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Afficher la version complète : Histoire Les Trésors Nationaux Vivants



Mushin
02/03/2005, 17h47
Bonjour tout le monde, bien sûr!

J'ai découvert au fil de mes lectures, mais essentiellement dans des revues, l'existence des Trésors Nationaux Vivants. J'ai vu de vénérables personnages aux visages de sages en tenue d'apparat, forgeant une lame de sabre, façonnant une poterie...malheureusement, ce que j'ai lu n'apportait pas d'informations approffondies à leur sujet.

Ce titre "fort!" attribué à certaines personnes au Japon reflète l'immensité de la connaissance et la maitrise qui leur sont reconnues.

Alors, j'ai bien évidemment tenté de faire quelques recherches googlelisantes, mais franchement...fiasco total!

J'aimerais découvrir (entre autres) donc:

- depuis quand ce titre est il attribué?
- quels sont les domaines concernés?
- quels sont les critères qui déterminent son attribution et par qui?
- des femmes ont elles obtenu ce titre?
- de nos jours, ce titre est-il toujours attribué?

Voilà les questions principales que je me pose...je sollicite humblement le partage de vos connaissances sur ce thème...sans exagérer, vous seriez vous aussi des trésors vivants à mes yeux...:wink:

en vous remerciant par avance! :D

omote
02/03/2005, 18h02
Salut a tous.

Fait plutot des recherche qur "Bien culturel immateriel important" , c'est le titre reel. Par contre pour l'annee de creation ??? tres bonne question je vais faire des recherches.

Pour la petite histoire, pour les forgerons, les derniers, à ma connaissance, sont: Amata Akisugu et Osumi Toshihira

A+ Omote

Umi
02/03/2005, 18h10
Bonjour Mushin,

Par un grand hasard je relisais cette après-midi un vieux Télérama Hors-série sur le Japon,avec quelques lignes sur les "trésors culturels vivants". Ce n'est pas très approfondi mais il y a quelques réponses à tes questions. J'ai d'ailleurs retrouvé cet article sur le net, le voici:

L'artisanat

Le Japon, l'instar d'autres pays, a développé un riche artisanat. Une attention particulière attachée à la matière, même simple, comme le bois ou la glaise et l'affinement progressif des techniques de transformation ont permis la création d'outils et d'objets d'une grande diversité. Le bois a donné à une menuiserie très fine et à des ustensiles ménagers. La résine végétale a produit des laques, et les fibres du bois, du papier servant autant à l'écriture qu'à la fabrication de cloison mobiles dans les maisons. Des minéraux (grès, feldspath, argile) ont donné une grande variétés de céramiques, et des métaux naquirent un prestigieux métier des armes et des objets produits de la fonte.

Ainsi s'est conservé et affiné à travers le temps un savoir-faire artisanal qui a atteint un très haut degré de maîtrise dans les domaines de la céramique, des laques, des arts du métal, du bambou, du tissage ou encore du décor sur ivoire. Dans le domaine de la céramique, le seto noir et le shino, qui donnent des bols d'une apparence grossière, sont extrêmement réputés, sans doute pour cette expression particulière qu'ils donnent au sabi. Le sabi désigne à l'origine une notion esthique attachée à l'oeuvre du poète Bosho, et exprime le goût pour les objets portant la marque du temps. La connotation de dégradation s'estompe et se charge d'une dimension positive : elle symbolise l'éveil moral de celui qui trouve la sérénité dans la compréhension du passage du temps.

Dans le domaine des laques, les décors d'incrustation d'or (chonkin) ou de laques polychromes (kinna) sont également réputés. Pour les arts du métal, les techniques de confection des sabres, qui se sont transmises depuis l'époque Heian, produisent des armes d'un tranchant, d'une solidité et d'une finesse inégalés. Pour les tissus, le Japon développe un savoir-faire remarquable dans le tissage dela soie, l'impression au pochoir ou la création des brocarts. Cet artisanat a survécu en raison de son excellence et de la protection que les cours lui ont accordée. Très tôt, la noblesse de Heian (XI-XII siècles) s'est attachée le talent de renom. Les objets devaient posséder une double qualité : l'efficacité propre aux objets usuels, et la beauté, source de plaisir esthétique. Quand, à l'ère Meiji (fin du XIX siècle), le Japon s'ouvrit massivement aux techniques occidentales, des mesures furent prises pour soutenir les artisans, et des expositions commencèrent à être organisées.

Alors qu'émergeait le mouvement nationaliste, dans les années 30, la guerre et la pénurie des matériaux n'empêchèrent les autorités de protéger ces artisans, en qui ils voyaient l'un des symboles de cette "nipponité" qu'ils exaltaient. Après la guerre, un statut particulier distingua ceux des artisans qui possédaient un grand savoir-faire : en 1955 furent créés les "trésors culturels vivants". Dans un Japon sinistré, dont le patrimoine culturel connaissait une situation de désolation, se mit en place une législation pour la protection du patrimoine. Au moment même où le Japon se lançait dans la reconstruction de son appareil industriel et dans la modernisation de ses institutions politiques, il prenait des mesures adaptées à la préservation de son héritage, signe d'une ouverture à l'avenir qui ne passait pas par un renoncement au passé, mais au contraire par sa sauvegarde. Depuis lors, quatre-dix-neuf artisans représentant les "arts décoratifs" ont été élevé au rang de détenteurs de "bien culturels importants". Ils perçoivent une pension, à charge pour eux de perfectionner et transmettre le savoir qu'ils incarnent.

Aujourd'hui, la plupart d'entre eux sont très âgés : Ikkoku Kashima, nommé détenteur d'un "bien culturel intangible" en 1979 dans le domaine de la gravure sur métal est né en 1898. Ikkei Kakutani, distingué en 1978 pour ses chaudrons servant à la cérémonie du thé, vint au monde en 1904. Consacrés aujourd'hui au titre de la tradition qu'ils représentent, les artisans pourraient l'être également pour le rôle qu'ils jouèrent dans la modernisation du Japon. Ils n'ont cessé de perfectionner leur technique, produisant des objets d'art que leurs compatriotes admiraient tant que ces maîtres devinrent des modèles.

Ils avaient adopté au cours du XVIIIème siècle une religion, le shingaku, qui associait le travail et la vertu de la réussite économique et sociale. Cette évolution du sentiment du temps et du travail préfigurait le capitalisme, qui se développa au XIXème siècle. L'institution particulière des "Trésors nationaux vivants" renvoie ainsi à une dimension centrale de la culture japonaise : le Japon est "moderne sans être occidental", par la vertu des relations souples qui unissent développement et héritage, présent et passé. Modernité et tradition se complètent au lieu de s'opposer, comme l'occident, trop sommaire peut-être le conçoit.

omote
02/03/2005, 18h24
Salut a toi Umi sama.

T'es certaine du terme "trésors culturels vivants", j'ai plusieurs dossiers qui parlent de "Bien culturel immateriel important" pour le japon et pour l'europe "tresors culturels vivants" ??? Lequel est le bon alors ???

A+ Omote

Umi
02/03/2005, 18h26
Un peu plus sur le site de l'Unesco:

http://www.unesco.org/culture/heritage/intangible/treasures/html_fr/method.shtml

Il est intéressant de voir que ce programme de protection créé dans les années 50 a inspiré depuis toutes sortes d'actions similaires dans le monde . J'ai appris qu'en France on avait des "maîtres d'art" , vous connaissiez :?:

En France, en 1994, le Ministère de la Culture a élevé quelques 20 personnes au rang de "Maîtres d'Art" Il s'agit d'une nouvelle distinction réservée aux artisans connus pour leur savoir-faire et leur talent exceptionnels. Ils ont pour mission de transmettre ce savoir-faire et cette maîtrise aux générations suivantes.



EDIT: salut Omote-san, le terme "bien culturel important" semble être un degré honorifique selon l'article ci-dessus. Sinon l'Unesco parle de "Trésors nationaux vivants". Attendons l'avis des spécialistes :!:

omote
02/03/2005, 18h31
Salut a tous.

Cool , merci Umi sama.

A+ Omote

ToyamaNoKinsan
02/03/2005, 19h21
Comme il a ete deja dit plus haut, les Tresors Nationaux Vivants ( 国宝 ) ont ete institues dans les annees 1950 pour proteger le savoir-faire traditionnel, des avancees techniques jugees inexorables des l'apres-guerre.

Bien evidemment, cette Legion d'Honneur de l'artisanat d'art continue de prosperer de nos jours, on ne voit d'ailleurs pas ce qui pourrait entrainer sa disparition car ces dernieres annees, on assiste a un regain d'interet pour les arts traditionnels, la pratique de l'ikebana se placant juste apres l'apprentissage de l'anglais dans le classement des passe-temps les plus pratiques en 2004 par les femmes de 20 a 30 ans (source: http://mdn.mainichi.co.jp/news/archive/200503/01/20050301p2a00m0dm007000c.html)

Les categories sont au nombre de 17 si je n'en oublie pas, avec des degres variables d'excellence suivant chaque categorie:
_ Le Gagaku (musique traditionnelle type imperial: 1 degre d'excellence)
_ Le Noh (8 degres)
_ Le Bunraku (4 degres)
_ Le Kabuki (6 degres)
_ Le Kumiodori (1 degre)
_ La musique (22 degres)
_ La danse (2 degres)
_ Le Vaudeville (appelation retenue, 1 degre)
_ La poterie (16 degres)
_ Le textile (22 degres)
_ La laque (6 degres)
_ Le travail du metal (ce qui inclus la forge des katana, 6 degres)
_ Le travail du bois (1 degre)
_ Le travail du bambou (1 degre)
_ La fabrication des poupees (1 degre)
_ Le travail de l'ivoire (1 degre)
_ La fabrication du papier (1 degre)

Pour en savoir plus, cliquer ci-dessous:
:arrow: http://www.everything2.com/index.pl?node_id=1522207&lastnode_id=1372629 (en anglais)
:arrow: http://www.nihon-kogeikai.com/KOKUHO-E.html (visite de collections de "Tresors Nationaux Vivants" en anglais)

En bonus:
:arrow: http://www.emuseum.jp/ (visite d'une collection de "Tresors Nationaux" en japonais, francais, anglais et coreen)

Mushin
02/03/2005, 19h26
ouh lala!...que du bonheur! :D

merci Umi et Omote pour vos réponses très instructives et déjà fort précises en terme de terminologie, datation, domaines concernés...!

Par-ailleurs je ne connaissais pas cette correspondance possible avec "les "Maitres d'Art" français, comme on le voit fort récente. Est-ce que cela aurait un lien avec les maitres qui oeuvrent dans le cadre du compagnonage?

en tout cas, grâce aux pistes nouvelles que vous proposez, mes recherches vont pouvoir se poursuivre sur de meilleures bases!

On se tient au courant dés que possible!

beaucoup merci! :D


Oups! J'ai posté en même temps que Toyama que je remercie infiniment, et n'avais donc pas lu ta réponse!
Et bien! voilà des informations fournies et pointues!
Dans la liste que tu nous transmets Toyama, on ne peut évidemment ne pas remarquer "Vaudeville"...vu comme cela, comparé aux autres arts évoqués, cela parait cocasse! Mais c'est sans doute que le terme utilisé est particulièrement connoté en France...

En tout cas, j'ignorais complètement que les domaines musicaux et du théâtre étaient concernés.

merci à tous pour vos liens, et là, je n'y tiens plus, je vais y faire un long tour!

skydiver
02/03/2005, 21h17
Permettez moi d'ajouter les Arts Martiaux dont certains Maîtres ont obtenu le titre de Trésor National Vivant.

asagiri
03/03/2005, 09h14
bonjour

nous voici bien dans la grande tradition du Japon.org
que dire de plus que merci a toutes et tous