• JUZO ITAMI : L'autre alternative du cinéma japonais

    L'opinion la plus répandue concernant le cinéma japonais est que "c'est long, c'est chiant, on y comprend rien". Pour ceux qui ont tout compris, eh! bien tant mieux pour eux ! Qu'ils expliquent aux autres !

    Sa culture millénaire mêlée d'étiquettes et de superstitions peut en déconcerter plus d'un d'autant plus que le rythme est à l'image de leur philosophie, CONTEMPLATIF. Les sujets sont le plus souvent historiques (films de samourais, Seconde guerre mondiale, après guerre,...) et aussi dramatiques que le cadre qu'ils décrivent. Ce constat ne se base bien sûr que sur les films diffusés en France et ne peut généraliser toute la production nippone. Les films récemment sortis bien que plus ancrés dans l'époque stigmatise plus l'actualité (chômage, montée de la violence,...) qu'ils n'idéalisent le passé. Ils sont plus ironiques et incisifs qu'avant, quoique ils n'ont pas l'amour de la provocation d'un bon Oshima.

    Au milieu de cette austérité, une bouffée d'air : Juzo Itami. Passé maître dans les comédies sociales qui dissèquent avec malice les travers des japonais, ce réalisateur s'est malheureusement suicidé à l'âge de 64 ans le 20 décembre 1997.

    En France, nous avons eut la possibilité de la découvrir grâce à ARTE qui a eut la judicieuse idée de diffuser son film le plus connu accompagné de 3 inédits.

    Tout premier film de Juzo Itami et aussi le seul disponible en France, Tampopo (1986) est un film à scketches sur le rapport particulier des japonais à la nourriture tantôt tragique, tantôt loufoque.

    Suit "L'inspectrice des impôts" (Marusa no onnaI et II) puis les 3 films inédits.

    "La dernière danse" (Dai byonin, 1993) est une comédie douce-amère sur le cancer: "une métaphore d'un Japon malade imaginaire" selon Max Tessier.

    "La femme porte-bonheur" (Ageman, 1990) raconte l'histoire d'une jeune orpheline devenut geisha qui porte bonheur aux hommes qu'elle rencontre ce qui en fait l'enjeu de plusieurs mâles peu scrupuleux.

    Mon préféré, "L'avocate" (Mimbo onna, 1992) démolit un par un les grands clichés yakusas. Une avocate spécialisée dans les rackets perpétrés par les yakusas va proposer ses services à un hôtel devenu la tirelire préférée des gangs de la ville. Juzo Itami aurait d'ailleurs été agressé suite à la sortie de ce film.

    Au vu de ce listing non exhaustif, les films de Juzo Itami apparaissent comme une réelle alternative pour les passionnés désespérés par la lenteur et l'austérité du cinéma nippon.

    Au-delà, malgré les exagérations, les personnages restent crédibles reflétant une certaine réalité du Japon. Les hommes y sont lâches, suffisants, infantiles et les femmes sont obligées de souvent prendre les choses en mains.