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Afficher la version complète : Oeuvre littéraire Japonaise - Gibier d'élevage - Ôé Kenzaburô



Catinus
28/06/2005, 19h55
En pleine guerre, un avion américain s'écrase dans les montagnes japonaises. Le rescapé est aussitôt fait prisonnier par les villageois. Mais, oh surprise, il est noir ...
Personne dans le village ni même dans la petite ville toute proche n'a encore vu un Noir. Que faut-il donc en faire ? Le tuer ? Pourquoi, ce n'est pas un ennemi ... Un Noir ! Il s'agit plutôt d'un animal et il faut le traiter comme tel. Il sera donc désormais considéré comme un gibier magnifique.

On l'aura compris, c'est pour l'auteur Ôé, l'occasion d'étaler le racisme primaire des ses concitoyens.

Ce qui m'a le plus impressionné dans ce court roman, c'est le clivage de la société japonaise de l'époque. Il y a le mâle adulte qui a du pouvoir. Puis les femmes et les enfants qui ne sont rien ou pas grand chose. La population de la ville et celle de la campagne - dénommée " les crapauds "- . Mais je crois que j'en rajoute un brin... en tout cas je l'espère.

A la lecture de cet ouvrage, je me demande comment doit réagir la jeunesse nippone actuelle. C'est pour elle, je pense, un recit complètement moyenâgeux, loin de toute leurs préoccupations de ce début de XXI ème siècle.

Me trompe-je ?

Sekiko
01/07/2005, 12h55
Le prisonnier est noir d'une part mais surtout réscapé d'un avion ennemi américain en pleine deuxième guerre mondiale. Pour les villageois c'est un prisonnier de guerre dont ils ne savent pas quoi faire, ne pouvant communiquer avec lui, méfiants, ils le traitent c'est vrai à l'égal d'un animal.
Ne serait-ce que sur le thème du prisonnier de guerre je pense qu'on peut lire cette nouvelle de façon plus universelle sans s'en tenir aux japonais par rapport aux noirs: cette lecture me paraît trop réductrice. Les exemples d'inhumanité envers des otages, des prisonniers bien plus barbares que ce qui est décrit dans gibier d'élevage ne manquent malheureusement pas dans notre monde contemporain.
Je ne pense pas que Oe décrivait ici la réalité sous forme de "reportage" mais plutôt sous forme de "conte".
C'est ma façon de comprendre cette nouvelle admirablement écrite.

nadia
07/07/2005, 15h22
Ce que j'en ai compris, de ce petit roman, c'est surtout l'absurdité de la guerre. Toute l'histoire est vue par un gamin, qui se demande toujours ce que veulent faire les adultes, est très impressionné (comme tous les autres gamins) par ce grand noir, et finit par se prendre d'amitié pour lui. Bon, je ne raconterai pas la fin, mais elle montre encore plus l'absurde de la situation.