• Mizuho : le scandale qui fait mal



    Mizuho est devenu au premier avril la plus grosse méga-banque du monde.
    Et le premier avril aussi, un des plus gros bugs de l'histoire bancaire japonaise. En effet, plus de 2,5 millions de transactions electroniques simples, nous dirons basiques (transfert d'argent au moyen d'une carte bancaire...), n'ont pas pu etre effectuees.
    Etant moi-meme client d'une des banques qui ont fusionne, je vous avoue que j'étais assez inquiet pour mon argent..

    En soi, ce probleme est un bug.
    C'est devenu un scandale quand les responsables ont revele qu'ils etaient au courant des risques par un rapport, avant le declenchement de la fusion (ca fait quand meme 2 ans et demi qu'ils la preparaient leur fusion...). Pourquoi alors ne pas avoir retarde le lancement ? Et pourquoi n'ont-ils pas ete foutus pendant 2 ans et demi de s'assurer que les operations les plus basiques seraient correctement effectuees ?

    Bon, je vous livre les reflexions qui me sont venues a la suite de cette affaire...

    1. Une mentalite corporative tres ravageuse au Japon.

    Les problemes electroniques sont laisses aux informaticiens. Si les informaticiens ont un probleme c'est a eux de le regler, ce n'est pas le probleme des Executive...
    Donc, meme en sachant par un rapport qu'il y a des risques que le systeme informatique bugge au premier avril, les Executive de la banque se sont dit "ce n'est pas notre probleme, ils ont eu le temps de se preparer comme nous, donc zou on declenche tout au premier avril"...
    J'imagine la fureur des informaticiens aujourd'hui...Au moins, ce ne sont pas eux qui auront souffert le plus du scandale...

    2. L'absence d'une strategie claire de la fusion. On a l'impression qu'ils font ca a la petite semaine, alors qu'ils ont donne naissance a la plus grosse megabanque mondiale,... on croit rever !

    3. la destruction des traditions. Une fusion, a mes yeux, doit etre un moyen de redonner une vigueur et une fraicheur a des institutions et des traditions bien etablies, qui ont fait leurs preuves mais s'essoufflent un peu. C'est peut-etre personnel, mais quand on me dit que tout le personnel se donne la main, quelque soit l'entreprise dont il provient, quand on me dit que des institutions comme la Fuji Bank perdent leur nom dans l'operation,... j'ai l'impression d'un immense gachis.
    >
    4. En corollaire du 3eme point, est-ce qu'on n'assiste pas de nouveau a un refus de responsabilites ? A une dilution de la prise de decision aux plus hauts niveaux ? Ce qui semble etre une des caracteristiques preferees des dirigeants japonais...
    Pour memoire, a la suite du scandale, le responsable a commente a chaud en disant "a ma connaissance, il n'y a pas eu de dommage pour les clients" ! Bref, on joue sur la carte de "responsable, mais pas coupable puisque je n'etais au courant de rien"...
    On demissionne, mais on ne regle pas les problemes avant de partir...

    5. Peut-etre les japonais n'ont-ils jamais ete tres forts dans la vision strategique et la reactivite aux problemes inattendus. Mais au moins fallait-il leur reconnaitre un point fort traditionnel : la meticulosite du service.
    Dans le domaine bancaire, on raconte souvent l'histoire de cet employe qui se serait fait virer car il aurait paye 1 Yen de sa poche un soir de Nouvel An, afin de pouvoir equilibrer les comptes qui presentaient malgre tous ses calculs 1 Yen de difference.
    Il faut savoir qu'au Japon, chaque jour a la cloture des banques, les employes recomptent l'ensemble des transactions du jour, et doivent recompter jusqu'a ce que le bilan soit equilibre, au yen pres, faudrait-il y passer la nuit...
    Le scandale Mizuho entame cette image de meticulosite. C'est peut-etre ce qui m'a le plus frappe dans cette affaire.

    6. Par ce scandale, la megabanque est bien mal partie. Meme si le probleme a ete regle, Mizuho a perdu énormement de la confiance qui doit être irréprochable, surtout pour une banque, et surtout au vu de la situation actuelle du milieu bancaire international...

    Est-ce que je suis prêt a confier mon argent a une banque infoutue d'assurer le service minimum, et dont les responsables nient le problème ?

    Il y a sans doute encore bien des choses a dire sur cette affaire, mais je vous laisse le soin de prendre la parole dans les commentaires.