Heiho
09/01/2007, 18h15
Soixante ans après sa défaite, le Japon s'est doté mardi d'un ministère de la Défense à part entière, symbole d'un pays de plus en plus décomplexé qui veut peser davantage sur la scène internationale.
"Depuis la fin de la Guerre froide, les enjeux de sécurité nationale du Japon ont connu de profonds bouleversements", a déclaré le Premier ministre Shinzo Abe lors de la cérémonie d'inauguration du nouveau ministère.
"Il s'agit d'un pas important pour sortir du régime d'après-guerre", a plaidé M. Abe, 52 ans, le premier chef de gouvernement nippon à n'avoir pas connu le conflit mondial. Selon lui, la création de ce ministère "prouve la maturité de la démocratie nippone" et les autres nations n'ont rien à craindre du Japon, dont l'expansionnisme au 20e siècle a laissé de sanglantes traces en Asie, notamment en Chine et en Corée.
"Je pense qu'un Japon plus sûr de lui saura gagner la compréhension et la confiance du monde", a assuré M. Abe dans un entretien à la BBC.
La Chine a réagi avec modération. "Nous estimons qu'il est conforme aux intérêts fondamentaux du Japon de maintenir son cap pacifique. Nous espérons que, quels que soient les changements structurels auxquels il procède, le Japon continuera sur la voie de la diplomatie et de la paix", a commenté à Pékin le porte-parole des Affaires étrangères.
En vertu de sa Constitution de 1947, par laquelle il a renoncé "pour toujours" à faire la guerre, le Japon ne disposait jusqu'à présent que d'une "Agence de Défense" dont le chef n'avait pas rang de ministre.
Largement symbolique, le rétablissement du ministère de la Défense avait été entériné le mois dernier par la Diète (Parlement), le principal parti d'opposition s'étant rallié au projet de loi de la majorité conservatrice.
© AFP
Fumio Kyuma, lors de son intronisation comme ministre de la Défense par Shinzo Abe le 9 janvier 2007 à TokyoLe directeur de l'ex-Agence de Défense, Fumio Kyuma, 65 ans, a été promu par la même occasion premier ministre de la Défense de l'après-guerre. La nouvelle loi accroît ses prérogatives sur les militaires. Cependant, l'armée japonaise gardera le nom de "Forces d'autodéfense" (FAD). Malgré sa stricte doctrine pacifiste, imposée par l'article 9 de la Constitution, le Japon peut se targuer d'un des plus gros budgets militaires du monde (environ 32 milliards d'euros).
Paradoxalement, les soldats japonais ne sont pas autorisés à tirer le moindre coup de feu sauf en cas de légitime défense. M. Abe souhaite ardemment réviser cet article 9 controversé afin de permettre au Japon de riposter en cas d'attaque extérieure et de participer à des opérations internationales de maintien de la paix. Le retour du ministère de la Défense est d'ailleurs accompagné d'un texte qui fait désormais des opérations à l'étranger une des missions "prioritaires" de l'armée japonaise.
Promise par la droite au pouvoir, cette réforme administrative s'inscrit dans un remodelage en profondeur de la politique de défense de l'Archipel, confronté à la montée en puissance militaire de la Chine ainsi qu'aux missiles et à la menace nucléaire de la Corée du Nord. "L'environnement sécuritaire du Japon reste très préoccupant", a souligné le nouveau ministre de la Défense, M. Kyuma.
Pour les spécialistes de sécurité, la récente crise nucléaire nord-coréenne a fourni des arguments aux "faucons" conservateurs --comme M. Abe-- qui reprochent à la Constitution pacifiste, promulguée pendant l'occupation américaine (1945-52), de corseter les ambitions internationales du Japon. M. Abe, un nationaliste pragmatique, a pour objectif prioritaire d'amender la Constitution d'ici la fin de son mandat.
A gauche, la dirigeante socialiste, Mizuho Fukushima, a critiqué les projets du Premier ministre conservateur, susceptibles selon elle d'entraîner des soldats japonais aux côtés de troupes américaines sur des théâtres de guerre étrangers. "Il pourrait d'agir d'un tournant crucial depuis la fin de la guerre", a averti Mme Fukushima.
Qu'est ce qui ce cache dérrière tout ca ?
"Depuis la fin de la Guerre froide, les enjeux de sécurité nationale du Japon ont connu de profonds bouleversements", a déclaré le Premier ministre Shinzo Abe lors de la cérémonie d'inauguration du nouveau ministère.
"Il s'agit d'un pas important pour sortir du régime d'après-guerre", a plaidé M. Abe, 52 ans, le premier chef de gouvernement nippon à n'avoir pas connu le conflit mondial. Selon lui, la création de ce ministère "prouve la maturité de la démocratie nippone" et les autres nations n'ont rien à craindre du Japon, dont l'expansionnisme au 20e siècle a laissé de sanglantes traces en Asie, notamment en Chine et en Corée.
"Je pense qu'un Japon plus sûr de lui saura gagner la compréhension et la confiance du monde", a assuré M. Abe dans un entretien à la BBC.
La Chine a réagi avec modération. "Nous estimons qu'il est conforme aux intérêts fondamentaux du Japon de maintenir son cap pacifique. Nous espérons que, quels que soient les changements structurels auxquels il procède, le Japon continuera sur la voie de la diplomatie et de la paix", a commenté à Pékin le porte-parole des Affaires étrangères.
En vertu de sa Constitution de 1947, par laquelle il a renoncé "pour toujours" à faire la guerre, le Japon ne disposait jusqu'à présent que d'une "Agence de Défense" dont le chef n'avait pas rang de ministre.
Largement symbolique, le rétablissement du ministère de la Défense avait été entériné le mois dernier par la Diète (Parlement), le principal parti d'opposition s'étant rallié au projet de loi de la majorité conservatrice.
© AFP
Fumio Kyuma, lors de son intronisation comme ministre de la Défense par Shinzo Abe le 9 janvier 2007 à TokyoLe directeur de l'ex-Agence de Défense, Fumio Kyuma, 65 ans, a été promu par la même occasion premier ministre de la Défense de l'après-guerre. La nouvelle loi accroît ses prérogatives sur les militaires. Cependant, l'armée japonaise gardera le nom de "Forces d'autodéfense" (FAD). Malgré sa stricte doctrine pacifiste, imposée par l'article 9 de la Constitution, le Japon peut se targuer d'un des plus gros budgets militaires du monde (environ 32 milliards d'euros).
Paradoxalement, les soldats japonais ne sont pas autorisés à tirer le moindre coup de feu sauf en cas de légitime défense. M. Abe souhaite ardemment réviser cet article 9 controversé afin de permettre au Japon de riposter en cas d'attaque extérieure et de participer à des opérations internationales de maintien de la paix. Le retour du ministère de la Défense est d'ailleurs accompagné d'un texte qui fait désormais des opérations à l'étranger une des missions "prioritaires" de l'armée japonaise.
Promise par la droite au pouvoir, cette réforme administrative s'inscrit dans un remodelage en profondeur de la politique de défense de l'Archipel, confronté à la montée en puissance militaire de la Chine ainsi qu'aux missiles et à la menace nucléaire de la Corée du Nord. "L'environnement sécuritaire du Japon reste très préoccupant", a souligné le nouveau ministre de la Défense, M. Kyuma.
Pour les spécialistes de sécurité, la récente crise nucléaire nord-coréenne a fourni des arguments aux "faucons" conservateurs --comme M. Abe-- qui reprochent à la Constitution pacifiste, promulguée pendant l'occupation américaine (1945-52), de corseter les ambitions internationales du Japon. M. Abe, un nationaliste pragmatique, a pour objectif prioritaire d'amender la Constitution d'ici la fin de son mandat.
A gauche, la dirigeante socialiste, Mizuho Fukushima, a critiqué les projets du Premier ministre conservateur, susceptibles selon elle d'entraîner des soldats japonais aux côtés de troupes américaines sur des théâtres de guerre étrangers. "Il pourrait d'agir d'un tournant crucial depuis la fin de la guerre", a averti Mme Fukushima.
Qu'est ce qui ce cache dérrière tout ca ?