• Les stars du Chambara



    Le Chambara est un style de cinéma typiquement japonais de combats de sabre. Fortement inspiré du théâtre kabuki le caractère dramatique y est souvent surjoué. C'est la raison pour laquelle bon nombre de stars du Chambara auront été auparavant des acteurs renommés du théâtre Kabuki. Très populaire au japon, ce style de film a également investi la télévision dans des séries dont certaines ont eu plusieurs centaines d'épisodes. Intrigue dramatique, code d'honneur et combats sanglants sont les principales caractéristiques de ces films. Si tout le monde se souvient des rôles de Toshiro Mifune nous allons voir que d'autres avant lui ont été des grandes stars du Chambara, en commençant par celles du cinéma muet..


    Denjiro Okochi
    (1898 - 1962)

    Il a étudié les arts dramatiques avec pour ambition de devenir auteur dramatique avant de rejoindre les Studios Nikkatsu en 1926. Il fit ses premières apparitions l'année suivante dans la trilogie Chuji Tabi Nikki ou il se fit remarqué par le réalisateur Daisuke Ito. Avec son look, son éloquence théâtrale et son abondance d'énergie, il devint rapidement très populaire auprès du publique japonais. mais c'est son rôle dans Tange Zazen qu'il prononçais à sa façon "jajen" qu'il devenait un très grand de ce type de cinéma. En 1936, il travaillait pour les Studios Toho, puis pour Shin Toho, Daihei et finalement Toei.
    Okochi était également un très bon jardinier et sa villa dans la montagne est d'ailleurs devenu un important site culturel au Japon.


    Tsumasaburo Bando
    (1901-1953)

    Découvert en 1923 par le réalisateur Masahiro Makino, il fit rapidement la transition entre le kabuki et le cinéma, en apportant beaucoup de réalisme à son jeu, après la sortie de Kageboshi en 1925, ce qui l'a immédiatement catapulté à un rôle de star du cinéma japonais. Affectueusement appelé "Bantsuma", en 1925 il fut le premier acteur à devenir producteur. mais avec les débuts du cinéma parlant, ses fans qui l'avaient adoré dans ses films muet, n'ont pas du tout aimé sa voix haut perchée et sa carrière a alors décliné. cependant il fit un retour remarqué en 1937 dans le film Koiymabiko.




    Ryunosuke Tsukigata
    (1902(1970)

    Un des premiers élèves issu de la première école japonaise de cinéma, Ryunosuke Tsukigata aura vécu des années dans la pauvreté avant que sa carrière ne prenne son envol grâce à son rôle de Tsumasaburo Bando dans le film Utaruru Mono en 1924. Il excellait dans des seconds rôles de méchant et il a acquit une excellente réputation auprès des plus jeunes cinéphiles de l'époque. Même en fin de carrière, il a continué à accepter des seconds rôles en oubliant jamais ses débuts difficiles. Il aura beaucoup travaillé pour améliorer ses performances d'acteur.



    Chiezo Kataoka
    (1903-1983)

    Enfant prodige du Kabuki, Chiezo Kataoka pensait poursuivre sa carrière dans le théâtre, mais devenu adulte, il ne pouvait plus supporter l'atmoshère austére du Kabuki et il s'est alors tourné vers le cinéma, en faisant ses débuts en 1923 dans le film Sanshiku Sumire. Il est rapidement devenu une star des films de samurai et a ensuite créé sa propre société de production: Chiezo production. Avec l'émergence des réalisateurs Mansaku Itami et Hiroshi Ingaki, il a alors enchainé les succès. Bien que fan du film de chambara, il a également abordé d'autres thèmes plus contemporains, en y apportant sa touche personnelle et unique. Un des membres fondateurs des studios Toei, Kataoka est resté une star inoubliable de l'age d'or du Chambara.


    Kanjuro Arashi
    (1903-1980)

    "Arakan" car tel était son surnom auprès de ses fans, a été un des premiers acteurs à atteindre le niveau de star du cinéma au Japon. Son style inimitable qui même aujourd'hui semble innovant a plus aussi bien à ses jeunes fans qu'aux plus anciens. Pas limité aux rôles de samurai, deux de ses rôles les plus importants auront été Emma, King of Hades et Emperor of Japan. A la fin de sa carrière il avait plus de 330 films à son actif. Sa vie hors cinéma n'aura pas été anodine non plus. Il a perdu une grosse partie de sa fortune dans le jeu et avec quatre divorces successifs.



    Utaemon Ichikawa
    (1907-1999)

    Sa fascination très jeune pour les arts dramatiques la conduit à rejoindre très tôt une troupe de kabuki, où il est rapidement devenu célèbre. mais il trouvait difficile d'obtenir des premiers rôles dans un art ou la lignée familiale a une grande importance. Heureusement il a été remarqué par le réalisateur Shozo makino qui l'a persuadé de devenir acteur. Il a alors fait ses débuts en 1925 dans le film Kurogami Jigoku, mais c'est son rôle dans Hatamoto Taikutsu Otoko qui a été à la base de son succès.




    Ryutaro Otomo
    (1912-1985)

    Avec Chiezo Kataoka et Utaemon Ichikawa, Ryutaro Otomo est reconnu comme un des grands de l'âge d'or des films de samurai de la période des Studios Toei. Bien que connu pour ses rôles rugeux à fort caractères, il était un acteur particulièrement souple et a connu un grand succès sur scène et au cinéma. Plus tard il a même tourné pour des séries télévisées. Ses rôles les plus importants auront été dans les films Kaiketsu Kurozukin, Tange Zazen et plus récemment dans Tanpopo en 1985 le grand succès de Juzo Itami.



    Toshirô Mifune
    (1920-1997)

    Né en Chine de parents japonais, Toshirô Mifune ne met les pieds au Japon pour la première fois qu'à l'âge de 21 ans. Il commence à travailler avec son père photographe, mais en 1947 il est recommandé par Kajirô Yamamoto au metteur en scène Senkichi Taniguchi qui lui donne son premier rôle dans Shin Baka Jidai. Il rencontre ensuite le réalisateur Akira Kurosawa et tout les deux enchaineront les succès ensemble. Mifune jouera dans seize films de Kurosawa qui seront tous des films de renommée mondiale. Mifune devient alors l'acteur japonais le plus connu au monde. En 1963, il créé sa propre société de production et en fin de carrière il jouera même dans la célèbre série télévisée Shogun. Il meurt en 1997 peu de temps après le décès du réalisateur Akira Kurosawa avec qui il aura si longtemps été cinématographiquement lié.


    Chiyonosuke Azuma
    (1926-2000)

    Chiyonosuke Azuma a commencé la danse japonaise à l'âge de 19 ans, ce qui l'a amené à devenir professeur de danse pour le théâtre kalubi. En 1959, il participe à un casting de jeunes danseurs aux studios Toei et il fait ses débuts dans Yukinojo Henge. il fit bientôt équipe avec Kinnosuke Nakamura (qui deviendra plus tard Kinnosuke Yorozuya), qui avait fait la transition entre le théâtre et le cinéma à la même période. Le duo accéda très vite à la notoriété auprès des cinéphiles.




    Hashizo Okawa
    (1929-1984)

    Après une belle carrière dans des rôles de onnagata (rôles de femmes joués par des hommes dans le théâtre kubuki), Hashizo Okawa, a lui aussi rejoint les studios Toei en 1955. Son succès fut immédiat au cinéma, mais il retourna au théâtre au milieu des années 1960 quand il fut moins demandé au cinéma. Il s'est également tourné vers la télévision et de 1966 à 1984 il joua dans 888 épisodes de la série culte Zenigata Heiji. Cette série d'une heure est d'ailleurs mentionnée dans le livre Guiness des records pour sa longévité à la télévision.




    Raizo Ichikawa
    (1931-1969)

    Raizo Ichikawa devint très populaire après avoir fait des débuts en 1954 dans le film Hana no Byakkotai. Bien que très gai dans la vie réelle, on se souvient de lui pour ses rôles au caractères très sombres au cinéma. Dans sa courte carrière qui s'est terminée à l'âge de 37 ans pour cause de maladie, il est apparu dans plus de 150 films de samurai, ou drames modernes.





    Quelques affiches de films dans lesquels l'un ou l'autre de ces acteurs ont joué.

    Shinpen Tange Zazen (1935, Nikkatsu Kyoto)
    Mise en scène: Sadao Yamanaka
    Avec: Denjiro Okochi, Kunitaro Sawamura




    Kessen Takadanobaba (1952, Toei Kyoto)
    Mise en scène: Kunio Watanabe
    Avec: Utaemon Ichikawa, Jun Tazaki, Nijiko Kiyokawa



    Benten Kozo (1958, Daiei Kyoto)
    Mise en scène: Daisuke Itô
    Avec: Raizo Ichikawa, Kyoko Aoyama, Michiko Ai



    Chiyari Muso (1959, Toei Kyoto)
    Mise en scène: Yasushi Sasaki
    Avec: Chiezo Kataoka, Hashizo Okawa, Tomisaburo Wakayama



    Nazo no hissatsuken (1952, Shin Toho)
    Mise en scène: Nobuo Nakagawa
    avec: Kanjuro Arashi, Shigeru Ogura, Kingoro Yanagiya



    Akage (1969, Production Mifune)
    Mise en scène: Kihachi Okamoto
    Avec: Toshiro Mifune, Minoru Terada, Etsushi Takahashi



    Kurama Tengu Kirikomu (1953, Takarazuka Eiga)
    Mise en scène: Nobuo Adachi
    Avec: Kanjuro Aerashi, Michiyo Aratama, Danshiro Ichikawa



    Genroku Abaregasa (1943, Toho)
    Mise en scène: Tamizo Ishida
    Avec: Ryunosuke Tsukigata, Kotaro Bando, Yataro Kurokawa



    Commentaires 5 Commentaires
    1. Avatar de tcha
      tcha -
      Merci pour cet article JM. Peut on avoir quelques références de bons chambara à voir en DVD ?
    1. Avatar de JM
      JM -
      Si tu ne les connais pas déjà, tu peux te tourner vers toute la série de Zatoichi par différents réalisateurs. Il y a plusieurs DVDs disponibles et référencés dans la partie DVDs du site:
      - Zatoichi 26 - Aka - de Shintaro Katsu
      - La Légende de Zatoichi : Mort ou vif de Kenji Misumi
      - La Légende de Zatoichi : Le masseur aveugle de Kenji Misumi
    1. Avatar de Shinjuku
      Shinjuku -
      Hormis quelques films de Hideo Gosha, Kenji Misumi, Hiroshi Inagaki et Kihachi Okamoto, il y finalement peu de chanbara disponibles en DVD en France.

      pour les Zatôichi, seulement 14 des films de la série ont été édités, ils sont disponibles dans un coffret DVD édité par Wild Side.

      sinon voici quelques titres:
      Le sabre du mal (Daibosatsu tôge, 1966, Kihachi Okamoto)
      Goyokin, l’or du shogun (Goyôkin, 1969, Hideo Gosha, 1969)
      Samouraï (Samurai, 1965, Kihachi Okamoto)
      Kill, la forteresse des samouraïs (Kiru, 1968, Kihachi Okamoto)
      La légende des huit samouraïs (Satomi hakken-den, 1983, Kinji Fukasaku)
      Shogun samouraï (Yagyû ichizoku no inbô, 1978, Kinji Fukasaku)
      Shogun ninja (Ninja bugeicho momochi sandayu, 1980, Norifumi Suzuki)
      Shogun shadow (Shôgun Iemitsu no ranshin – Gekitotsu, 1989, Yasuo Furuhata)
      Les derniers samouraïs (Okami yo rakujitsu o kire, 1974, Kenji Misumi)
      Samurai saga (Aru kengo no shogai, 1959, Hiroshi Inagaki)
      Rise against the sword (Abare Goemon, 1966, Hiroshi Inagaki)
      Sous la bannière du samouraï (Fûrin kazan, 1969, Hiroshi Inagaki)
      L’embuscade (Machibuse, 1970, Hiroshi Inagaki)
    1. Avatar de Shinjuku
      Shinjuku -
      J'ai oublié de remercier l'auteur de l'article, c'est un très bon panorama des acteurs clefs du genre avec néanmoins un petit oubli, Kinnosuke Nakamura (1932-1997), de la même génération donc que Toshirô Mifune ou Raizô Ichikawa. Il a notamment interprété le personnage de Miyamoto Musashi dans les cinq films qui ont été réalisé par Tomu Uchida entre 1961 et 1965. Il a aussi joué le rôle de Tange Sazen et des personnages historiques du Shinsengumi dans différents films. D'ailleurs ce serait bien que cette série de films autour de Miyamoto Musashi soit éditée en DVD!!!!!

    1. Avatar de Unmei
      Unmei -
      Citation Envoyé par Shinjuku Voir le message
      J'ai oublié de remercier l'auteur de l'article, c'est un très bon panorama des acteurs clefs du genre avec néanmoins un petit oubli, Kinnosuke Nakamura (1932-1997), de la même génération donc que Toshirô Mifune ou Raizô Ichikawa. Il a notamment interprété le personnage de Miyamoto Musashi dans les cinq films qui ont été réalisé par Tomu Uchida entre 1961 et 1965. Il a aussi joué le rôle de Tange Sazen et des personnages historiques du Shinsengumi dans différents films. D'ailleurs ce serait bien que cette série de films autour de Miyamoto Musashi soit éditée en DVD!!!!!
      Sans oublier la non moins célèbre -pour les fans ou les "vieux japonais"- première version de la fameuse série "Kozure Ōkami" (子連れ狼) [Lone Wolf and Cub], retraçant les aventures d' Ogami Ittō, le Kogi Kaishakunin du Shogun (bourreau officiel du Shogun, en charge de décapiter les seigneurs) et de son fils, face aux intringues du clan Yagyu. A voir et à revoir...