• A l'ouest, rien de nouveau !

    Le Japon c'est mieux quand ce sont des japonais qui en parlent : plus véridique. Qui mieux qu'eux pourraient en parler ! C'est leur pays quand même. Ils sont sensés le connaître ! On serait pourtant surpris de voir que ce que des armées de millions de passionnés qui s'activent aux quatre coins de la planète peuvent engranger comme connaissances qui paraîtraient insignifiantes pour un japonais ! A noter que la plupart des japonais connaissent moins bien leur cinéma que nous mais c'est une autre histoire !

    Donc, de tout cet amas de connaissances, il faut bien qu'il en sorte quelque chose, ainsi de nombreux artistes, fascinés par l'Orient, glissent ça et là des références plus ou moins douteuses au pays du soleil levant. Certains allant même jusqu'à y consacrer des ouvrages entiers : livres, films, musiques, bandes dessinées, comics, ...

    C'est à ce dernier support que je m'attacherai dans cet article, d'autres suivront sûrement par la suite. Le comics très populaire aux Etats-Unis et moins en France se décline en des gammes de produits assez impressionnantes et qui n'a rien à envier à nos productions franco-belges. Dans cette jungle, deux principales boites de production dominent : Marvel connu pour ses X-men et DC connu pour Superman et Batman. On peut rajouter à la liste, Image, une boite plus récente qui a sut se faire la part du lion grâce à ses parutions centrées sur des héroines sévèrement parechocquées (Gen 13, Witchblade, Danger girl).

    Marvel et DC se sont intéressés très tôt à l'attrait de l'Asie mais au début comme ennemi, effort de guerre oblige. Ainsi, Superman a pu passer son temps à détruire des camps japonais pour sauver Lois dont on se demandait qu'est-ce qu'elle foutait là. La guerre finie, l'image de l'Asie se limitait au domaine des arts matiaux, des ninjas, des geishas et de traquenards exotiques. Batman, enfin Bruce Wayne, a étudié les arts martiaux au Japon auprès d'un vieux maître ninja cela va de soi ! Wolverine (Serval) lui a eut tout une période japonisante : le Japon étant à l'époque une puissance, Marvel se devait de ne pas rater le coche et transforma un de ses héros les plus populaires en globe-trotter. Pour situer un peu cette excursion dans la trame scénaristique, Wolverine durant la période où il travaillait pour les services secrets à de nombreuses fois séjournés au Japon. Là, il y rencontre une jeune femme du nom de Mariko appartenant au clan Yashida. Bien sûr, c'est le coup de foudre mais Mariko ne répond plus à ses lettres et Wolverine débarque alors au Japon pour comprendre. C'est là que commencent les emmerdes : Mariko est promise par son père (reviendu alors que l'on le croyait mort) à un type qui est liée à la Main (organisation secrète de ninjas) et Wolverine est poursuivit par les assiduités de Yukio, une tueuse professionnelle. Ca parait fouilli comme ça mais à la fin, on s'y retrouve !! (avec beaucoup de morts en plus d'ailleurs!).

    DC a développé une gamme plus adulte pour ses lecteurs sous le nom de Vertigo. On y retrouve ce qui a été leur plus célébre parution, Sandman que beaucoup doivent connaître au moins de nom. Le scénario été de Neil Gaiman, auteur très connu dans le monde du comics et du roman décalé. L'histoire des Sandman s'axe sur Dream ou Morpheus, roi des rêves d'où un univers très onirique ou tout peut arriver sans compter que dans la famille, ils sont 7 infinis ou personnifications d'idée, de concept absolu (Death, Desire, Destiny, Despair, Delirium, Destruction). De la collaboration de Neil Gaiman et de Yoshitaka Amano nacquit un beau bébé du nom de The Sandman : The dream hunters, non pas un comic mais un très beau conte traditionnel illustré. Pour ceux qui ne connaissent pas Yoshitaka Amano, c'est un dessinateur, illustrateur très connu pour en particulier son travail sur Final Fantasy 6 ou Vampire Hunter D pour ne citer qu'eux. On peut reconnaître sa touche facilement, il se comporte d'esquisses au crayon aquarealisé de couleurs bariolées et le résultat est superbe. L'histoire reprend un vieux conte japonais racontant l'amour impossible d'un Kitsune (renard japonais métamorphe) et d'un bonze. Celui-ci sera emprisonné magiquement de ses rêves par un tyran avec comme seule issue la mort. La renarde n'aura plus d'autre choix que d'aller chercher celui qu'elle aime à travers le pays des rêves. Pour les fans de la série, cette transposition des personnages de The sandman dans un univers japonais est on ne peut plus rafraîchissant et l'on prend plaisir à reconnaître qui est qui. Pour les autres, ce sera un moyen de découvrir cet univers riche et loufoque à travers un conte beau et onirique.

    Chez Image, on pourra trouver un petit bijou loin de la représentation kitsch très courante dans les comics, Kabuki. Son auteur David Mack, en est venu au Japon en pratique du karaté à la fac et en rencontrant des japonaises. Dès lors, il décide de se centrer sur les différents aspects de cette culture millénaire. Kabuki est donc l'histoire torturée et fragmentée de Ukiko ou nom de code Kabuki, membre d'une secte le Noh qui a pour but de maintenir le statu quo economico-politique du Japon qui a assassiner les opposants. Sa mère était une ainu violée par des soldats japonais et morte en la mettant au monde. Kabuki se sentira investie d'une mission de vengeance de sa mère et recherchera son identité tout en essayant d'échapper au Noh. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce comic complet et complexe joue dans un mise en page destructurée avec la symbolique japonaise : les acteurs de Noh sont des hommes or ici tout le personnel est féminin. Elles portent bien sûr des masques pour cacher leur identité er pour Ukiko son visage déformé par une énorme cicatrice. Comme pour le Kabuki, la BD s'axe sur le chant (Ka), la danse (Bu) et le drame (Ki).