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Afficher la version complète : Ikebana Japon - ikebana rencontre musique improvisée



coralied
07/04/2006, 07h51
Bonjour

Je suis chanteuse et j'ai un duo de musique improvisée libre avec un saxophoniste, que nous avons créé au Conservatoire supérieur de Paris pendant nos études.

Nous cherchons une personne pratiquant l'ikebana pour participer à un concert dont le thème est l'interdisciplinarité : il s'agit de faire se rencontrer des personnes dont la pratique consiste à improviser au travers de leurs disciplines respectives (danse, vidéo, musique, peinture...).

Le concert aurait lieu dans le 11e ardt de Paris, rue de la Roquette, en Juin. Il s'agit d'un concert gratuit, où les spectateurs peuvent amener de quoi se restaurer après le concert. La salle est assez grande pour acceuillir facilement une cinquantaine de spectateurs.

Le principe n'exclut pas de se rencontrer auparavant, mais il ne s'agit pas de répéter pour un concert ou de planifier ce que nous allons faire, car tout est improvisé.

J'ai pensé que confronter notre musique avec la création d'une ou plusieurs composition d'ikebana serait orginal et sûrement très fructueux artistiquement. Le concert durerait 1H environ, avec une pause au milieu.

Si vous ou des personnes que vous connaissez sont intéressées, merci de me contacter. Pas d'inquiétude à avoir sur l'esprit du "concert" : il s'agit d'un cadre ouvert aux intérêts et aux goûts de chacun, et pas question de se sentir contraint par l'idée de performance, de "branchitude" ou de compétition.

Merci pour vos réponses.

Coralie

skydiver
07/04/2006, 13h11
Idée séduisante. Donne nous plus de précisions quant aux lieu, date et horaire de ce concert, merci.

Des membres éminents du forum "Jardins japonais" pourront, peut être, répondre à ta sollicitation.

coralied
07/04/2006, 19h52
Salut et merci

Pour les dates, précisément, il me faut des infos que j'aurai ce soir ou demain. Ce serait a priori début juin, entre le 3 et le 10 je crois.
Peut-être y en aura t il d'autres plus tard. En l'occurrence, il s'agit de ne jouer qu'une seule fois.

Les concerts ont lieu le soir, en général à 21h. La salle se trouve 135 rue de la Roquette, MO Voltaire ou Père Lachaise.

Pour ceux que ça intéresse, ils peuvent aller sur le site de l'asso qui organise les concerts :

www.naxosbobine.org
cette asso fonctionne en partenariat avec la compagnie Prométhée, qui est à l'initiative du projet en question

www.ciepromethee.org


Sinon voilà un texte de présentation du lieu par l'association

"Agencé sur deux niveaux, le lieu comprend un espace d'accueil au rez-de-chaussée, une salle, en sous-sol, et plusieurs ateliers privatifs dans lesquels travaillent toute l'année artisans, artistes et associations assurant à naxos bobine son indépendance financière et politique.

Grâce à cette gestion de l'espace, nous nous sommes affranchis des enjeux économiques courants ( billetterie, bar, salaires, remplissage de la salle par nécessité de rentabilité...) afin de développer envers les compagnies accueillies et le public la rencontre humaine et la réflexion collective plutôt que le rapport d'intérêt.

Depuis octobre 1996, naxos bobine invite des artistes à présenter leurs travaux dans un esprit d'expérimentation et de rencontre.
Le public est toujours invité, il se charge d'amener quelque chose à boire, ou à manger, à partager après le spectacle.

Une adhésion est demandée à chaque personne désirant investir la salle de travail afin d'y expérimenter sa propre approche théâtrale, musicale ou plastique et d'en proposer des présentations."

(là, les artistes ne sont pas concernés, puisqu'il ne s'agit que de concerts).

Voilà.

Il y a toujours moyen de se rencontrer si ça intéresse quelqu'un. Il ou elle peut venir nous écouter. Ca paraît toujours un peu spécial pour les personnes qui ne connaissent pas cette musique-là, mais c'est toujours une expérience enrichissante quand on prend la peine d'écouter.

Coralie

skydiver
07/04/2006, 20h02
Merci pour ces précisions.
Mais pourquoi l'ikebana? La musique associée aurar-t-elle une tonalité (si j'ose dire) japonaise?
Quel type de saxophone sera joué?

coralied
07/04/2006, 20h17
Non, la musique ne sera pas japonaise. Ce sera de la musique improvisée, point. Il y a d'ailleurs une scène japonaise très importante dans ce domaine, et la musique qui s'y pratique n'est pas plus japonaise que la musique improvisée pratiquée par des français n'est française.

Non, c'est simplement que je pense que
1. C'est beau à voir, quelqu'un qui compose avec du végétal.
2. Ca permet de faire une composition qui dure dans le temps, et surtout, qui n'a pas le même rythme tout au long de son déroulement. Beaucoup de choses peuvent en faire partie, de la préparation du matériau jusqu'aux derniers arrangements.
3. C'est un art à part entière, et je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas l'associer à une autre discipline artistique. Et que ce soit une discipline japonaise n'est finalement pas un argument en soi.
4. On voit toujours associés musique et théâtre, musique et danse, musique et vidéo. La pour le coup ça apporterait autre chose, l'action se passe ailleurs, et c'est vraiment captivant, en tout cas, de mon point de vue.

Quant au sax, c'est un ténor. Je suis mezzo. NOus faisons tous les deux appel à des modes de jeu qui, du coup, rendent la tessiture des deux instruments beaucoup moins déterminante qu'en jazz ou en classique. Le mieux c'est encore d'écouter.
Ce que je peux dire, c'est que notre esthétique n'est pas "violente". ON cherche souvent à développer une temporalité assez lente, à étirer les évènements sonores dans le temps, même si ce serait idiot de dire qu'on fait de la musique zen. Ce serait peut être une chose qui concorderait avec l'activité de l'ikebana.

skydiver
07/04/2006, 20h26
Merci à nouveau pour tes réponses.
Mais je vais arrêter là car, suite à mes questions, notre conversation aurait plus sa place au sein du forum "Musique".

Bon courage en tout cas et, si possible, j'irai voir le spectacle.

keya
09/04/2006, 20h56
Ce que je peux dire, c'est que notre esthétique n'est pas "violente.
ah bon, je voyais un Elliott Carter en vivace se marier avec l'arrangement floral. Rhythmiquement parlant, John Cage, Tohru Takemitsu, quelque chose comme ça, sachant que ces derniers s'intéressèrent à la spiritualité japonaise?
Cela doit être HS (bien placé néanmoins dans le présent forum), mais, en tant qu'architecte, je m'intéresserais à la façon dont vous allez concilier la différence de l'échelle entre espace lié à la gestuelle artisanale et espace musical (peut-être y a-t-il un dispositif scénographique particulier…). Enfin, votre spéctacle commence à travailler mon esprit. Perso, je ne résiste mal à tout ce qui est expérimental.
Bonne préparation

coralied
10/04/2006, 10h29
Merci
Si je disais "ça va ressembler à " tel ou tel type d'évènement musicalo-théâtral, je serais à coté de la plaque, parceque ça ne serait plus vraiment de l'impro, ou alors une impro très cadrée, ce qui n'est pas exclu en soi, mais pas dans le cadre du spectacle tel qu'on le conçoit. Et encore, ça serait très superficiel, étant donné qu'on ne sait pas ce qu'on va jouer, ni ce qu'un autre ferait comme composition.
Après, ce que tu dis sur Elliott Carter, ça ne concerne qu'Elliott Carter. Il faut cesser de coller des étiquettes sur des musiques qui restent tributaires d'individus tous différents les une des autres. Il y a des esthétiques très différentes dans le contemporain et dans l'impro, même si il y a aussi des influences. L'impro souffr d'une chose : les gens qui organisent des spectacles et qui sont indépendants des artistes qu'ils font jouer mettent souvent ces mêmes artistes dans des situations où ce n'est plus la musique qui compte, mais souvent uns espèce de happening que les musiciens n'ont pas souhaité et qu'on leur impose, d'ù le préjugé que les gens se font sur une musique improvisée équivalant à du bordel, et un manque de maitrise technique et musicale.
Comme toujours, c difficile de faire comprendre que ça n'est pas parcequ'on associe des disciplines qui peuvent paraître connotées (ie ikebana=japon, musique improvisée = une certaine vision de la musique contemporaine, ou happening, ou un grand n'importe quoi, ce qui n'est pas nécessairement vrai , mais plus un cliché) qu'on aboutit à l'addition des deux dans le résultat, à savoir un spectacle japonisant plus ou moins bordélique. Non, ce sera, si on trouve quelqu'un d'ailleurs, (j'ai pas l'impression que ce soit gagné) juste la rencontre de deux disciplines artistiques, et je serais incapable de prédire ce que les spectateurs vont ressentir ou penser face à ce spectacle. S'ils veulent établir des correspondances ou trouver ça japonisant, ils pourront le faire, même si rien dans le spectacle lui même s'y prête. Sur le plan scénographique, je crois que ça doit rester équilibré, et ça peut l'être compte tenu de l'effectif, comme de l'espace occupé par le son et le visuel. La scénographie ne doit pas selon moi être prédéterminée mais correspondre aux besoins de chacun pour "faire ce qu'il a à faire".
Mais tes remarques sur la scénographie sont très intéressantes. Peux tu développer ton point de vue, stp?

PAr ailleurs, je n'ai toujours pas de proposition d'ikebaniste. Donc il n'y aura peut être pas de spectacle.
Avis aux amateurs.
PS je sais qu'on tend à sortir du cadre du forum, mais j'espère qu'on va me répondre, même si les discussions qui en ressortent sont très intéressantes.

keya
12/04/2006, 21h38
Si j'aborde quelques noms de compositeurs, je me place à un niveau non superficiel, disons la topologie de la création. Lorsque j'écoute la musique, chaque compositeur ou morceau de musique évoque en moi un certain espace (ou une scène visuelle). L'étiquetage sert à communiquer ma compréhension du langage artistique (tant musical que visuel).

L'improvisation, c'est bien, mais à mon humble avis, il vaudrait mieux appuyer la représentation sur une analyse scénographique des éléments du spectacle et sur une théorie artistique. Mais peut-être ce que je dis n'a pas de sens, étant donné qu'on est issus de deux cultures différentes (moi, le projet et le visuel, toi l'impro et le musical ; qui plus est, moi japonais, toi français…).

J'ai parlé de la scénographie en rapport avec la spatialité de l'activité. L'arrangement floral est un art qui consiste à mettre en scène des espaces que constituent les éléments de plantes utilisées. La spatialité qui est en jeu est minuscule. L'activité qui s'accompagne de cet art est non moins large, mais aussi elle se déroule en position d'assise. Pour observer cette activité, le spectateur devrait placer un point de vue particulier.

Or, l'espace que recouvre la musique de chant est bien large que l'ikebana. Je me demande si on cherche un croisement de stimuli "musico-visuels" à ce niveau ou à une autre dimension. Certes, tout comme le cas de l'ikebana, l'activité du chant a une gestuelle qui lui est propre, essentiellement liée à l'activité articulatoire (articulation phonatoire permettant de dégager un son amplifié et rythmé). Mais si on cherche à attirer l'attention du public à ce niveau, il faudrait avoir dispositif permettant de se focaliser sur ce point de vue.

Mais peut-être tu cherches autre chose. L'ikebana n'est que le prétexte qui procure une inspiration instantanée aux musiciens qui sont en fin du compte des "spectateurs" du déroulement de l'arrangement floral. Dans ce cas, on peut considérer le public, spectateur direct du chant, comme un spectateur indirect de l'ikebana. Ainsi le chanteur est une sorte de conteur in situ ou en aparté qui raconte le déroulement de l'ikebana. Le contenu du spectacle est de fait "visuo-musical".

En tout cas, je m'intéresse beaucoup au domaine musical, depuis que j'ai fait un projet d'un conservatoire de musique (j'ai appris qu'il existe pas mal de choses écrites sur le rapport archi et musique). Mon intérêt pour la musique concerne non seulement le rapport entre visuel et musical (là, il y en a beaucoup qui se sont penchés sur cette question, comme Klee, Schönberg, etc.), mais aussi le processus de conception (Goethe disait "l'architecture est la musique pétrifiée"). Un jour, ça me plairait bien de discuter de l'art tranquillement avec un apéro.

Sur ce, à bientôt.

PS.
Une de mes citations préférée:

Ingres soll die Ruhe geordnet haben; ich möchte über das Pathos hinaus
die Bewegung ordnen (Paul Klee, Tagebuch)
Selon Klee, on peut donc s'amuser à ordonner le mouvement…

coralied
13/04/2006, 09h27
Je comprends ton point de vue.
Effectivement, tu parles de concept et de composition, alors que nous sommes dans l'improvisation et n'avons pas de concept prédéfini, si ce n'est l'idée de la rencontre. Nous pourrions en avoir un , si nous nous connaissions et mettions au point un spectacle au préalable.
Pour l'espace, as tu songé que nous sommes 2 musiciens? Il y a un saxophoniste. Par ailleurs, l'espace change en fonction des modes d'émissions du son, de la construction du temp, du rapport entre les musiciens. L'espace change en fonction de l'activité de l'ikebana. Certes l'espace occupé par la personne qui fait de l'ikebana est petit, mais il est son espace. Nous occupons un autre type d'espace. Nos mouvements sons quasi imperceptibles, et quand bien même on attirerait l'attention visuelle, nous ne le ferons pas comme le fera l'ikebana. Visuellement, nous ne prenons pas d'espace, car l'attention du public se focalise sur le son, et sur l'image de la personne qui fait de l'ikebana.Le spectateur s'adapte à l'espace qu'on lui propose.
As tu également songé au fait qu'il y a interaction dans les deux sens? ou pas d'interaction obligée?
EN effet, nous pouvons nous aussi influencer la composition florale (c'est aussi le but recherché) même si nous ne controlons pas cette influence. Par ailleurs, nous ne cherchons pas forcément à "traduire" volontairement ce que fait l'autre.
Et enfin comme dans beaucoup de musiques, y compris l'improvisation, des situations ou chacun construit son discours indépendamment des autres on t tout autant de possibilités d'exister et peuvent avoir leur intéret pour ceux qui les créen et ceux qui les écoutent. C'est comme au théâtre ou au cinéma, en vidéo, dans un tableau, et...

coralied
13/04/2006, 10h14
PS je comprends ce que tu veux dire par étiquette, mais je reste quand même certaine qu'il faut s'en débarrasser : lis Bergson si tu ne connais pas déjà (sur le langage et la pensée).
au fait pour l'apéro, j'ai oublié de te répondre; mais ce serait avec plaisir à l'occasion. J'aime beaucoup l'architecture (père archi), même si je ne m'y connais pas trop. Je connais un peu l'architecture japonaise, et je suis assez admirative de votre capacité à "mettre en scène " l'espace, même aui travers du quotidien le plus simple.
Quant à la scénographie, et à la nécessité de "grossir" (si c'est ce que j'ai compris) l'espace de l'ikebana par un dsipositif, je comprends ce que tu veux dire. Mais là c'est un rpblème de moyens et de langage : ça déclenche d'autres choses, ça complexifie le problème,et finalement je pense que le public voit son attention dispersée. Parfois, le coté artisanal, brut, a son intérêt. ON est obligé de porter son attention vers quelque chose, quand ce quelque chose occupe finalement peu d'espace.

keya
15/04/2006, 10h19
Je ne sais pas si on peut tracer une ligne de partage nette entre conception et improvisation. Quand je conçois un espace, c'est un peu comme une improvisation : avec un moment d'arrêt de respiration, je balance une forme avec toute ma sensibilité sur le papier afin d'ordonner l'océan du projet. N'est-ce pas une sorte d'improvisation? Pour concrétiser une idée en forme 2D ou 3D, j'ai besoin d'une telle attitude très particulière face au projet. Mais cela est un autre débat…

J'entends bien qu'il y ait deux musiciens. A lire tes lignes, je pensais que ce à quoi vous visez s'appuyerait sur le mouvement visuo-musical des performeurs et à la coordination kinésique de ces derniers (ce qui est connu sous le nom du modèle de l'orchestre de Watzlawick ou de la théorie de synchronie interactionnelle de Condon, si je m'abuse des références communicatologiques).

Mais a priori, la base de votre spectacle semble être une superposition de deux types de stimuli, dont l'œuvre est soit l'interaction de ces derniers, soit la "distance" entre eux (un sorte d'art d'ikebana mutisensoriel). Pourquoi pas alors considérer votre spectacle comme ikebana, avec des matériaux chromatiques, kinésiques, musicaux…? Pour ce faire, il faudrait un petite analyse préalable d'un cadre de représentation et notamment déterminer le noyau du spectacle à montrer au public, afin de se concentrer sur l'acte d'improvision au moment du spectacle… (je m'arrête là, parce que je commence à dériver)

Merci pour la référence bibliographique. Bien que j'aie lu pas mal de choses sur le langage, Bergson n'est pas dans ma bibliographie (sauf le livre sur le rire…). Je le lirai à l'occasion.

Bonne continuation

PS.
L'art d'espace multisensoriel est un domaine fort intéressant. Moi aussi, j'aimerais arriver un jour à créer quelque chose à partir de l'espace qui donne une sensation musicale, tactile, olfactile…, car je suis persuadé que la spiritualité habite un tel espace et que ce type d'espace manque cruellement à la société de nos jours. Et cela, un rêve polysensoriel d'un monosensorialiste…

keya
22/10/2006, 19h52
Il y a quelque jours, un après-midi, à Odéon, j'ai assisté à un concert en plein air, en présence de 6 ou 7 personnes en train de dessiner quelque chose à l'improviste derrière le quintetle. Bien que la forme soit différente de ce qui est proposé ici, les résultats étaient un peu comme j'avais imaginé : problème d'échelle au niveau visuel. Certes, les dessinateurs étaient amateurs mal habillés, les musiciens ont joué des morceaux classiques, le spectacle n'était pas scénographiquement encadré… Je pensais que ç'aurait été mieux sans la présence des dessinateurs. Bach devant le parvis du théâtre d'Odéon, c'est quand même agréable (mais je suis parti quand il passe à Vivaldi).

keya, qui s'intéresse à la scénographie musicale