• Redressement judiciaire d'une banque au japon

    Au Japon, l'établissement bancaire Ishikawa est placé en redressement judiciaire

    La mise en redressement judiciaire de la banque régionale Ishikawa, annoncée vendredi 28 décembre, pourrait être le prélude à d'autres faillites d'organismes financiers fragiles. C'est la seconde banque régionale déclarée en faillite après Niigata Chuo en octobre 1999. Entre-temps, plusieurs crédits mutuels ont déposé leur bilan.

    Toujours vendredi, quatre institutions financières régionales ont abandonné leurs efforts de restructuration et s'orientaient vers un dépôt de bilan : il s'agit des banques Saeki Shinkin, Nagashima Shinkin, Ueda Shoko Shinkumi et du crédit coopératif Ryochiku. <!--more--> La banque Ishikawa, dont le siège se trouve à Kanazawa (à 300 kilomètres au nord-ouest de Tokyo), avait enregistré des pertes cumulées d'un montant de 44,7 milliards de yens (385 millions d'euros) en septembre. La Banque du Japon fournira les fonds nécessaires pour garantir les dépôts de ses clients. La banque centrale avait fait apparemment de même au tout début de l'année avec Kansai Kogin, le premier établissement de crédit japonais, placé sous tutelle judiciaire en janvier, et avec la Niigata Chuo, il y a un peu plus de deux ans, en lui prêtant 30 milliards de yens (258 millions d'euros). A la fin novembre, le montant total des prêts spéciaux non garantis accordés par la Banque du Japon s'élevait à 717,9 milliards de yens (6,2 milliards d'euros).

    Fragilité du système

    Le risque de voir d'autres banques régionales déposer leur bilan dans les mois qui viennent est accru par l'entrée en vigueur, en avril, de nouvelles dispositions sur les dépôts bancaires, aux termes desquelles la banque centrale ne garantira plus les dépôts individuels au-delà de 10 millions de yens (86 170 euros). Etant donné la fragilité du système bancaire, beaucoup de Japonais ouvrent plusieurs comptes dans différentes banques.

    Pour rassurer l'opinion et prévenir une crise bancaire dont la rumeur se fait persistante, le gouvernement a laissé entendre, vendredi, qu'il n'excluait pas de recourir aux fonds publics afin de recapitaliser des institutions financières en difficulté. Le secrétaire général du Parti libéral démocrate, Taku Yamasaki, a déclaré que le premier ministre, Junichiro Koizumi, était favorable à une telle initiative. Plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre chargé des affaires financières, Hakuo Yanagisawa, ont émis le même point de vue.

    La récession, la chute de la Bourse - qui a clôturé l'année à son niveau le plus bas depuis 1983 - et la déflation mettent les entreprises dans des situations de plus en plus difficiles pour rembourser leurs dettes et fragilisent ainsi encore davantage les banques. Les actions de la plupart de celles-ci ont perdu 40 % de leur valeur en 2001.

    Sans annoncer de manière précise le montant des fonds qui seront mis à la disposition des banques, M. Yamasaki a cherché à infirmer la rumeur d'une crise financière en mars (à la fin de l'exercice fiscal) : "Nous ne laisserons pas une crise financière se produire comme en court la rumeur et, à cette fin, nous prendrons les mesures nécessaires", a-t-il déclaré, citant le premier ministre. Propos qui ont été repris par le porte-parole du gouvernement, Yasuo Fukuda.

    M. Koizumi, qui prône un assainissement des finances publiques, dont le déficit équivaut à 130 % du produit intérieur brut, a longtemps été opposé à une nouvelle injection de fonds publics dans les banques. Une telle intervention semble désormais inévitable. La seule inconnue est le moment où elle sera décidée. Ce sera la seconde opération de ce type après les 7 500 milliards de yens (64,6 milliards d'euros) alloués aux quinze principales banques il y a trois ans.

    Article paru dans Le Monde du 29/12/01