Ce n'est pas peu dire que le Japon a un problème avec ses femmes... Et les Idolus en sont le symptôme le plus éclatant. Une Idolu est une idole, quasiment au sens premier du mot : une figurine dédiée à l'adoration. Et au Japon, la culture des Idolus est une industrie prospère et, comme d'habitude au soleil levant, extrêmement codifiée. A la base, les Idolus sont de très jeunes filles que l'on place dans des écuries comme on entre au couvent. Là, suivant un règlement implacable, elles renoncent aux distractions de leur âge pour devenir une image façonnée par des publicitaires et autres gourous de la communication. Car la publicité est bien l'objectif final de l'Idolu. Sa carrière peut ainsi être résumée en quelques étapes : de mini-concerts sur les toits des grands magasins, puis un premier mp3 / single CD, une apparition dans un feuilleton TV, une émission, un concert, jusqu'à la consécration, le contrat publicitaire qui rentabilisera enfin tous ...
Mis à jour le 15/05/2013 à 16h11 par JM
De tous les jeux, de tous les sports, le Sumô est incontestablement le plus japonais. Simplement parce qu'il n'est joué qu'au Japon. Mais aussi parce qu'il incarne quelques nuances délicieuses qu'on ne trouve qu'au Soleil levant. Tout d'abord, l’ambiguïté. Demandez donc à un ami japonais (je sais : je l'ai fait...), demandez-lui la signification de telle règle ou de tel geste qui ponctue le match de Sumô : le lancer du sel, le frapper des poings sur le sol, la louche d'eau sacré, etc. Votre ami, sans doute, vous donnera une explication très rationnelle. Mais la fois suivante, une semaine, un mois plus tard, vous lui reposerez la même question et il vous fera une réponse différente. Pourquoi ? Parce qu'au Japon, très souvent, les choses se déroulent d'une certaine manière pour la simple raison qu'elle se sont toujours déroulées ainsi. Chercher une explication ou une cause rationnelle est, vous dira-t-on avec une moue de dédain, typique d'un esprit occidental. ...
Mis à jour le 14/05/2013 à 07h28 par JM
Kappabashi est un quartier de Tôkyô que l'on connait surtout pour ses marchands de vaisselle. Mais le promeneur curieux se demandera pourquoi donc ce nom étrange, "Kappabashi", le pont de Kappa. C'est qu'une légende ancienne prétend que le peuple des kappas, jadis, aida les hommes à construire un pont sur une rivière depuis longtemps disparue. Un temple commémore l'événement, une stèle, et cette étrange statue dorée au milieu d'une placette, en plein cœur de la rue commerçante.La première fois, je tombe nez à nez avec ce petit personnage et je cherche une inscription pour m'éclairer. Il est humain, musculeux, et ses yeux minuscules inspirent à la fois la ruse et la sérénité. Cet homme-là est bien convaincu de sa propre grandeur. Cet homme ? A mieux regarder, sa bouche immense et sa main à trois doigts jettent un doute. Qui est-il ? Est-il bienveillant, faut-il s'en méfier ? Si les habitants du quartier lui ont dressé cette statue, c'est bien qu'il ...
Mis à jour le 09/05/2013 à 11h04 par JM
Qui peut répondre à la question "les Japonais sont-ils religieux" ? A mon avis, personne. Car, comme d'habitude au Soleil Levant, il règne sur ce sujet une délicieuse ambiguïté. Certes, on croise des temples à tous les coins de rues, des autels garnis d'offrandes mais, à y regarder de plus près, on constate un savant mélange, pour ne pas dire un joyeux bordel... Les symboles Shintô et Bouddhistes sont partout entremêlés, on se marie chrétien parce que la robe est belle puis on réclame des funérailles bouddhistes dans l'espoir de la réincarnation. En fait, la religion à l'occidentale, où chacun est "encarté" auprès du dieu untel, rite machin, paroisse bidule, tout cela n'existe pas au Japon. Et bizarrement, dans cette société pourtant très hiérarchisée, on n'a pas inventé la notion d'église pyramidale avec le Dieu en haut et toute la hiérarchie par-dessous. Au contraire, au Japon, la religion est partout, ...
Mis à jour le 26/04/2013 à 07h54 par JM
A l'occasion de la sortie de mon prochain roman, le Chemin des dieux, aux éditions Denoël, je me propose de publier sur ce blog un petit billet régulier à propos du Japon tel que je l'ai aimé et tel que je l'aime chaque fois que je le retrouve. En 2005, je quittais la France et toutes mes amarres (j'étais directeur de production dans un studio de jeux vidéo) pour aller vivre à Tôkyô avec ma famille pendant quatre ans. Vierge de tout préjugé sur le Japon, insensible à l'imagerie traditionnelle des samurais et des geishas, je me laissais saisir par la modernité de Tôkyô, les lumières de Shinjuku, la foule de Tôkyô central, le charme désuet du mall géant de Sunshine city ; mais aussi, plus insidieusement, par les traces subtiles d'un Japon ancestral : la statue dorée de Kappa à Kappabashi, le temple de Kitsuné à Ginza ou les insectes partout, les cigales, les mantes, les lucioles au milieu même de la plus grande ville du monde. Sous le charme, ...
Mis à jour le 26/04/2013 à 07h53 par JM