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Afficher la version complète : Actualité Les "réfugiés des cybercafés"



tk2003
29/08/2007, 01h45
Selon une enquête diligentée par le gouvernement japonais, plus de 5.000 Japonais sans domicile fixe, des travailleurs précaires âgés d'une vingtaine d'années pour la plupart, dorment quasiment chaque nuit dans des cybercafés.

Cette enquête qui a été réalisée par les services du ministère japonais de la Santé, conclue que quelque 5.400 personnes passent au moins la moitié des nuits de la semaine dans les cafés Internet.
Ce groupe grandissant est composé pour la plupart de personnes entre 20 et 30 ans en situation précaire, selon cette enquête réalisée auprès de 1.700 clients nocturnes dans 87 cybercafés en juin et juillet 2007.
Ainsi 30% des sondés ont déclaré avoir perdu leur domicile après avoir été licenciés, et 40% avoir déjà passé la nuit dans la rue. Nombre d'entre eux rencontrent également des difficultés dans leur recherche de travail, ne disposant pas d'adresse fixe.

Moyennant la modique somme de 100 yen (environ 60 centimes d'euro) l'heure, le cybercafé japonais moyen met à disposition des clients une cabine équipée d'un fauteuil à dossier réglable, un ordinateur et une télévision. De nombreux établissements proposent également une consommation illimitée de boissons et certains sont même équipés de douches.

Les autorités expliquent le phénomène par une précarité grandissante, qui concernerait quelque deux millions de jeunes Japonais. Les analystes estiment qu'elle est due à la crise économique qui a frappé le Japon dans les années 1990, mais aussi à un rejet de l'éthique du travail traditionnelle.
Le rapport démontre également que ces SDF d'un nouveau genre arrivent parfois à enchaîner des petits boulots en se servant de leur portable pour pallier à l'absence d'une adresse fixe. Mais souvent, ils ne perçoivent pas plus que le salaire minimum, et sont privés de sécurité sociale et d'assurance maladie.

Le phénomène pose également des questions de santé: l'année dernière, 13 personnes ont contracté la tuberculose dans un café Internet en banlieue ouest de Tokyo. Selon les services du ministère japonais de la Santé, ces cas pourraient être imputables aux SDF qui s'y logeaient.
Les autorités estiment à 18.500 le nombre de SDF au Japon, dont la plupart sont âgés de 40 ans ou plus. Nombre d'entre eux trouvent refuge dans des établissements de bains ouverts 24 heures sur 24, ou encore dans des fast-foods ouverts la nuit.

swisscheese
29/08/2007, 02h13
J'ai vu hier aux infos de la NHK le même sujet...
Un de ces réfugiés expliquait le cercle vicieux dans lequel il était tombé:
pour contracter un boulot fixe il faut avoir une adresse fixe, or pour s'installer dans un appart' il faut payer plusieurs mois de loyers d'avance, il n'est alors en mesure que d'accepter des petits boulots payés à la journée qui ne lui permettent pas de faire les économies nécessaires à trouver un logement fixe... et la descente en spirale commence...

Le phénomène touche également la tranche d'âge supérieure, les 40-50 ans, d'après le responsable d'une NPO...

Le ministère est apparement en train de mettre quelque chose sur pied pour leur venir en aide, mais je doute que ça traite le problème... Un bien triste constat. Ca me rappelle les articles du Courrier International du 5 juillet dernier sur la jeunesse japonaise. Le lien vers le "mot de la semaine" d'alors: 乱 RAN, la Fronde (http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=75583)

icebreak
29/08/2007, 04h01
J'ai vu ce reportage deux fois. Avec la fille qui se met du parfum au lieu de prendre une douche.

swisscheese
29/08/2007, 04h14
Le sujet de la NHK n'était pas aussi racoleur...

Imaginons maintenant que le Japon passe des lois interdisant l'ouverture de certains établissements et/ou commerces 24 heures sur 24... ces gens se retrouvent à la rue (situation pas enviable et que soit dit en passant je ne leur souhaite pas) et grossissent les rangs des SDF...
Grâce à la commodité (convenience en anglais) au Japon, le problème se voit minimiser/relativiser: "ce ne sont que 5000 et quelques personnes qui trouvent refuge dans les Internet cafés, etc"...
Bien triste présentation de la précarité sociale...

Comble de l'ironie, ce sont les internet café qui permettent à ces réfugiés de trouver leurs emplois journaliers sur le Net... c'est pas beau la technologie!

Novitche
29/08/2007, 08h58
A la tombée de la nuit je cherchais un cyber café sur kyoto pour acceder à un mail en urgence et je fut bien surpris de tomber sur ce genre de truc :
Des fauteuils confortable (assis, pas forcement couché) avec des couvertures qu'on peut demander... Des toilettes qui font aussi douches... Des distributeurs de boisson et de nourriture... et bien sur des ordinateursdans des box d'environ 2 m2 séparé par des rideaux... Une lumiere tamisée et un silence communicatif regnait dans ces lieux...

Mon optimisme à ce moment était bien loin d'imaginer qu'il puisse y avoir des gens en difficulté dans ce lieu de modernité. J'avais cependant entendu que c'était une solution de secours pour les touristes qui n'avaient pas forcement de quoi se payer l'hotel.

Mais la pauvreté et le manque de soins vont un jour développer de plus en plus de maladie jusqu'à ce qu'on se chope un début d'épidemie et que le gouvernement, par mesure sanitaire, interdise ce cyber squatage. Et je serais en tant que touriste bien heureux de ne pas rentrer en France avec une méningite ou une tuberculose pour avoir voulu lire mes mails ou glandouiller sur le net en attendant un rendez vous... J'ose imaginer que ces gens seraient aussi heureux de ne pas mourir pour avoir dormi pres d'une personne contaminé (parce que la société japonaise n'a pas jugé bon de developper un systeme de soins pour les plus démunis, alors que ce sont eux qui en ont le plus besoin...)

Iront ils jusqu'à pulvérifer du malodore dans les cybercafés?...

ptitjoji
29/08/2007, 19h29
tiens, z'en parlaient il y a quelques temps sur aujourdhuilejapon.

> Le Japon lance une étude sur ses "réfugiés des cybercafés" (http://www.aujourdhuilejapon.com/article.asp?IdArticle=1641)

burahime
29/08/2007, 21h44
Dingue, j'ai longtemps pésté sur ces "glands qui ronflent contre la paroie de mon box pendant que je cherche un boulot", renseignements pris à l'époque, j'ai appris que ses gens n'avaient d'autre choix que de dormir ici ou dans leur voiture. J'ai même pu échanger sur le sujet avec un "ancien" qui, depuis qu'il à son CDI, peut se permettre de vivre dans une guest house miteuse à Saitama.

ptitjoji
29/08/2007, 23h12
J'en avais un peu entendu parler il y a quelques temps, mais le sujet n'était pas abordé de la même façon. La on parle de ceux qui y vivent faute de moyens, à l'époque c'était plutôt vu comme un problème social, des gens qui se coupent du monde un peu comme les hikikomori. Il y a toujours un peu des deux je pense.