détour par le forum cinéma, voilà un article qui m'a interpellé. L'intervention de M.Tavernier avait lieu dans le cadre du festival du film français organisé à Yokohama (y'a pas que Johnny qui croyait dans les chances de la France...) ?

    TOKYO (AFP) - Bertrand Tavernier a déploré mercredi à Tokyo la méconnaissance qu'ont les Japonais de leur propre cinéma et notamment de leurs grands cinéastes comme Yasujiro Ozu, Kenji Mizoguchi et Akira Kurosawa.

    "Il y a un manque absolu de politique culturelle en faveur du cinéma ici. J'ai été deux ou trois fois dans des écoles et je suis frappé du manque de connaissance de leur cinéma" par les Japonais, a déclaré le réalisateur français à des journalistes en marge d'une conférence de presse inaugurale du 10ème Festival du Film français de Yokohama où il présente son film "Laissez-passer" sur le cinéma français pendant l'Occupation.

    Il s'est étonné de l'absence criante chez les loueurs ou vendeurs de vidéos et DVD des chefs-d'oeuvre d'Ozu, Mizoguchi, Kurosawa ou Mikio Naruse. "J'ai grandi avec le cinéma japonais avec des gens comme Mizoguchi, Kurosawa ou Naruse. Ils font partie de ma vie et du désir que j'ai eu de devenir metteur en scène", a souligné Bertrand Tavernier.

    "C'est plus facile de trouver des DVD de ces cinéastes aux Etats-Unis, en France ou en Grande-Bretagne qu'au Japon. Je suis sidéré du manque de grands classiques japonais en vidéo et DVD. Un pays qui ignore son passé n'aide pas son avenir", a-t-il déploré.

    Il a jugé cette situation "incroyable pour un pays qui a autant contribué à inventer des moyens de diffusion comme le caméscope ou le magnétoscope. On a l'impression qu'ils se satisfont d'avoir les outils de diffusion et ne se soucient pas du contenu", a-t-il dit. Les grands auteurs japonais ont été redécouverts dans l'archipel grâce à des étrangers comme l'Américain Martin Scorsese, a souligné Bertrand Tavernier.

    Le problème ne date pas d'hier puisque "Kurosawa à la fin de sa vie a pu faire des films uniquement parce qu'ils étaient produits par des Français. On a intérêt à développer ce genre de rapports entre les deux pays", a estimé Bertrand Tavernier. "La France peut apporter un état d'esprit différent" en matière de politique culturelle, a-t-il dit, en précisant "ne pas trop se faire d'illusion" sur la réceptivité des Japonais.>

    Le cinéaste Takeshi Kitano, très connu en France et qui a séduit Bertrand Tavernier avec ses films "Sonatine" et "Hanabi", est surtout considéré au Japon comme un animateur d'émissions télévisées et pas vraiment reconnu en tant que réalisateur, a déploré le réalisateur français.

    A propos du manque de soutien gouvernemental au cinéma au Japon, Bertrand Tavernier a précisé qu'en France aussi "ce n'est venu que très récemment". "Dans beaucoup de pays, comprendre l'importance de l'image et du cinéma a été très lent", a-t-il estimé.