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Afficher la version complète : Oeuvre littéraire Japonaise - Livre magnifique sur Tokyo, de M. Ferrier (Gallimard)



Suigei
28/10/2004, 15h53
Bonjour,

Un très beau livre sur Tokyo vient de paraître, qui s’intitule Tokyo, Petits portraits de l’aube, aux éditions Gallimard, par Michaël Ferrier. 125 pages de bonheur, loin des clichés, avec un Tokyo insolite et attachant.
Un extrait :
« Fluide et organisée en surface, Tokyo est fougueuse et syncopée dans ses bas-fonds. Dès que l’on s’en approche un peu, on est surpris de constater à quel point c’est un bordel inénarrable qui sous-tend cette apparence de rationalité. De Tokyo, le voyageur pressé ne verra que ceci : trains et métros en files d’attente bien rangées, emballages soigneusement étiquetés, personnel attentionné. Posez quelques temples sur le dessus pour faire joli, deux ou trois fleurs arrangées et une tasse de thé : c’est le Japon du travail, des hôtels et des reportages télévisés. Mais sous les apparences, dans les marges ou sur les côtés, à la lisière de cette formulation claire et impersonnelle, s’agite tout un peuple de fainéants, de buveurs, de rieurs et de lézards, de chanteurs improvisés sur des morceaux de comptoir. C’est un jazz permanent qui soutient la ville. »

Oui, c’est tout à fait ça ! :lol:

Tadaima
29/10/2004, 13h51
J’ai lu un autre roman de cet auteur, avec un titre japonais, Kizu, avec un beau lézard en couverture... : c’est aussi un livre magnifique, avec des passages drôles, d’autres poétiques, fantastiques... (il y a une référence à Abe Kobo).

Je vais acheter Tokyo, Petits portraits de l’aube. L’extrait que vous citez donne vraiment envie de le lire.

Quelqu’un en sait-il plus sur cet écrivain ?

Suigei
03/11/2004, 16h21
D’après le dos du livre, Michaël Ferrier enseigne la littérature à Tokyo.

Il a dirigé, il y a deux ou trois ans, un livre sur le Japon et la France, avec des contributions de Jacqueline Pigeot, Anne-Bayard Sakai, et plusieurs spécialistes japonais comme Ninomiya Masayuki (qui a fait l’introduction de La Pléiade Tanizaki) : La Tentation de la France, la Tentation du Japon : regards croisés (Piquier, 2003).

Je me souviens aussi qu’il y a deux ou trois ans, il avait animé un débat intéressant à l’Institut franco-japonais de Tokyo entre lui, Philippe Forest et Hitonari Tsuji (qui venait d’avoir le prix Fémina étranger pour Le Bouddha blanc).

Bref, un écrivain très intéressant. On parle beaucoup de Tokyo, Petits portraits de l’aube en ce moment et il y a même un article dans le Monde, que l’on peut lire ici :
http://medias.lemonde.fr/medias/pdf_obj/sup_livre_2110.pdf

Tadaima
11/11/2004, 15h15
Merci. Voilà l’article du Monde : l’auteur habite donc à Tokyo, mais certains sites disent qu’il est réunionnais, et d’autres alsacien ?... Et l’article du Monde dit que son livre aurait presque pu être signé d’un nom japonais ! Enfin, j’ai lu les deux livres et c’est vrai que c’est super beau. Voilà l’article :

Chez soi, à l’étranger
Le Japon, avec justesse, de Michaël Ferrier
LE MONDE/VENDREDI 22 OCTOBRE 2004
Les écrivains étrangers qui ont su parler avec justesse, précision et élégance de leur séjour, plus ou moins long, au Japon sont assez rares pour qu’on salue la publication simultanée des deux brefs récits de Michaël Ferrier, qui pose sur Tokyo et ses habitants un regard poétique, décalé, plus nocturne que diurne, mais empreint d.une force sans apprêt, sans prétention. Kizu, dont le narrateur est japonais, aurait presque pu être signé d’un nom japonais si l’auteur avait cherché la supercherie. La lézarde du titre est cette fissure qui parcourt les murs de son immeuble, mais aussi toutes les fêlures qui viennent fragiliser la carapace sociale de son personnage, proche, par certains aspects, de certains héros un peu veules de Sôseki. « Si j’essaie de me souvenir de ces événements minuscules qui ont peu à peu lézardé l’édifice respectable de mon existence, ils reviennent en foule : alors que je peinais, tout à l’heure, à trouver l’origine de ce malaise qui transforme chacun de mes jours en une question lancinante, je n’ai plus que l’embarras du choix pour lui en trouver une. » Une brouille avec un ami est le prétexte de ces lézardes sinueuses, pareilles à leurs homonymes, les femelles des lézards qui envahissent son jardin. Puis, c’est la capitale elle-même qui vacille sur ses bases, dans un imperceptible tremblement de terre.
Cette élégante métaphore est un bel écho des Petits portraits de l’aube, rêverie plus réaliste mais tout aussi poétique dans le Tokyo de nuit. A travers plusieurs personages marginaux ou simplement marginalisés par leur passion de la nuit, l’auteur se promène dans un paysage souterrain ou aérien, fait de bars, de ruelles, d’arrière-boutiques, de caves : « La douceur et la fluidité de la surface cachaient une intense activité des profondeurs, un travail collectif, obscur et térébrant, où les siècles se confondaient, où agriculture ancestrale et science des particules se faisaient écho, où la nature et l’homme se rejoignaient. Recherche, rumination, macération, fermentation, la vie surgissait de ces mystérieux tressaillements, de cette intense réflexion sous-jacente. »
Un lecteur familier de la littérature japonaise d’avant-guerre sera heureux de trouver cette étrange modernisation d’un fonds poétique commun à Dazai, à Kafû, à Akutagawa. Michaël Ferrier ne se contente pas de décrire un petit monde amical étrange et des lieux qu’il aime (« un de ces petits bistrots comme on n’en trouve qu’à Tokyo, nichés au bord de la rivière et planqués sous la ceinture de la voie ferrée, comme si la vie les avait oubliés là, entre le fer et l’eau »), mais offre un bel hommage à une literature dont il est nourri et qui a comme filtré son regard d’étranger sur un monde devenu le sien. Une jolie leçon de calligraphie interrompt le récit et transforme cette promenade dans la ville en balade dans les signes, selon un système que Barthes n.aurait pas désavoué. Et l’impression que laisse le livre est d’avoir visité autant un poème qu’une ville.

Tadaima
06/02/2005, 07h47
En surfant sur le Net, j’ai trouvé sur le livre de Ferrier une revue de presse (sur le site de la Fnac) :

« Michaël Ferrier écrit ainsi, des coups d'éclairs qui brisent la lenteur, des histoires simples et des hommes compliqués, son Japon tremble, ni sa main, ni sa plume. » (Jean-Baptiste Harang, Libération)
« Les écrivains étrangers qui ont su parler avec justesse, précision et élégance de leur séjour, plus ou moins long, au Japon sont assez rares pour qu on salue la publication simultanée des deux brefs récits de Michaël Ferrier, qui pose sur Tokyo et ses habitants un regard poétique, décalé, plus nocturne que diurne, mais empreint d’une force sans apprêt, sans prétention. » (R. de C., Le Monde)
« Tokyo, petits portraits de l’aube exercera en effet sur le lecteur un charme voisin de l’enchantement sentimental et mélancolique du film de Sofia Coppola... Le récit fragmenté d’une longue déambulation nocturne, fortement alcoolisée, de bar en bar, à travers une cité où tout finit par prendre l’apparence d’un long rêve aimable et étrange conduisant jusqu’à l’aube par quoi commence magnifiquement le livre. » (Philippe Forest, Art Press)
« Un joyeux antidote à la pensée unique et aux stéréotypes éculés. » (Le Républicain lorrain)
« Mélanges. Alchimie. Liberté. Invention permanente. Recréation comme l'on réinventerait Tokyo. Vu comme cela, décidément, c'est beau une ville la nuit. » (Jacques Sterchi, La Liberté, Suisse).

maruchan
06/02/2005, 10h09
Le milieu des profs de facs à Tokyo étant quand même limité, on finit par rencontrer à peu près tout le monde.

Mickael Ferrier est un type très sympa qui se prend pas du tout au sérieux. Il enseigne en effet en fac à Tokyo et a aussi participé il y a 5-6 ans à une série d'émissions télés sur la France. De tout ce que j'ai pu voir jusqu'à présent, c'était ce qu'il y avait de plus intéressant.
J'ai eu l'occasion de faire sa connaissance en novembre dernier (c'est l'ami d'une amie) et de ce que j'en ai vu, il est très ouvert.

MAUD
22/02/2005, 08h30
Bonjour,

Je suis realisatrice et scenariste et en ce moment j ecris un film qui se passe principalement a Tokyo, ville dont je suis tombee amoureuse des mon enfance... Depuis j y suis retournee bien souvent, pour mon plaisir et pour y realiser des reportages pour Tracks, l emission sur Arte.

Recemment, j ai devore les deux livres de Michael Ferrier et " Tokyo- Petits portraits de l aube " est devenu mon livre de chevet et je ne cesse de le relire, prise par son humour,son originalite et ses decsriptions si justes sur le Tokyo de derriere les facades.

J aimerais contacter Michael Ferrier pour une rencontre et une eventuelle collaboration s il le desire et si mon sujet lui plaît.
Auriez vous son e mail?

Merci de votre aide!
Kampai!
Maud

MAUD
22/02/2005, 08h40
Bonjour,

Je suis realisatrice et scenariste et en ce moment j ecris un film qui se passe principalement a Tokyo, ville dont je suis tombee amoureuse des mon enfance... Depuis j y suis retournee bien souvent, pour mon plaisir et pour y realiser des reportages pour Tracks, l emission sur Arte.

Recemment, j ai devore les deux livres de Michael Ferrier et " Tokyo- Petits portraits de l aube " est devenu mon livre de chevet et je ne cesse de le relire, prise par son humour,son originalite et ses decsriptions si justes sur le Tokyo de derriere les facades.

J aimerais contacter Michael Ferrier pour une rencontre et une eventuelle collaboration s il le desire et si mon sujet lui plaît.
Auriez vous son e mail?

Merci de votre aide!
Kampai!
Maud

maruchan
01/03/2005, 15h00
Je dois pouvoir te trouver ça.

Peux-tu me contacter par MP s'il te plait?

MAUD
03/03/2005, 17h02
Kumbawa Maruchan,

Je t ai envoye un MP, l as tu recu?
C est mon premier, je suis une novice!
Peut etre ai je fait une mauvaise manip???

Tiens moi au courant, au besoin je te le renvoie...
Kampai!
Maud

maruchan
03/03/2005, 17h27
Aucun probleme Maud!

Je pense même t'avoir repondu en MP....

Je vois demain les amies de Mickael Ferrier et je vais donc leur en toucher un mot, je n'oublie pas! :)

MAUD
03/03/2005, 17h46
Merci !

Je n ai effectivement pas recu ton mp: dans mes mp, c est marque:0.
Mais peut etre n est ce pas la qu il faut regarder...

En tout cas merci infiniment de leur en toucher un mot.
Tu peux aussi leur dire que ce film a deja une production: Lazennec.

C est mon deuxieme scenario, le precedent, aussi produit par Lazennec sortira le 17 aout 2005, c est une comedie avec Fabrice Luchini, Francois Cluzet, Elsa Zylberstein, Amira Casar...

Je viens de commander en librairie: " La tentation de la France, La tentation du Japon: regards croises", ainsi j aurai lu et re re re lu tous les ouvrages ( 3 n est ce pas ?) de M Ferrier.

Merci encore!
Maud

Catinus
14/10/2005, 22h01
J'avais lu à plusieurs reprises que vous, amateurs de littérature, faisiez l'éloge de ce véritable coup de coeur qu'est le livre " Tokyo " de Michaël Ferrier.
Un tout petit ouvrage quant à son nombre de pages ( 105 ) qui nous emmène dans le Tokyo underground, celui de la jet set et nous offre deux visites.
" Tokyo est fougeuse et syncopée dans ses bas-fonds. Dès qu'on s'en approche un peu, on est surpris de constater à quel point c'est le bordel inénarrable qui sous-tend cette apparence de rationalité. "

" Il y a dix millions de personnes qui vivent sous terre dans cette ville. Des ouvriers, des stripteaseurs, des danseuses, des scientifiques, des alcooliques, des agriculteurs, des écrivains, ... "

Tout cela est stupéfiant !

L'auteur nous propose, avec élégance, la façon de tracer des kanjis : " la rencontre ", " le saké ", " femmes ", " se taire ".
Il nous attire chez un " trésor national vivant ", un vieux sage aveugle qui excelle dans l'art des kanjis et ces autres merveilles.
Pour finir, il nous fixe un rendez-vous dans un bar niché dans le tréfond de Tokyo. Et pour nous guider dans le dédale des artères, des rues, des ruelles de la ville, il nous distille de merveilleux conseils, emplis d'humour, qu'il conviendrait de suivre à la lettre si, nous, occidentaux, ne voulons pas passer pour des sauvages ou des barbares venus de tribus de nulle-part...

Ce livre, je l'emporterai dans mes bagages lors de mon premier voyage au Japon. Promis-juré. En guise de talisman.