• La méthode Troussier n'a plus bonne presse



    Les choix du sélectionneur français de l'équipe nippone contestés par les médias.

    Tout le monde à Tokyo en est convaincu : la presse nipponne ne regrettera pas le départ annoncé, sitôt le Mondial terminé, du sélectionneur français Philippe Troussier arrivé à Tokyo en octobre 1998. Dernier accroc dans les relations tendues entre le coach et la meute de reporters attachés au onze national : la non-sélection du milieu de terrain Shunsuke Nakamura, joueur préféré des publicitaires et des supportrices * qui, au Japon, remplissent une bonne partie des gradins.

    Mauvais caractère. Troussier, échaudé par la sévère défaite 3-0 de son équipe contre la Norvège il y a quelques jours, a préféré battre le rappel in extremis d'un défenseur solide de l'équipe de Kashima (banlieue de Tokyo), Yutaka Akita, et confirmer la sélection du Brésilien naturalisé Alessandro Santos, troisième étranger à jouer sous les couleurs du Japon après deux autres Brésiliens, Wagner Lopez et Ruy Ramos.

    La pression médiatique attendue autour de «l'idole» Nakamura commençait aussi à énerver l'entraîneur qui n'a pas digéré les attaques brutales des journaux nippons ; avant que ses premiers trophées (Coupe asiatique en 2000, finaliste de la Coupe des confédérations en 2001) ne viennent étayer son crédit.

    C'est que Troussier prétend utiliser son mauvais caractère et ses manières imprévisibles comme une arme fatale. «Là où un entraîneur japonais ne pourrait pas passer, lui s'engage. Il lui est beaucoup plus facile d'avoir contre lui Dentsu (le géant de la pub de l'Archipel, ndlr) ou Shukan Sport (l'un des quotidiens sportifs, ndlr)», résume son interprète, Florent Dabadie.

    «Brise-glace». Un peu * toutes proportions gardées * à la manière du patron de Nissan, Carlos Ghosn, surnommé le Brise-glace pour avoir osé imposer aux sous-traitants du constructeur des baisses de prix drastiques. «Si l'on estime que mon job, comme je le crois, est de créer un nouvel esprit d'équipe, d'endurcir des joueurs protégés par un football nippon encore trop en vase clos, alors mes réparties ont du sens. Comment pourrais-je prétendre leur dire que le foot est un sport où on choisit et où on s'exprime si moi-même je ne monte pas au feu ?», fait remarquer Troussier. La méthode a payé chez Nissan où Carlos Ghosn a redressé la barre. Le Brise-glace du ballon rond nippon s'en tirera-t-il aussi bien ?.