• Cinema : Desert moon, ou le bonheur simple apres



    On avait apprécié EUREKA l'an dernier; DESERT MOON, de Aoyama Shinji en déconcertera plus d'un. Ce soir, au MKII Beaubourg, une grande partie des spectateurs ne pouvait retenir sa lassitude devant un film durant plus de deux heures et au rythme de moins en moins rapide.

    Un celebre entrepreneur de la net economie - Mikami Hiroshi - croise sur sa route un jeune gigolo decolore - Kashiwabara Shuji - qu'il charge de faire l'amour a sa femme - Toyota Maho - qui vient de le quitter avec leur fille. Cette femme qui, justement, sombrant dans l'alcoolisme, accepte la proposition pour oublier dans ces bras qui s'offrent le sentiment d'avoir ete sacrifiee a l'autel de la reussite professionelle de son mari. Ce jeune homme enfin, qui assiste avec mepris a la deliquescence de cette famille, et revivant ainsi une douleur lointaine qui lui fit jadis "tuer" son pere.

    La net economie en deconfiture et la nostalgie des "racines" (le spectre des grands parents de la jeune femme, image d'une serenite perdue et d'un bonheur simple) hantent ce film comme une metaphore autours de la crise japonaise, des fausses solutions (toujours "economiques", competitives et sacrificielles) et du seul remede : la vie tranquille.

    La fin du film et sa chute ont fait rire certains des spectateurs; Le Monde y a vu une "morale simpliste". Peut-être. J'y ai vu pour ma part un appel désespéré - nostalgique - a un bonheur simple face a un monde a la dérive, ou l'économique, évinçant toute valeur humaine, livre nos vies a une solitude que nous comblons comme nous pouvons -drogues, biens matériels- sans en être satisfaits a moins d'en être prives, et a une violence nee des frustrations qu'il provoque. Une lune déserte...

    Allez donc le voir, n'attendez pas de l'action, mais tout simplement une réflexion -Zen ?-sur nos vie. A voir son cinéma depuis quelques années, on est tente de conclure que sa crise rend le Japon de plus en plus philosophe...