• Mad Capsule Markets – Punkémons



    Appelons ça du digi-punk, de l’industrial thrash ou du cyber-punk, la musique de Mad Capsule Markets est unique et indescriptible. Le trio nippon, inconnu sur nos terres, va devoir travailler d’arrache-pied pour l’imposer en Europe. Ses dix ans de succès au Japon vont grandement l’aider. Mais son meilleur atout reste son dernier album, « Osc-Disc », pure merveille de synthèse de la musique actuelle.

    C'est en 1991 que Kyono (chant), Takeshi Ueda (basse) et Motokatsu Miyagami (batterie) ont démarré le groupe. Cette même année sort l'album « Humanity » sur leur propre label "Insect Noise". Dès lors, lrio va connaître un vif succès au Japon. Ce qui les amènera rapidement à signer un contrat avec une succursale de JVC. Kyono revient sur le passé. « Avant tout, on voulait que notre nom soit représentatif de notre son. Et comme notre musique mélange des tas de sonorités différentes, on a opté pour un nom long. Mad Capsule Markets, ça sonne bien, non ? D'ailleurs, la première fois que nous sommes venus en Angleterre pour une session d'enregistrement, Brian Ferry était dans un studio d'à côté et, curieux, nous a demandés à quoi notre nom faisait référence.

    On a compris qu'on avait fait le bon choix puisque les gens sont intrigués par le nom. Ils se demandent : "Mais qu'est-ce que ça veut dire ? C'est quoi ce truc ?(rires)" Difficile de décrire la nature exacte de la musique des Mad Capsule tant elle emprunte à des genres différents. Suivant l'initiation musicale de chacun, les références fusent : Rage Against The Machine, Snuff, Prodigy, Pitchshifter, Atari Teenage Riot, Ramones « Nous avons notre originalité qui ne permet pas de classer notre musique. Mais chacun est libre de l'étiqueter comme bon lui semble. Pour nous, ça n'a aucune importance », tranche le chanteur. « J'ai été très influencé par la musique des 80's lorsque j'étais à l'école. Je ne me rappelle plus les noms aujourd'hui, mais je les ai tous découverts en regardant MTV. Des trucs assez new wave. Ensuite, j'ai commencé à écouter des groupes japonais comme Gauze, Aburadako, Stalin, Inu... Par leur intermédiaire, j'ai découvert d'autres groupes punk comme Crass, Pop Group, etc. Tous ont fini par m'influencer. » « Osc-Disc », l'album qui succède à « 4 Plugs » (1996), « Digidogheadlock » (1997) et « 010 » ( 1998 ), mélange avec justesse les sons électroniques et les instruments habituels. Le tout secoué par une folie dancefloor parfois très extrême. Un juste milieu qui a permis au trio d'acquérir une immense renommée chez lui (la chanson "Good Girl" issue du dernier CD est d'ailleurs utilisée pour une pub télé au Japon).

    Le groupe peut aujourd'hui tout se permettre. Comme des collaborations avec DJ Krush et Alec Empire, deux remixeurs que les trois musiciens adorent. « C'était très intéressant, leur manière de travailler diffère complètement de la nôtre. Et les remixes qu'ils ont faits de nos morceaux sont vraiment excellents. Nous avons aussi collaboré avec Long Beach Dub All Stars, Adrien Sherwood et Audio Active. Si nous rencontrons quelqu'un d'intéressant, nous voulons travailler avec lui. C'est tout simple ». Aujourd'hui, Mad Capsule Markets espère bien déclencher le même engouement en Europe et en Amérique. « Ce serait vraiment merveilleux si notre musique était acceptée dans les autres pays. J'aimerais entendre nos chansons sur les radios en Europe ou aux Etats-Unis. Rencontrer Chris Blackwell (fondateur de Island et actuel proprio de Palm Pictures - ndlr) a changé notre situation. Nous avons désormais les moyens et les capacités de nous faire connaître ailleurs qu'au Japon. L'Europe est encore un endroit inconnu pour nous. Nous sommes donc très excités de venir y jouer. Les gens ont l'air d'apprécier pleinement la musique. »

    Bon, ben, c'est pas tout de le dire, reste plus que vous veniez montrer de quoi vous êtes capables, les gars !

    Frank Frejnik pour Rocksound n°100 (mars 2002)


    Disco : Palm Pictures / Naïve