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Afficher la version complète : Oeuvre littéraire Japonaise - Je suis un chat - Natsume Sôseki



Catinus
12/02/2005, 16h27
" Je suis un chat " de Natsume Sôseki, Connaissance de l'Orient / Gallimard. 2004.
438 pages. Isbn : 2-07-070634-6


Un chat est hébergé chez le professeur Kushami. Il est dans cette maison comme il pourrait très bien ne pas y être : comme on dit, il fait partie des meubles. Son nom ? Il n'en a pas. Nous l'appelerons donc " notre chat ".
S'il ne sait pas parler aux êtres humains, il voit tout, comprend leur langage et sait même lire les lettres privées... Pratique !

Notre chat déteste les êtres humains. Il les trouvent stupîdes, imbus de leurs petites personnes, s'agitant sans cesse dans des activités aussi vaines que ridicules.
Texto : " Voici une bonne définition de l'être humain : il suffit de dire que ce sont des individus qui se créent sans cesse des choses dont ils n'ont pas besoin et passent ensuite leur temps à s'en plaindre . "

Un des intérêts majeur de ce roman, extrêment drôle, réside dans les conversations qui se tiennent chez le professeur, un être grincheux et misanthrope, qui reçoit des " amis " tous aussi farfelus que lui. Sous les yeux très attentifs de notre chat, les oreilles bien tendues... et qui nous livrent ses petits commentaires acerbes.
Pour exemple, " on " épiloguera sur " l'écriture de poème d'un genre moderne ", de doctorats traitant " de le Dynamique de la pendaison et de la Stabilité du gland ", d'une " Étude du mouvement des corps célestes".

Et on s'y chamaillent beaucoup chez le professeur. A commencer par lui, sa femme, ses filles, la bonne. On s'y crèpe le chignon.
Le roman fourmille de " bas de pages " , soit des références à la culture japonaise. Les discutailleurs s'envoient à la figure des maximes, proverbes, extraits d'oeuvres littéraires de toutes sortes. Ce qui transforme ces joutes verbales - à propos de tout et n'importe quoi - en des théses, dialogues, monologues qui se veulent très tendance pour l'époque mais qui, parfois, tournent au ridicule, but voulu par l'auteur.

" Je suis un chat ", dit-on en quatrième de couverture " suffit amplement à démentir l'opinion si répandue selon laquelle les Japonais manquent d'humour ".
J'ajouterai que l'on pourrait très bien assimiler, sous certains aspects, le style de Natsume Sôseki à celui de Nicolas Gogol.

Une splendeur !!!

Sojobo_Musashi
13/02/2005, 11h15
j'ai adoré ce livre à l'humour fin et très bien écrit

29/03/2005, 12h54
Par contre la fin à la "Paf le chien" est décevante.

keya
29/03/2005, 13h43
Qu'est-ce que tu entends par à la "Paf le chien?"

Elvis
29/03/2005, 14h08
"Tu connais l'histoire de Paf le chien?
-non...
-une voiture passe et PAF le chien..."

C'est une vieille blague francaise, courte...

Tanaka115
29/03/2005, 15h24
Cependant la fin à la "Paf le chien" s'explique par le mode de publication du bouquin, il me semble qu'il s'agissait d'épisodes que les lecteurs découvraient dans leur journal favori, alors il fallait que bien que Sôseki en finisse une fois pour toutes et cela en peu de temps (comprendre d'espace dan sle journal)...

D'où, aussi, la sensation de monotonie (dans le rythme) qui apparaît à la lecture. Il vaut mieux lire le bouquin petit à petit, à mon avis.

Sinon, j'ai quand même rarement autant rigolé en lisant, et quelle subtile mise en abîme ! Sôseki se met à la plce de son propre chat pour se critiquer lui même et ses amis.... vraiment hilarant !

PS : Si vous voulez voir le fameux chat/narrateur de Sôseki, précipitez vous sur le manga de Taniguchi "Au temps de Bôtchan" Volume 1 !

keya
29/03/2005, 16h01
Ah oui? on apprend des choses dans ce poste. Moi perso, je pensais qu'il s'agissait de l'éphémérité ou l'absurdité de la vie que représente cette fin à la Paf le chien (ha ha, j'ai appris une expression!). Comme vous le savez peut-être, Soseki fît sienne la philosophie boudhiste (en particulier le zen) en fréquentant assez sérieusement la scéance du célèbe moine de l'époque… mmm, j'ai oublié son nom. Mais durant sa vie, n'arrivant pas à atteindre à un certain satori, il souffrit, me semble-t-il, d'un conflit interne. C'est le sujet même de "Pauvre cœur des hommes"). Dans l'Oreiller d'herbes, on lit non seulement le lien étroit entre art et zen, mais aussi la valeur "idéalisée" de sa philosophie à la fin, à savoir la beauté de l'art et la compatience… Oops, je suis allé alleurs, désolé~

Umi
29/03/2005, 18h29
Pour moi cette fin soudaine évoquait aussi le bouddhisme et le caractère passager et fragile qu'il prête à la vie. Mais c'est vrai que le chat n'est avant tout qu'un outil narratif, le fil conducteur d'une série de portraits satiriques d'humains et qu'une fois son rôle accompli, il peut disparaître.(et plouf le chat :wink: )

Voici ce qu'écrit Jean Cholley dans la préface de l'édition chez Gallimard:



La mort du chat à la fin du roman est un expédient auquel Sôseki a recours pour se débarrasser d'un feuilleton qui commençait à le lasser, mais il a réussi à en faire un peu plus qu'une échappatoire pour prendre congé de son public. L'agonie du chat ressemble à la vie de l'homme telle que la conçoit Kushami [son maître], une lutte où il s'enfonce toujours plus dans un marécage de difficultés et de souffrances jusqu'à ce qu'il comprenne enfin la vanité de ses efforts et cesse de résister pour entrer dans le repos.

Tanaka115
29/03/2005, 18h40
Je n'avais proposé qu'une solution "pratique" à la disparition du chat... il va sans dire que dans ce cas, fond et forme semblent s'allier harmonieusement.... :)