• Le Japon ou comment faire imploser une organisation internationale (baleine...)



    Le Japon a bel et bien mis la Commission Baleiniere Internationale au bord de l'implosion lors de la reunion de Shimonoseki...
    Avec une mauvaise foi japonaise a toute epreuve, et un climat de malaise incroyable, la reunion s'est achevee aujourd'hui...

    SHIMONOSEKI (AFP) - La réunion annuelle de la Commission baleinière internationale s'est conclue vendredi dans l'amertume car si le moratoire interdisant la chasse commerciale reste en vigueur, le fossé entre protecteurs et chasseurs de baleines est plus large que jamais.

    L'assemblée plénière a terminé ses travaux en fin d'après-midi dans l'ex-port baleinier de Shimonoseki (sud) sur quelques remerciements de courtoisie du président suédois Bo Fernholm adressés au Japon, le pays organisateur.

    Jeudi, la CBI avait rejeté une motion japonaise demandant la levée du moratoire international sur la chasse commerciale en vigueur depuis 16 ans.

    La Fondation Brigitte Bardot de défense des animaux a qualifié ce vote de "claque pour le Japon". Et Simon Reddy porte-parole de l'organisation internationale Greenpeace a estimé que la réunion avait été "un succès car les gouvernements japonais ou norvégiens n'ont pas obtenu de progrès vers une reprise de la chasse commerciale".

    Mais l'ambiance du dernier jour était houleuse car aucune solution n'a été trouvée pour assurer le renouvellement du quota de chasse des communautés "aborigènes" du cercle arctique, bloqué par le Japon. Le quota actuel arrive à échéance fin 2002 et un délégué allemand Peter Bradhering a estimé que la CBI "perdra sa réputation si aucune solution n'est trouvée lors de la prochaine réunion à Berlin" en 2003.

    Le Japon avait fait échouer mercredi, à une voix près, un vote visant à donner à nouveau et pour cinq ans le droit aux autochtones de l'Alaska et du nord de la Russie de tuer 280 baleines franches boréales pour des raisons de subsistance.

    "En 56 ans d'histoire de la CBI, c'est le vote le plus injuste et méchant qui a jamais été effectué", a commenté vendredi le délégué américain Rollan Schmitten. "Il y a des esquimaux qui ont appelé et demandé à leurs représentants de faire en sorte d'assurer leur survie alimentaire", a-t-il précisé.

    Un membre de la délégation nippone Masayuki Komatsu a expliqué que le Japon avait voulu réagir à la politique de "deux poids deux mesures" de la CBI qui avait refusé mardi d'autoriser quatre zones côtières japonaises à tuer 50 petits rorquals par an pour des raisons économiques et de subsistance.

    Le Japon a encore essayé d'avancer cet argument vendredi lors de négociations de la dernière chance mais il a été rejeté par le président de la CBI qui a estimé que le quota "côtier" aurait équivalu à de la chasse commerciale.

    "Alors que l'hiver arctique enferme ces communautés, il faut qu'ils sachent qu'ils ont été punis (...) par des manipulateurs politiques, par des gens qui vivent dans des zones tempérées prospères où il suffit de marcher jusqu'au bout de la rue pour s'acheter à manger", a protesté le délégué néo-zélandais Jim McLay.

    La séance plénière a cependant atteint un consensus pour autoriser les populations du Groenland à chasser 206 rorquals et fin backs chaque année tandis que les autochtones de St Vincent et les Grenadines pourront attraper 4 baleines à bosse et les natifs russes du Chukotka et américains de Makaw pourront tuer 124 baleines grises.

    Le camp des chasseurs de baleine, mené par le Japon, la Norvège, leurs alliés des Caraïbes et des pays bénéficiant de la généreuse aide au développement nippone comme le Gabon, le Bénin, la Mongolie ou Palau a subi d'autres revers pendant la semaine. Le Japon avait proposé l'instauration d'un vote à bulletin secret qui a été rejeté tout comme l'abolition du sanctuaire de l'Océan indien.

    Mais les défenseurs des baleines n'étaient pas en mesure de triompher vendredi parce que la création de deux sanctuaires dans le Pacifique sud et l'Atlantique sud leur a été refusée.

    SHIMONOSEKI (Japon) (AFP) - Le Japon a exigé mercredi de bénéficier de la tolérance accordée aux populations "aborigènes" d'Alaska et du nord-est de la Russie qui bénéficient de quotas annuels pour la pêche à la baleine, provoquant une mini-crise au sein de la Commission baleinière internationale.

    Au troisième jour de la réunion annuelle de la CBI à Shimonoseki (sud), Tokyo a fait savoir qu'il n'acceptait pas le renouvellement automatique de cette mesure qui doit permettre aux inuits de pêcher 280 baleines franches boréales entre 1997 et 2002.

    Le Japon a justifié cette opposition par le rejet mardi d'une motion qu'il avait déposée pour autoriser quatre zones côtières en difficultés économiques à pêcher 50 baleines rorquals par an.

    "Cela fait 10 ou 15 ans que nous disons que notre demande devrait être acceptée si la proposition sur la subsistance des aborigènes est acceptée", a déclaré Takanori Onashi, un responsable de l'agence des pêches japonaises.

    "Nous comprenons tout à fait la pêche à la baleine pour des raisons de subsistance des populations aborigènes et nous dénonçons un double langage" de la CBI, acceptant l'argument culturel pour ces peuples et pas pour le Japon, a indiqué M. Onashi.

    Le ministre britannique de la Pêche Elliot Morley a qualifié la menace japonaise "d'insulte". "Ce n'est pas seulement une insulte pour la Fédération russe et les Etats-Unis, cela va aussi plonger l'ensemble de la CBI dans la crise. Ce n'est pas oeil pour oeil dent pour dent, c'est une bombe atomique", a-t-il dit.

    La séance plénière a été suspendue pendant une bonne partie de l'après-midi mercredi pour permettre aux délégués de se rencontrer en petits comités et tenter de débloquer la situation. "Nous sommes en train d'arriver à un consensus sans passer par un vote", a déclaré le commissaire kenyan Sam Weru.

    Il a dit que la proposition japonaise pour laisser les villes côtières pêcher 50 rorquals par an avait été remise sur la table.

    L'un des délégués japonais, Masayuki Komatsu, s'est dit confiant dans le fait qu'elle pourrait finalement passer. "Sous la présidence de cette année, tout peut se produire et si cela arrivait (l'adoption de la motion nippone), nous en serions très heureux", a-t-il dit.

    Auparavant, il avait pris à partie le commissaire mexicain en affirmant que celui-ci avait menti en disant que tout le monde était tombé d'accord en fin d'après-midi sauf le Japon. "Je le jure sur ma propre tête", a persisté le délégué mexicain Andres Rozental en affirmant qu'il s'opposera de toutes ses forces à la proposition japonaise.

    La motion sur le "quota aborigène" nécessite une majorité des trois quarts des membres pour passer ou un consensus des 48 membres de la CBI. Mais M. Morley a jugé possible que le Japon recueille l'assentiment des pays favorables à la pêche à la baleine pour la rejeter.

    Si c'était le cas, les Etats-Unis et leurs alliés opposés à la chasse à la baleine menacent de bloquer la demande de St. Vincent et des Grenadines de faire passer de deux à quatre leur "quota aborigène" de baleines à bosse entre 2002/3 et 2004/5.

    "Si ceci est bloqué, tout va se retrouver bloqué", a déploré M. Morley.

    La CBI autorise chaque année la pêche de 388 baleines franches boréales, baleines grises, baleines à dos en rasoir, rorquals communs et baleines à bosse dans le cadre du programme de subsistance aborigène.

    La CBI a estimé dans son rapport scientifique annuel qu'il y a environ 9.860 baleines franches boréales (aussi dites du Groenland) dans les mers de Bering-Chukchi-Beaufort et que leur nombre remonte à raison de 3,3% par an.