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Afficher la version complète : Un manga primé "Meilleur album" à Angoulême en 200



Heiho
30/01/2007, 20h28
La belle affaire !

« NonNonBâ » est un livre étrange et émouvant. Depuis hier, il est aussi le premier manga sacré meilleur album par le festival international de la bande dessinée. En offrant la consécration suprême à un album nippon, Angoulême se met en adéquation avec le marché. Rappelons qu'en 2006, 44 % des albums sortis dans les bacs sont des mangas. Ce n'est pas un hasard si la maison d'édition Cornélius décide, en 2006, de débuter la publication des œuvres de Misuki par « NonNonBâ ». Récit autobiographique à peine déguisé, cet album évoque l'enfance de Shigeru Mizuki dans le Japon des années 30. Ce vieux maître du manga fantastique, star dans son pays, y dévoile la genèse de son imaginaire et de son inspiration. Sa série la plus populaire au Japon, « Kitaro le repoussant », paraîtra d'ailleurs en février chez Cornélius, à la suite de « 3, rue des Mystères ».

Une sélection trop élitiste ? Sortie cet automne, la première œuvre de Mizuki découverte en France a reçu un bon accueil du public comme de la critique. Il figurait d'ailleurs dans le tiercé final des albums en lice pour le prix du public. De quoi peut-être contrer les accusations d'élitisme faites à une sélection que défend Benoît Mouchard, directeur artistique du FIBD, qui rappelle : « En 1976, le festival a choisi comme meilleur album « La ballade de la mer salée ». Ce prix a fait d'Hugo Pratt une star alors qu'il ne vendait pas beaucoup en France. En 2002, quand « Isaac le Pirate » de Christophe Blain a été couronné Meilleur album, que Marjane Satrapi a reçu le prix du scénario pour « Persépolis », je revois encore un éditeur me dire : « Angoulême est un endroit o. l'on prime des albums qui ne se vendront jamais » On connaît la suite. Marjane Satrapi envisage aujourd'hui d'adapter sa série à succès sur grand écran.

Fantastique. L'univers très particulier de Mizuki a de quoi lui aussi séduire un large public. Cette chronique peuplée de Yôkaï peut toucher aussi bien les enfants que leurs parents. Une vieille grand-mère - NonNonBâ, c'est-à-dire Mamie Non Non – y abreuve le petit garçon d'histoires édifiantes sur ces esprits qui adorent la compagnie des vivants. Lécheur de crasse, garnement collant, compteur de haricots rouges : tout un bestiaire fantastique fait irruption dans le quotidien du personnage. Des récits de monstres qui lui permettent d'échapper à une réalité parfois très dure... Misuki est aujourd'hui âgé de 84 ans. A travers ce manga fantastique dont il est devenu le maître, il a permis à ces croyances ancestrales imprégnées de merveilleux de traverser le temps, jouant presque un rôle d'ethnologue, selon le spécialiste du manga Emmanuel Pettini. « NonNonBâ, estime Benoît Mouchart, est un album qui peut casser les idées reçues sur le manga comme « Maus », en son temps, a pu faire évoluer la vision sur la bande dessinée. »

Source: Article de M Papillaud

morrisson
30/01/2007, 21h05
Apres avoir combattu pdt longtemps les mangas et avoir joue les elitistes, il etait temps!

Umi
30/01/2007, 21h48
En même temps la reconnaissance du manga était déjà entamée. Ce n'est pas le premier mangaka primé à Angoulême. Jirô Taniguchi a reçu un prix en 2003 pour Quartier Lointain, en 2005 pour le sommet des dieux...

Je ne connaissais pas Shigeru Mizuki et j'ai lu il ya peu 3 rue des Mystères, j'ai bien aimé ... :D . Mes impressions ici (http://www.pollanno.net/article-5442486.html).

maje
09/02/2007, 00h23
Taniguchi à été primé à Angoulême certes,
mais ses bd sont très inspirés par l'europe.
Donc plus digeste pour les fans de franco belge.

Et NonNonBâ gagne le prix, pas un prix,
c'est ce qui fait la différence.
C'est le nom qui sera relayé dans la presse.

Ce qui est important de dire aussi,
c'est que le prix récompense aussi les éditions Cornélius.
Un petit éditeur qui se soucie de la qualité de ses bouquins,
tant vis à vis de ses auteurs que de ses lecteurs,
et non de la somme de papier vendu.

Quand à l'évolution de la vision du mangasse
dans notre societé, je ne pense pas qu'elle ai un avenir
plus radieux que la bd en général.
A Angoulême cette année justement, il y avait une conférence/débat
qui s'intitulait "Faut il brûler les manga ?"

Les éditeurs sont contents en tout cas,
le business du manga ça marche, pas de soucis.

"On connaît la suite. Marjane Satrapi envisage aujourd'hui d'adapter sa série à succès sur grand écran. "
Juste pour signaler c'est plus qu'envisagé, vu que la sortie est prévue au
premier semestre 2006.

skydiver
09/02/2007, 01h55
2006? Je n'ai rien vu venir et comme nous sommes en 2007...

maje
09/02/2007, 14h20
:o Tout juste, j'ai un peu de mal avec les changements d'années,
donc oui il fallait lire "premier semestre 2007", my mistake.
Théoriquement c'est pour Cannes 2007.
Voilà.

TB
18/08/2007, 20h59
Lu NonNonBâ récemment. C'est un excellent manga pour les adultes (qui ne peuvent pas se satisfaire des histoires pour ados) et les petits (qui aimeront ce qu'ils comprendront). Le graphisme peu enjolivé et le format en un gros volume fait penser à la nouvelle bande-dessinée, sans les tentations expérimentales. Tout ce qu'il y a à savoir sur le Japon rural des années 30 pour comprendre les dialogues est expliqué par des notes détaillées en fin de tome. Les onomatopées sont « traduites » hors case pour préserver le dessin. C'est appréciable pour les japonisants nombreux sur notre site qui pourront les lire directement (ce n'est pas très difficile en général).

Le Japon campagnard de NonNonBâ est un peu teinté de propagande militariste et très fasciné par les miracles lointains de la technique. Mais cela a beaucoup moins d'importance dans la vie paysanne que les difficultés économiques du quotidien, la vie de famille, la santé, les potins de village et les bonnes grâces des esprits plus ou moins farceurs. Le petit Gege, Mizuki Shigeru lui-même, flotte entre l'absurdité du monde visible (l'école, les bagarres de gosses, les calculs des grandes personnes) et l'omniprésence du monde invisible dont l'érudite et dévote NonNonBâ est l'intercesseur miséreux. J'aime aussi le personnage du père, indifférent à ses devoirs de chargé de famille et de rouage productif de la nation, moins par paresse que par philosophie.