• La reprise est bien là mais elle est vulnérable



    L'économie japonaise a atteint le bas d'un cycle et entame progressivement une reprise tirée par les exportations qui promet néanmoins d'être fragile car elle dépend du redémarrage mondial et du comportement du marché des changes, selon les économistes. La reprise du marché de l'électronique à travers le monde, un secteur qui représente quelque 20% de l'industrie japonaise, est en train de faire repartir les usines du pays, soulignent-ils.

    Mais les exportations, qui comptent pour 10% du produit intérieur brut de la deuxième économie du monde, sont actuellement l'unique moteur de cette embellie, ont-ils fait remarqué. L'autre locomotive de croissance: la consommation des ménages, à l'origine de près de 60% de l'activité, est toujours en panne. "L'économie japonaise devrait cesser de se détériorer car une augmentation des exportations et de la production conduira à une amélioration des bénéfices des entreprises puis, par conséquent, de la demande privée", a déclaré mercredi la Banque du Japon en des termes d'un optimisme rare. <br>
    Dans son rapport conjoncturel pour le mois de mai, rendu public le même jour, la banque centrale a amélioré pour le troisième mois consécutif son diagnostic. Le gouvernement avait fait de même le 17 mai, estimant que l'économie avait atteint son plus bas et était en train de rebondir. Encouragées par la reprise dans le reste du monde, les exportations japonaises ont augmenté en avril pour la première fois en treize mois. "L'économie japonaise est en phase de retournement marqué", avec un nouveau départ de la production industrielle au premier trimestre de cette année, lié "au net redémarrage de l'électronique", a noté Jean-Pascal Rolandez, responsable de l'analyse financière sur les actions japonaises chez BNP Paribas. La banque française, qui suit chaque mois l'évolution des carnets de commande d'un grand nombre de petites entreprises du secteur de l'électronique, avait constaté en octobre que ceux-ci cessaient de se détériorer pour atteindre en avril une croissance à deux chiffres, "signe clair d'un retournement de cycle".

    Ces commandes étaient principalement celles des usines des grands groupes japonais installées en Asie et aux Etats-Unis. Le Japon entre donc dans sa quatrième reprise cyclique depuis l'éclatement de la bulle spéculative en 1990, trois années environ séparant chaque fond ou sommet de cycle du suivant, ont rappelé des économistes. "Nous pouvons dire, sans risque de nous tromper, qu'en ce qui concerne pour le moins l'industrie manufacturière, l'activité a repris", s'est félicité Masaaki Kanno, économiste en chef chez JP Morgan.<br> La question est à présent de savoir si l'impact positif des exportations va se répandre jusque dans le secteur non manufacturier, a-t-il poursuivi. L'indice d'activité de tous les secteurs calculé par le ministère de l'Economie du Commerce et de l'Industrie, mesure de l'état de l'économie jugée par certains économistes plus fiable que le PIB, est selon lui encourageant. Il a gagné en mars 1,2% par rapport à février et 0,6% au premier trimestre. La consommation et les dépenses d'investissement devraient se ressaisir d'ici deux trois mois mais de manière "très ténue et modeste", a estimé M. Kanno. Il prévoit, comme son homologue d'ING Barings, Richard Jerram, que sera annoncée le 7 juin une hausse de 1,1% du PIB réel au 1er trimestre 2002, par rapport aux trois mois précédents.

    Mais l'économie nipponne, la plus cyclique parmi les pays membres de l'OCDE, est plus encore que par le passé dépendante des cycles mondiaux, a souligné M. Kanno. Ses taux d'intérêt proches de zéro et la limitation des dépenses publiques par le premier ministre Junichiro Koizumi réduisent en effet quasiment à néant la marge de manoeuvre des politiques monétaire et budgétaire.<br><br>

    AFP | 25.05.02 | 09h06