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Afficher la version complète : L'exces de travail tue, une realite mais pas une generalite



Gwilhou
27/01/2004, 11h27
Paru dans le Nikkei de ce matin, une jeune fille de 23 ans, Yuko Tokawa, est decedee a son lieu de travail dans les toilettes.

Cause: horaires impossibles et ecrasants seraient la cause d'une fatigue excessive ayant provoque la mort de la jeune fille. Non ce n'est pas un suicide! La mere de la victime a engage des poursuites contre la compagnie dont le nom n'a pas ete cite.

J'ai essaye de trouver un lien internet mais je n'ai helas rien trouve a ce sujet. Si vous etes passe par cet article...

Avez vous deja entendu des cas comme celui ci ?

Si vous trouvez plus d'informations sur le net, n'hesitez pas!

SeTZeR
27/01/2004, 13h07
il me semble avoir lu dans un vieux Courrier International un article sur ce problème de sur-travail engendrant parfois des décès. Je vais essayer de retrouver cet article (si je l'ai toujours...).

Naginata
27/01/2004, 13h15
cela me parait tellement irréaliste...

Gwilhou
27/01/2004, 13h20
En France ou en Europe en general, c'est certain !

erwan
27/01/2004, 13h55
Ca s'appelle le KAROSHI (過労死). Il y en avait plus a l'epoque de la bulle.

Resheph
27/01/2004, 19h28
Moi ce qui me depasse c'est que quand on est à 2 doigt de mourrir d'epuisement on doit pas être encore en état physique d'aller travailler...
C'est quoi precisemment les causes de ces décés? Le coeur qui lache?

Mushin
27/01/2004, 20h53
les "syndrômes d'épuisement professionnel" ou "burn out" peuvent prendre des formes assez variables et sont souvent assez insidieuses dans leur évolution et leurs manifestations....

ces syndrômes "font leur nid" à partir des fragilités psychologiques et physiologiques des personnes.

Ils peuvent prendre aussi des formes "paradoxales", c'est à dire ne pas forcément se traduire par d'énormes fatigues physiques et/ou morales, mais par de l'hyperactivité (de façade le plus souvent...)


c'est un vaste sujet en fait!...

il est vrai que je ne sais pas si en France, des décés ont été directement reliés à des "épuisements professionnels"...


Annick :cry:

tchotto
27/01/2004, 22h57
:) salut à tous et à toutes ....encore vivants !
Merci à Mushin pour son explication et ses éclaircissements sur ce sujet déjà abordé ...(voir archives ) .
Beaucoup de japonais qui " n'en peuvent plus", qui sont exténués, au bout du rouleau ... n'attendent pas que la nature fasse son oeuvre comme cette malheureuse dont parle Gwilhou , mais anticipent leur fin en ...se suicidant !
Probablement que cela se passe de la même manière en Occident ! ?
Mushin doit déjà avoir rencontré cette catégorie de " gens usés " ...avant qu'ils ne passent à l'acte , s'entend !
Sont-ils récupérables ou portent -ils toujours des séquelles de manière chronique ? ...Ki o tsukete ! Attention au surmenage les gars !

Mushin
27/01/2004, 23h11
En fait, ma propre profession (infirmière) est particulièrement exposée à ce syndrôme... :lol:

Annick :?

27/01/2004, 23h51
Salut,

On m'avait déjà parlé de ça deux trois ans de celà. Après une mini recherche sur G**gle, voici ce que j'ai retenu de mes lectures :

Le phénomène du stress au travail est répandu dans nos pays développés... même en Europe ( n'avez vous pas lu ces articles intitulés "attention au stress, à la dépression au travail" ? ) mais sous diverses manifestations et symptômes ( comme le dit Mushin ).

Au Japon le phénomène est plus "spectaculaire" dans la mesure où les symptomes menent à la mort, et il me semble qu'ils ont été les premiers à réaliser des enquêtes sur ces faits ( à vérifier ).

Sur les causes de ce phénomène au Japon, le site internet que j'ai trouvé le plus instructif nous dit que :

"Au japon, l'excès de travail pose des problèmes particulièrement aigus, à tel point que les japonais ont inventé le mot karoshi qui signifie « mort par surmenage ». On travaille en effet plus au japon que dans la plupart des autres pays industriels : officiellement, 2044 heures en 1990,(contre 1 646 en France, par exemple). En fait, l’année de travail est généralement beaucoup plus longues à cause des heures supplémentaires non rémunérées. Selon une enquête effectuée par une fédération d’organisations patronales (Keidanren), 88 % des entreprises ont recours à ces heures supplémentaires. Au japon, beaucoup d'employés de banque, par exemple, travaillent 3 000 heures par an -soit l'équivalent de 12 heures par jour pendant 250 jours - et, selon une enquête de l'Institut des sciences sociales, le nombre d'heures de travail dans une grande compagnie d'assurances est passé de 9 heures par jour il y a quinze ans à 11 heures et 20 minutes en 1991.

De si longues heures de travail se paient tôt ou tard. En 1992, un psychiatre signalait que le nombre de patients le consultant pour des problèmes de stress avait quadruplé en dix ans. Selon le Dr Tetsunojo Uehata (qui a créé le mot karoshi), ces problèmes ont commencé à faire leur apparition à la fin des années soixante-dix quand la crise du pétrole a conduit les sociétés japonaises à réduire leurs effectifs et à exiger de leur personnel plus de travail.

Au Japon, les demandes d'indemnisation pour incapacité ou mort due au stress sont relativement peu nombreuses. En 1989, par exemple, 777 demandes d'indemnisation ont été présentées au ministère japonais du Travail ; 110 ont été approuvées mais 80 cas ont été considérés comme liés à des accidents et 30 seulement comme dus à un excès de travail. Le ministère ne reconnaît pas Je terme karoshi; il fait valoir qu'il est difficile d'établir une corrélation entre certains niveaux de fatigue et telle ou telle maladie; il n'accepte donc d'indemniser un travailleur que si le volume de travail de celui-ci durant la semaine précédant son effondrement a été supérieur à la moyenne.

Il n'empêche que l'opinion est très inquiète. Selon une enquête, plus de 40 pour cent des Japonais craindraient de mourir de surmenage. Les familles qui jugent que l’un des leurs a été victime du karoshi semblent désormais plus déterminées à passer à l'action. En 1988, un groupe d'avocats de Tokyo a créé une antenne chargée de conseiller les parents et de les aider à obtenir réparation. Le premier procès pour karoshi a été intenté en 1991 par la veuve d'un vice-président d'un bureau d'études qui, après avoir fait chaque année 20 voyages d'affaires à l'étranger, est mort à l’âge de 51 ans d'une hémorragie cérébrale. A la fin de 1991, les tribunaux étaient saisis d'une dizaine de cas du même genre."

sur http://www.mastership.fr/Stress_etude_BIT.htm ( vous trouverez dans cet article des infos générales sur le phénomène, les causes, les solutions envisagées etc...)

Gwilhou
28/01/2004, 06h29
Et bien que voila un post riche en information! Merci Koyubi! De mon cote je cherche toujours, sinon je ferais faire traduire l'article et le posterait ici.

suppaiku
28/01/2004, 12h32
Il y a le livre HOMOJAPONICUS, ed Picquier, qui aborde le sujet. Ainsi que Le clou qui dépasse, J. L'Henoret, ed La découverte.

Le problème n'est pas le temps de travail. C'est la pression au travail. L'ingratitude d'un chef qui donne des ordres et ne remercie pas, la déception à répétition, par exemple quand on vous apporte du travail pour le soir même à 18h30 et que vous pensiez voir un peu vos enfants; il y a la mise à l'écart sociale dans l'entreprise, vécue comme un drame et qui conduit le victime à vouloir prouver ses capacités, en faire plus. C'est là que le système des heures supplémentaires non payées est le plus pernicieux : dans les procès, les entreprises disent qu'elles n'ont jamais demandé à la victime d'en faire autant, qu'au contraire, on l'avait mis dans un service plus calme, etc.

Le karoshi touche principalement les cadres, mais également la production, avec les challenges débiles sur la production et l'obligation de rembourser les traites de la maison, forcément très chères. Imaginez un couple qui s'est marié en 1989, a acheté une maison à crédit dans la banlieue de Tôkyô en 1990. Ils ont deux enfants, elle a arrêté son travail.
La valeur de la maison est depuis disisée par deux (krach immobilier). Depuis 5 ans, son salaire stagne, les bonus ont fortement diminués. Nul doute que notre salarié ne fasse des heures supplémentaires. Payées pour l'argent. Non payées pour garder son emploi, vu que depuis le "miracle Nissan", les dégraissages n'épargnent plus l'Archipel.

Il y a dans le karoshi un mix de dépression nerveuse, de solitude (surtout ne dire à personne qu'"on n'y arrive plus") et de stress au quotidien du à la pression au travail ET à la maison.
C'est un phénomène à mettre en parralèle avec les évaporations humaines. Ces hommes (principalement) qui disparaissent un jour, sans donner de nouvelles, pour toujours.
Le karoshi et l'évaporation touchent moins les femmes car elles sont "exclues" de ce système d'obligations, mais je pense qu'une femme qui veut réussir professionellement, en rentrant dans le système d'obligations, doit être particumièrement vulnérable car la pression doit être encore beaucoup plus forte.

Pour ce qui est du suicide, je ne crois pas que l'on se suicide plus au Japon qu'en Europe. Ni que l'on consomme autant de neuroleptique et anxyolitiques qu'en France.

JAKI-POTTER
29/01/2004, 03h59
j epnse aussi que le temps de travail n est pas le probleme.
mais plus la pression...
en parlant de suicide , j ai presque assiste a un suicide hier .....avec un metro , c est assez choquant. :(

Laurean
29/01/2004, 06h43
Hier matin vers 10h30 un de nos collegues est tombe. Simplement tombe, comme ca !
Rassurez-vous il n'est pas mort, tout le monde s'est tres bien occupe de lui et il a ete accompagne a l'hopital juste a cote du bureau (maintenant je comprend mieux la presence de cet hopital en plein quartier des gratte-ciels).

Tout ce que nous savons pour le moment c'est que son malaise n'est pas du a un probleme physique (pas la grippe du poulet donc) mais completement mental.
En discutant avec mes collegues nous avons emis une theorie. Le type est quelqu'un de tres discret et que l'on n'entend que rarement il doit donc garder pas mal de choses pour lui. Il fait des horaires incroyables parce que je n'ai jamais reussi a quitter apres lui meme quand je quittais a 22h mais rien n'est impose, dans le service administratif on peut quitter a 18h sans probleme si le boulot est fini, et honnetement on ne croule sous la charge pas en ce moment.

Je rajoute aussi que contrairement a d'autres collegues lui n'est jamais completement beurre lors des diner de la boite et il n'est jamais arrive au bureau imbibe d'alcool.

Je pense que le stress peut effectivement etre une cause de ce surmenage mais qu'il faut faire la difference entre le stress subit et le stress auto-inflige. Les japonais sont tres forts pour creer du stress la ou il n'y a pas a en avoir et je dois dire que ca m'a pas mal gagne aussi.

Alors mon collegue fait peut-etre parti de la vieille ecole mais je pense que dans l'ensemble ma boite laisse les gens s'exprimer et en particulier les femmes (98% de l'administratif) n'hesitent pas. A l'heure actuelle les entreprises commencent a comprendre qu'elles ne peuvent plus en demander autant a leurs employes parce qu'elles ne peuvent plus les payer autant qu'avant (les bonus ont chutes aussi chez nous, on ne remplace plus les departs en retraite et il y a moins de promotions).

Maintenant il est temps que les employes aillent dans le meme sens et commencent a se relaxer puisqu'ils ne doivent plus leur vie a leur boite mais les vieilles habitudes ont la vie dure...