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yokota
02/06/2005, 22h31
Un bon article sur la question :

Depuis sept mois, au moins 65 personnes se sont donné la mort après des invitations morbides sur la Toile

Les suicides collectifs organisés sur Internet se multiplient au Japon

Par Faustine Vincent

« Recherche : quelqu’un qui veuille mourir avec moi. Si tu es sérieux, envoie-moi s’il-te-plaît un e-mail. » Le message est signé Kenji, 35 ans, à Osaka. Ce type d’invitation morbide, déposée sur Internet, rencontre un succès foudroyant au Japon, où se multiplient les cas de suicides collectifs. Jeudi dernier, la police japonaise a encore découvert les cadavres de cinq personnes dans une voiture, à l’ouest du pays. Asphyxiées aux émanations de charbon de bois, le modus operandi le plus utilisé ces derniers temps par les candidats au suicide en groupe.
Le scénario est souvent le même : des individus fragiles ou dépressifs se retrouvent sur des sites consacrés au suicide. Au mieux, ils se confient, au pire, ils se rencontrent pour se tuer ensemble. Au moins 65 personnes se sont donné la mort dans des circonstances similaires ces sept derniers mois, et la police redoute que le chiffre soit bien en deçà de la réalité.
Si le phénomène reste marginal au regard des 30 000 cas de suicides enregistrés chaque année dans l’archipel, il n’en suscite pas moins les inquiétudes des spécialistes. « Certaines personnes disent à d’autres « je veux mourir, je veux mourir », et cela pourrait faciliter le passage à l’acte », prévient Takkeshi Tamura, professeur à l’université Gakugei, à Tokyo. Pourquoi se donner la mort à plusieurs ? « L’idée de mourir ensemble paraît dans un sens rassurante, analyse Yukio Saito, responsable d’un service téléphonique d’aide aux personnes en détresse, mourir seul demande plus de courage. »
Dès décembre dernier, le British Medical Journal avait mis en garde contre l’utilisation d’Internet par des suicidaires japonais. Il redoutait « une nouvelle vague » et la banalisation des suicides collectifs « impliquant des étrangers se rencontrant sur Internet ».
Ces dernières années, des dizaines de sites consacrés au suicide ont fait leur apparition au Japon. Nombre d’entre eux regorgent de conseils pour mettre fin à ses jours. Les forums de discussion fleurissent sur ce thème, et les indécis peuvent même consulter un guide des meilleurs endroits pour se tuer.
Dans un pays où le suicide est monnaie courante - le Japon détient le record mondial avec 24,1 cas sur 100 000 habitants chaque année, selon l’OMS -, les autorités s’inquiètent face à ces nouvelles pratiques, largement relayées par les médias. Pour limiter les risques, elles songent désormais à bloquer l’accès des sites incriminés.
Fin avril, des experts de l’Agence de police nationale (NPA) ont demandé aux fournisseurs japonais d’accès à Internet de supprimer les noms, adresses et informations personnelles des utilisateurs dont les messages invitent au suicide ou au meurtre. La NPA espère que cette mesure sera appliquée dès cet été. Mais des réticences subsistent : tenus à la confidentialité, les fournisseurs d’accès affirment qu’ils ne s’y plieront qu’en cas d’urgence. Et rappellent par la même occasion le versant positif de tels sites : offrir une écoute et une aide parfois salutaires.
Le malaise concerne un nombre croissant de jeunes Japonais. Et pour plus d’un million de jeunes Nippons, cette angoisse prend une forme radicale : la réclusion sociale pure et simple. Surnommés les « hikikomori », ils se cloîtrent dans leur chambre et fuient toute forme de réalité.
Aujourd’hui, les pactes macabres conclus sur Internet ont déjà franchi les frontières japonaises. En janvier, la Grèce a connu son premier cas de suicide arrangé via le Web. Un mois plus tard, la police américaine a déjoué une tentative de suicide collectif dans l’Oregon, au nord-ouest des Etats-Unis. Un jeune homme de 26 ans proposait, sur un forum de discussion, de se retrouver le jour de la Saint-Valentin, la fête des amoureux, pour se suicider dans la petite ville de Klamath Falls, où il vivait avec son père. Pas moins de 32 personnes avaient répondu à l’appel.

Maneki-Neko
03/06/2005, 10h04
Konnichiwâ tout le monde,

Pour ceux qui lisent l'anglais (gomen à tous les autres), voici un article du Yomiuri Shimbun (http://www.yomiuri.co.jp/index-e.htm/) trouvé ce matin sur leur site :


Suicides top 30,000 for 7th year



The Yomiuri Shimbun

More than 30,000 people took their own lives in Japan in 2004, which saw an increasing number of group suicides involving people who met over the Internet, according to a National Police Agency report released Thursday.

The number of suicides topped 30,000 for the seventh consecutive year.

Although the figure was down 6.1 percent, or 2,102, to 32,325 from the previous year, when it hit a record high, it was the fourth-highest figure since the survey started in 1978.

According to the report, debts and personal problems were the most common cause of suicide for men aged between 30 and 59, who accounted for more than 40 percent of the suicides.

While the economy has been picking up, the gap in incomes has become more serious, leaving men in the prime of their lives with financial difficulties.

The number of male suicides was down 6.8 percent to 23,272, while suicides by females dropped 4.3 percent to 9,053.

By age, men aged 60 or over accounted for the largest number at 7,015, followed by 6,128 men in their 50s, 4,074 men in their 40s and 3,200 men in their 30s.

Of the 10,443 people who left suicide notes, 4,087 said they were killing themselves because of ill health, followed by 3,436 who blamed financial and livelihood problems, followed by family troubles cited by 1,009, among other reasons.

However, financial and livelihood problems remained the most common reason for men in their 30s, 40s, and 50s with 382, 702 and 1,235, respectively, killing themselves for this reason.

Suicides by primary and middle school students decreased by 14 percent to 80, and those by high school students were down by 9.3 percent to 204.

Group suicides by people meeting over the Internet surged by 21 to 55 from the previous year, the first year data on such suicides were compiled.

By prefecture, Tokyo topped the list with 2,691 people committing suicide, followed by Osaka Prefecture with 1,933, and Kanagawa Prefecture with 1,660. Tokushima Prefecture closed out the list with 176 suicides.

Between 1978 and 1997, there had been between 20,000 and 25,000 suicides per year. However, since 1998, when the figure increased by 35 percent to 32,863, exceeding 30,000 for the first time, it has topped 30,000 every year.


Copyright 2005 The Yomiuri Shimbun



Tout cela ne nous dit pas quelle est la place du Japon par rapport aux taux de suicide dans les autres pays. Evidemment quand j'exprime à mes connaissances non-nipponophiles mon amour pour le Japon, le sujet du suicide arrive très souvent sur le tapis :roll:

J'ai tendance à parler de cliché, de légende urbaine et à dire qu'il faut relativiser, j'ai cependant peu d'arguments concrets à leur avancer.

Peu d'entre-eux admettent que le nombre de suicides là-bas provient plus d'une perception sociale (impact moindre des tabous judéo-chrétiens / valorisation du courage par rapport à l'acte par rapport à une vision de fuite des responsabilités) que d'un mal-vivre au sein de la fourmilière (comme dirait peut-être Edith Cresson). C'est frustrant... :evil:

Bref. Je :arrow:
Bonne fin de semaine à tous!

Mata ne

MN

catlois
04/06/2005, 23h07
le suicide au japon est une vaste question tant au regard de sa portée culturelle ( la mort volontaire ayant un passé au japon profondément différent du rapport que nous occidentaux pouvont avoir, notamment en raison des différences d'appréhension de l'acte par la religion. cf un livre dont j'ai oublié le nom de l'auteur mais très intéressant en poche intitulé "la mort voontaire au japon") que sociétales (le japon ayant les même difficultés que la plupart des pays occidentaux à endiguer ce phénomène qui peut prendre, comme cette article sur les suicides collectifs en témoigne des aspects profondéments dramatiques.

il faut toutefois relativiser les chiffres évoqués. Certes le Japon a de nombreux suicidés en nombre total mais si l'on regarde le taux annoncé de 24.1 habitants pour 100 000 hbts, on se rend compte que le Japon est dans la moyenne européenne.(ce qui demeure tragique mais plus raisonnable).

En effet, l'Organisation Mondiale de la Santé, dans une note adressée aux journalistes évoque que :

"Les taux de suicide en Europe vont de 11 à 36 pour 100 000 habitants, les taux les plus forts enregistrés dans la Région européenne étant également les taux les plus élevés du monde. Certaines populations sont particulièrement exposées, telle la population masculine en Europe orientale. En Europe occidentale, toutefois, les adolescents et les femmes sont de plus en plus exposés. Les taux de suicide élevés vont de pair avec des taux élevés d’homicides et de blessures volontaires (16,6 pour 100 000 dans les NEI contre 7,2 pour 100 000 dans l’ensemble de la Région européenne) et d’accidents automobiles (15,6 pour 100 000 dans les NEI contre 12,7 pour 100 000 dans l’ensemble de la Région européenne).

Dans un pays du nord de l’Europe, on a calculé que le coût d’un suicide pouvait atteindre environ 2,5 millions de dollars des États-Unis, celui d’une tentative de suicide, 7 100 dollars. Dans un pays comme la Suède, où le nombre des suicides correspond assez à la moyenne, ces coûts équivaudraient à 1,5% du PNB annuel."

http://www.euro.who.int/mediacentre/pressbackgrounders/2001/20011128_1?language=french

Le Japon est donc loin d'être le premier pays au monde en matière de suicide ce qui devrait en partie permettre de réduire cette vision plutot faussée de ce pays.

Il demeure que culturellement (et j'en reviens à l'ouvrage précédemment cité) , le japonais (en tant qu'archétype de la société japonaise) peut se suicider avec panache, sans la moindre once de culpabilité mais par simple sens du devoir. Il me semble alors que la conception erronée selon laquelle le japon est le pays des suicidés proviendrait de cette fascination des occidentaux face à un acte qu'il ne comprennent pas et qu'ils ont appris à diaboliser (du fait des profondes traditions chrétiennes).

En ce sens, je te rejoins entièrement sur ce point de vue Maneki-neko.

Il est plus facile de railler ce que l'on ne connait pas hors de ses frontières que de régler ce que l'on ne veut pas voir en son propre foyer.

c'était le dicton du père fourras...

nadia
06/06/2005, 15h24
Oui, il faut relativiser à propos du suicide au Japon.

Sur le site du gouvernement français :

Situation de la France par rapport aux autres pays

La France n'est pas un cas isolé. Dans la plupart des pays occidentaux, les décès par suicide chez les jeunes sont devenus la deuxième cause de décès à l'adolescence, après les accidents de la route, et la première cause de décès chez les jeunes adultes.

Actuellement, la France se situe parmi les 10 pays les plus concernés dans le monde, avec l'Estonie, l'Autriche, la Suisse, le Danemark, la Russie, la Belgique, la Slovénie, la Lituanie et la Finlande.http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/suicide/11.htm
Donc selon notre gouvernement, le Japon n'est pas dans la liste des 10 pays les plus "suicidogènes" au monde.

Ce qui est le plus alarmant chez nous, c'est qu'il y a beaucoup de jeunes adolescents. Et ça, c'est super-tabou.

Autres articles :
http://www.med.univ-angers.fr/discipline/psychiatrie_adulte/cours/44-risque-suicide.htm
http://www.arte-tv.com/fr/histoire-societe/archives/770120,CmC=770118.html
(Arte met le taux de suicide en Lituanie à plus 50/100 000 !)