• H Story : l'art d'echouer - a tous les sens - pour reussir ?



    Le réalisateur SUWA Nobuhiro revient cette année avec un film (volontairement) râté, ou la rigueur d'un texte et d'un film - Hiroshima mon amour, de Marguerite Duras pour Alain Resnais en 1959 -, emprisonne toute narration, tout développement, faisant de toute tentative de remake un échec douloureux (pour l'actrice Beatrice Dalle, impossible Emmanuelle Riva, et pour le spectateur qui assiste, perdu, a cet échec).

    On aimera ou on aimera pas, ce non-film fait de redites, de plan muets, de paroles épars. On assistera a ces dialogues impossibles entre l'actrice qui ne parle pas japonais et ce réalisateur qui ne parle pas francais, tentant de trouver un terrain d'entente - un texte, un film - qui ne fait finalement que les séparer. On aimerait retrouver un peu d'amour entre Béatrice et l'acteur japonais - Umano Hiraoki.
    Et progressivement se fait évident que ça ne marchera pas comme ca. Et encore plus évidemment, on s'appercevra que la grande absente est la ville elle meme, celle que tente de nous re-offrir le realisateur a travers quelques extraits du film original. Une ville souffrante, une ville douleur. Chaque plan de ce film fini par "bruler" la pellicule.

    Oui mais voila, nous sommes en 2001, et ca n'a finalement plus tellement de sens. La ville presente est absente car ce n'est pas celle de Duras. Comme disait Sartre, un ecrivain ecrit d'abord pour son temps, et le temps de Resnais/Duras etait le temps de la guerre froide, un autre Hiroshima etait possible Alors il fallait comprendre. L'actrice craque de plus en plus, refuse ce texte qui ne lui parle pas, qui l'emprisonne comme ce remake emprisonne cette ville dans son histoire.

    Alors l'actrice s'evade, parfois. Et commence alors a apparaitre la ville aujourd'hui. Et peut etre l'actrice peut-elle enfin passer un peu de temps avec l'ecrivain, <strong>Machida Kou</strong>, en dehors de tout scenario. La fin du film bascule dans une autre temporalite, dans un present lent qui se laisse savourer, la ville et ses habitants apparaissent, la vie quotidienne reprend ses droits. La langue n'est plus un obstacle. Reste alors au realisateur a faire que ce rattage n'etait qu'un leur pour mieux nous parler, a nous surprendre magnifiquement dans une derniere image qui nous laissera un gout amer. Amer comme un jour d'aout 1945.