On a beaucoup ri des Otakus. Ces Japonais, jeunes ou moins jeunes, ces hommes en général (mais pas seulement), qui s'isolent dans un appartement minuscule, au milieu d'un capharnaüm d'idoles en plastique. Le caractère japonais qui désigne l'Otaku signifie aussi la maison. La condition première de l'Otaku est donc l'enfermement. L'enfermement chez soi, mais aussi l'enfermement tout court. Au Japon, il coexiste deux mondes. Le monde de l'intérieur (Uchi) et le monde de l'extérieur (Soto). Le monde de l'extérieur est le monde des apparences. Un monde de rôles et de conventions. Chacun doit y avoir sa place et la garder. A chaque chose, à chaque geste correspond un idéal : quel costume porter, quel bonjour prononcer, à qui je dois quelle formule de politesse. Ces normes sociales sont, pour qui les accepte, un confort immense, un monde uniforme et sans interrogation. Mais c'est un monde de façade et, en vérité, personne n'est dupe. L'adulte raisonnable ...
Mis à jour le 17/07/2013 à 09h04 par JM
Dans une phrase japonaise, en général, trois alphabets différents sont utilisés. Le premier, le principal, ce sont les Kanjis. En France, on les appelle les idéogrammes. Ce sont les caractères chinois. Il y en a des milliers. Il représentent le sens des mots (la racine). Ensuite, viennent les Hiraganas. 46 caractères syllabiques. Leur rôle, en général, est d'apporter la grammaire à la phrase (pronoms, conjugaisons, etc.). Et enfin, l'alphabet Katakana qui se charge de tout le reste. OK, mais c'est quoi le reste ? Ce sont (en gros) les néologismes et les mots étrangers. Un jour, j'écoutais le discours d'un érudit comme notre beau pays sait en produire. Il racontait que le Katakana était l'alphabet par lequel les Japonais excluent les mots étrangers de leur langage. Sorte de bouclier contre les barbarismes (et la barbarie). L'érudit en question en déduisait une tonne de conclusions fort intéressantes à propos de la civilisation japonaise. ...
Mis à jour le 17/07/2013 à 09h11 par JM
Comme pour s’imposer en principe fondateur, le centre de Tôkyô est une tache de verdure. C’est le domaine du palais impérial, une colline boisée de plus d’un kilomètre de diamètre autour de laquelle la ville a poussé. Mais cette verte signature fait-elle de Tôkyô la plus écologique des capitales ? On a du mal à l’imaginer. Et pourtant... Oui, on pêche à la ligne sur les bords du Soto-bori, on photographie les martins-pêcheurs dans les jardins de Korakuen, et l’on se promène au printemps sous les cerisiers en fleurs, mais ce n’est pas l’essentiel. Car la Nature, à Tôkyô, refuse de se laisser contenir dans quelques réserves clôturées. Elle se glisse au contraire dans chaque anfractuosité, comme dans ces espaces réglementaires, antisismiques, qui séparent les immeubles. Et entre leurs maisons, la Nature s’immisce dans la vie des japonais, elle vit chaque jour à côté d’eux : ce sont les insectes de Tôkyô. Premier contact avec la ville, ...
Mis à jour le 31/05/2013 à 07h39 par JM
On ne comprend pas le charme de Tôkyô tant qu'on ne s'est pas perdu dans ses ruelles. Les façades en carrelage marron, les fenêtres en alu, les câbles électriques en toiles d'araignées par-dessus les têtes, le ronron des transformateurs, le trottoir marqué d'une ligne peinte sur l'asphalte. Au premier contact, lorsqu'on débarque de France à la recherche de l'âme des samurais ou de je ne sais quel fantasme occidental, on est fatalement déçu. Et puis, on prend le temps de se perdre, on espère au détour d'une rue trouver le trésor caché, une vieille maison en bois, un temple oublié... qu'on ne trouvera jamais. Et puis, on finit par comprendre que le charme de Tôkyô se cache justement dans les façade de carrelage marron et les fenêtres en alu, les auvents anti-UV en plastique violet, les rangées de distributeurs bariolés, les vieilles publicités. Le calme, le silence étonnant dans la plus ...
Mis à jour le 29/04/2013 à 13h49 par JM
Au Japon, le mois dernier, se terminait la période du Ohanami. Hanami signifie "le spectacle des fleurs" et le O, honorifique, précise qu'au Japon on ne rigole pas avec la tradition. Car s'il y a bien une tradition solidement ancrée dans les habitudes des Japonais c'est ce spectacle des cerisiers en fleur. Vers la fin du mois de mars, on l'attend, on guette les branches. A la télévision, une page de météo spéciale suit la progression, sur la carte du Japon, du front de floraison qui monte du sud vers le nord. Et quand la vague arrive, la vague blanche et rose, tout le monde se précipite avec son tonneau de saké et ses poissons grillés sur la moindre pelouse, chacun sous son cerisier. Malheur à celui qui arrive en retard, le coin de pelouse se dispute très cher, on a de la chance si on trouve l'ombre d'un arbre, d'un cerisier je ne vous en parle même pas. Pourtant le cerisier est bien l'arbre le plus répandu ...
Mis à jour le 26/04/2013 à 07h57 par JM