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Gailliade
18/06/2016, 10h51
Bonjour !

Bon déjà je suis nouvelle sur le forum malgré le fais que ça fais déjà huit ans que je m'intéresse à la culture japonaise. :)

Ensuite, je compte faire un premier voyage au Japon pendant les vacances d'octobre à venir (où j'ai pu trouver des billets d'avion pas chers) pour deux semaines dans la préfecture d'Hokkaido, la partie du japon que je rêve de visiter ! Dans un deuxième temps, j'aimerais partir un an l'année prochaine avec le VISA VVT (vacances + travail). Mon seul soucis pour trouver du travail pendant cette période est que je ne possède qu'un CAP vente et le niveau BAC PRO commerce (ce qui signifie que je ne l'ai pas eu car j'ai échoué aux matières professionnelles pour uniquement réussir haut la main les matières générales donc je n'ai même pas pu passer au rattrapage avec 9.99 de moyenne au BAC. Enfin tout cela remonte à quatre ans...) et que je ne suis pas sûr que ces deux diplômes représentent grands choses là-bas.

Du coup, en passant une première année au Japon à faire des petits boulots par-ci par-là, je compte y retourner une fois que j'aurais acquis l'expérience nécessaire en France pour y ouvrir une librairie dans, disons, cinq-dix ans...

Bien sûr, le projet de la librairie que je compte ouvrir au Japon serait une boutique où s'y trouve uniquement de la littérature française. Car c'est bien connu, les japonais raffolent de la culture française donc, je me dis que ce marché pourrait fonctionner là-bas. Comme je suppose qu'il y a surement déjà de quoi faire sur Tokyo (et que de toute façon je ne pourrais sûrement jamais supporter de vivre au milieu de toute la pollution) je prévois plutôt d'ouvrir d'abord en province (sûrement à Sapporo) et pourquoi pas, si cette première boutique marche, développer le projet sur d'autres régions. Je suis également prête à ouvrir une maison d'édition pour traduire les romans français en japonais tout en laissant en vente les livres dans la langue originale bien sûr.

Du coup, que pensez-vous du projet ? Ce marché, pourrait-il fonctionner au Japon ? Cela, a-t-il déjà était mis en place et si oui où et si ça a eu plus ou moins du succès ? En gros pensez-vous que Maxime Chattam ou Pierre Bottero (pour citer du moderne) pourraient avoir le même succès que Maurice Leblanc ou Alexandre Dumas (classique) sur l'archipel japonaise ? :)

eve
18/06/2016, 17h38
La littérature FR c'est un genre mineur dans un milieu assez dynamique donc je ne sais pas si c'est très porteur. Il faudrait faire une étude de marché sérieuse.
Ce qui marche dans les trucs français hors nourriture ? L'art de vivre, les produits "naturels"ou "traditionnels", et les inévitables cosmétiques, etc. Deux entreprises qui marchent bien au Japon ces dernières années : L'Occitane, les Toiles du soleil.

Pour se lancer le Kantô me semble mieux que Sapporo. Sapporo est certes une grande ville, mais beaucoup moins de facilités pour se lancer en tant qu'étranger, démarrer un "buzz" etc à mon avis.

Pourquoi ne pas reprendre tes études pour monter un projet plus solide ?

Sans diplôme, il serait aussi difficile d'obtenir un visa (sauf peut-être Investisseur ?).

A lire : http://www.femmesactivesjapon.org/wp-content/uploads/2014/03/Powerpoint-FAJ.pdf

skydiver
19/06/2016, 05h41
Les Japonais raffolent de la culture française? Dans une certaine mesure, oui, mais gare aux clichés. Et de là à fréquenter une librairie française, en province qui plus est, j'avoue avoir de gros doutes. Sachant également que les grandes librairies japonaises, Kinokuniya ou Maruzen par exemple, proposent déjà des rayons de ce type avec des ouvrages en français ou japonais, voire en anglais.
Comme eve, tenter l'aventure dans la capitale semble plus raisonnable et judicieux.
Meme si le concept semble séduisant sur le papier, ce projet semble tout de même bien incertain pour ne pas dire illusoire. Bien entendu, je peux me tromper mais...Bonne chance en tout cas.

nemuyoake
19/06/2016, 06h49
ca peut marcher si tu proposes qqchose de plus : café + gâteaux français + décor et ambiance 100% française (caricaturale, mais que les Jp adorent) par exemple. Pas seulement livres.

Pascal
20/06/2016, 04h26
Bonjour!



Car c'est bien connu, les japonais raffolent de la culture française


Pour ajouter à la réponse de Skydiver, on peut dire qu'une (infime) partie des japonais
raffole de la culture étrangère. Mais c'est comme partout ailleurs. En France, il y a une
certaine partie des Français qui raffolent de la culture japonaise (dont beaucoup sur ce
site d'ailleurs). Il y a beaucoup (1) de Japonais qui parlent un peu français. Combien
d'entre eux sont capables de lire un livre? Vous feriez aussi papeterie? Qu'est-ce qui
va vous différencier des papeteries japonaises? À part l'importation de papier à gros
carreaux à la française, je ne vois pas.

(1) Je n'ai toutefois aucune idée des chiffres.

À Tokyo, je me souviens qu'il y avait 2 librairies françaises. L'une s'appelait Omeisha
ou quelque chose comme ça, assez proche du lycée français d'Iidabashi. Et l'autre était
à l'institut franco-japonais, mais je ne sais plus où c'était. Et il y a évidemment le
rayon français de toutes les grandes librairies. Ah, je suis en train de me rendre compte
que Omeisha et l'institut français, c'est peut-être bien la même librairie...
https://coucoulafrance.wordpress.com/2013/03/02/la-librairie-omeisha/

Une chose aussi que l'on peut quasiment ériger comme un théorème : chaque fois que
vous avez une bonne idée, dites-vous bien que selon toute probabilité, quelqu'un d'autre
l'a eue avant. Alors l'idée d'une librairie, boucherie, boulangerie, cordonnerie, épicerie
et autres *rie, ça a été probablement vu, revu, etc...

Je ne dis pas que cela ne peut pas fonctionner, mais comme il a été déjà dit pour tous les
autres projets, ce n'est pas simple. Même si l'on suppose les problèmes de permis de
séjour résolus, vous devez avoir de l'argent (beaucoup) pour ouvrir quelque chose à
Tokyo. Même pour votre magasin vide. Ensuite, il vous faut un stock de livres. Comment
allez-vous choisir ces livres? Curiosité de ma part, je ne vois vraiment pas comment je
ferais pour savoir ce qui peut se vendre ou non.
Des librairies française, je n'en connais qu'à Tokyo. S'il n'y en a pas ailleurs (même pas
à Osaka ou Kyoto), c'est peut-être un indice que cela ne peut pas fonctionner. Enfin bon,
je ne connais pas suffisamment Osaka, mais avec Kinokuniya, Maruzen, Junkudo, etc...
il doit y avoir déjà un certain choix...
Bref, avez vous, disons, 100 000 Euros à débourser pour commencer? Si oui, faites attention,
vous risquez de tout perdre et de vous retrouver à poil. Sinon, personne ne vous consentira
un prêt sans garanties. Votre niveau d'études ne joue pas pour vous, ce serait mieux d'avoir
une licence de quelque chose d'abord.

Pascal

Iriakun
20/06/2016, 06h18
Vous etes tous vraiment gentils. Je resume la pensee de tout le monde haut et fort: un projet mort d'avance et encore plus a Sapporo, le zero absolu.

skydiver
20/06/2016, 07h35
Quelques livres en français chez Kinokuniya, à Umeda (Osaka). Sinon, effectivement, la librairie française qui jouxte la Brasserie de l'Institut, à Iidabashi donc.
A nouveau, ne pas s'illusionner sur l'intérêt tout relatif des Japonais pour la culture française et le parallèle établi par Pascal est tout ce qu'il y a d'avéré.

Gailliade
20/06/2016, 10h10
Bonjour, alors déjà, merci à vous tous pour votre réponse.
Pour mon niveau d'étude, je vais sûrement tenter le BTS MUC avec mon niveau BAC (oui c'est possible, on me l'a déjà proposé) Ce qui me prendra deux ans du coup. Ensuite, pourquoi pas l'année qui suivra le VISA vacances + travail, essayer de trouver de quoi passer un licence là-bas avec un groupe adulte (je sais que ça se fait au Japon). J'en profiterais alors pour réaliser une étude de marché sérieuse sur place concernant une l'ouverture d'une librairie française.

En vu de vos réactions, je compte du coup plus me rendre sur Osaka qui me parait effectivement un choix plus judicieux que Sapporo. Bien sûr, je compte importer sur place un rayon papeterie française avec des marques plus ou moins connus en essayant de proposer celles qui ne sont nulle part ailleurs sur le peu de librairie française qui existe. Pourquoi pas même ajouter un coin CD avec en vente uniquement de la musique française ? Effectivement y rajouter un coin café/bouffe à la française.

Concernant l'argent, c'est l'une des raisons pour lesquelles je souhaite attendre cinq-dix ans avant de mettre en place ce projet. Je veux pouvoir acquérir non seulement une expérience sur la durée mais aussi économiser en France avant de me rendre au Japon pour y installer mon commerce. Je préfère y aller petit à petit, tant pis si j'ouvre ma boutique à quarante ans, l'âge n'est pas un problème pour moi. D'ailleurs, qui sais ce qui peut arriver en cinq-dix ans ? Il y a aura pleins de choses à prendre en compte à ce moment là. En attendant le plus important pour moi, c'est de voir comment se passeront les seize jours que je passerais au Japon en septembre en séjour organisé pour voir si je peux vraiment espérer vivre là-bas ou pas.

En tout cas, merci beaucoup de vos réponses, elles m'ont beaucoup aidé et si vous avez d'autres réflexions, je les attends toujours ! :)

motode
20/06/2016, 12h22
bon alors moi je ne vais pas faire avancer la discussion parce que je n'ai aucune idée de la faisabilité de quoi que ce soit, à part de gros doutes de part ce qui a déjà été dit, et vue aussi la quantité de livres et de musique charriée par les fleuves d'amérique du sud ou autres.
Juste une petite anecdote sur mon étonnement un jour dans une petite ville de la banlieue d'Osaka où j'étais tombé dans un magasin de disques sur une petite exposition consacrée à Brigitte Fontaine, avec photos et écoute de ses disques dont je ne connaissais aucun, des années 60 à 2000. Le reste du fond français de ce magasin dans la partie "musiques du monde" étant essentiellement représenté par Alizée. Je rejoins un peu Pascal sur le thème "mais qu'est-ce qui pourrait bien intéresser un japonais, venant de France?" Bon il n'y a plus aucun marchand de disques dans cette ville qui a bien grossi depuis, mais il reste des librairies.

Pascal
21/06/2016, 03h00
Bonjour!

Je précise dès le départ (j'aurais même dû le faire avant) que mon but n'est pas de
critiquer pour critiquer, mais juste pour soulever des questions et faire part de mes
observations.



En vu de vos réactions, je compte du coup plus me rendre sur Osaka qui me parait
effectivement un choix plus judicieux que Sapporo. Bien sûr, je compte importer sur
place un rayon papeterie française avec des marques plus ou moins connus en essayant
de proposer celles qui ne sont nulle part ailleurs sur le peu de librairie française
qui existe. Pourquoi pas même ajouter un coin CD avec en vente uniquement de la musique
française ? Effectivement y rajouter un coin café/bouffe à la française.


- Papeterie (incluant stylos, crayons, etc...)
Vous ne pourrez jamais lutter. J'avais été surpris quand je suis venu, il y a longtemps
par la richesse des rayons "文房具" japonais par rapport à leurs équivalents en France.
Je ne vois vraiment pas ce que vous pourriez importer qui n'existe pas ici, à part le
papier à gros carreaux qu'aucun japonais n'utilise de toute façon. Bon j'exagère,
il y a sûrement autre chose, mais sera-ce assez pour déplacer du monde, pour faire
un chiffre d'affaires de, disons, 50 000 yens par jour (et c'est peu!)...
Et puis les marques "plus ou moins connues" c'est quoi?

- Le CD: c'est déjà une technologie du passé. En plus tout est commandable chez les
grandes marques de la vente en ligne. C'est vrai que parcourir des rayons est toujours
agréable, mais quand je vois que les grands distributeurs (Mutou à Takadanobaba pour
ceux qui ont connu) ont fermé boutique, je me dis que ce n'est vraiment pas le
domaine où il faut investir.

- Bouffe à la française: c'est déjà saturé. En plus, il faut voir les choses en face:
si vous montez une librairie + 1 café / brasserie, il faudra doubler la mise. Juste
par curiosité: dans ce cas, vous embaucheriez bien sûr quelqu'un pour gérer le café?
Ou alors, pour faire tout tout(e) seul(e), vous faites une librairie - café - brasserie -
comptoir du saucisson - vente de vins - fromager. Vous pouvez aussi ajouter dépôt de pain.
Pour quelque chose qui a pas mal de chances de foirer, ça fait cher. Et en plus, je parlais
de 100 000 Euros, mais je ne suis même pas certain que cela suffirait.



je souhaite attendre cinq-dix ans avant de mettre en place ce projet


Ah ben oui, dans ce cas, c'est facile: si vous voulez économiser 100 000 Euros en
5 / 10 ans, il suffit de 10 000 à 20 000 Euros par an. Donc gagner dans les 40 ~ 50 000
par an. Net après impôt. C'est comme si c'était fait.



l'âge n'est pas un problème pour moi


L'âge n'est un problème pour personne. Cependant, selon toute probabilité, votre
horloge biologique va crier "coucou" aux alentours de la trentaine. Compagnon / compagne,
mouflets, etc... L'idéal pour économiser.



D'ailleurs, qui sais ce qui peut arriver en cinq-dix ans ? Il y a aura pleins de choses
à prendre en compte à ce moment là.


Ben c'est justement ce que je disais plus haut. Bon, vous en êtes consciente, c'est déjà ça.



une petite exposition consacrée à Brigitte Fontaine


Assez inattendu en effet. Comme quoi il ne faut jamais dire Fontaine je ne boirai pas
de ce tonneau.

Pascal

Matou
22/06/2016, 09h08
Je rejoins les copains, à Sapporo c'est complètement mort, plantage intégral.

Osaka, si Tokyo ne t'enchantait déjà pas, ce sera pire. Avis certes personnel, mais Osaka c'est TRES particulier, et c'est une ville où de nombreuses personnes étrangères ont souffert du racisme. En plus on comprend pas quand ils parlent sérieux !!

D'ailleurs, tu parles japonais ?

Sinon, il faut que tu réalises qu'après 15 jours passés au Japon tu auras surement très envie d'y habiter mais tu ne connaitras absolument pas le pays. Ca te prendra plusieurs années à vivre sur place avant de te rendre compte que d'une part tu ne les comprendras jamais, et d'autre part qu'il y a des milliers de choses que tu n'avais pas anticipées (car c'était tout bonnement impossible).

Je vais te donner mon petit témoignage. J'ai ouvert un bar à chat/salon de thé à Kagoshima, en me disant que j'allais jouer à mort sur la carte "France", j'ai mis des posters de la tour Eiffel/Paris/2 chevaux/mots en français partout jusque dans les toilettes, je fais des patisseries françaises (tarte au citron meringuée et tout le tintouin), le nom de la boutique est à moitié en français, la musique est 100% française, il y a le drapeau de la France, pour autant on me demande 10 fois par jour de quel pays je viens. Et les japonais se foutent complètement de la culture française dans leur ensemble, ce qu'ils aiment c'est venir prendre un café/manger un gateau AVEC LES CHATS (sans le coté bar à chats je me serais complètement plantée), dans une ambiance européenne. Ca les fait voyager sans sortir de leur petite zone de confort, aucun risque de pris, et encore je perds énormément de clients car je suis gaijin. En gros, les mecs se pointent devant la boutique, regardent par la vitre, me voient, glandent cinq-dix minutes en se disant un truc qui ressemble à "qu'est ce qu'on fait ?" "je sais pas…" *silence, silence* "eh, on fait quoi ?" (….) et se barrent car ils ont peur. Mais sérieusement, le côté "français authentique" ils ne s'en rendent pas compte, c'est comme quand le français moyen va dans un restau à sushi/yakitori et que le staff est asiatique, ça lui suffit il est content, mais en réalité les mecs sont chinois. Le japonais, ça l'angoisse plutôt qu'autre chose de devoir traiter avec un étranger ("et si elle ne parle pas japonais ?" se dit-il), un autre japonais en marinière avec un béret sur la tête lui suffit amplement à être dans l'ambiance.
Enfin, financièrement je m'en sors pas mal, voire très bien, mais c'est pas grâce au côté français, cette boutique marcherait beaucoup mieux si elle était tenue par un japonais.

Ca fait 4 ans que je vis au Japon, avec mon copain (français aussi). 4 ans, c'est le temps qu'il m'a fallut pour comprendre qu'en fait, je voulais pas habiter là. Que le Japon c'était un rêve en tant que touriste, mais que plus on comprend la langue et les moeurs plus on se sent exclut, qu'on a beau essayer de s'intégrer on vous demandera toujours votre passeport au lieu de votre permis, on vous donnera une fourchette au lieu de couverts en vous gratifiant d'un "HALO HALO" certes plein de bonnes intentions (l'Enfer en est pavé) mais finalement bien raciste.

Je m'égare complètement. Mais j'étais comme toi. Passionnée de culture japonaise depuis mes 14 ans. A 22 ans je suis partie y vivre, et j'ai dépensé une montagne de fric. Je suis relativement anéantie par mon "échec", et je prépare notre retour en France. Et encore j'ai pas passé 10 ans à construire un projet, et j'ai l'immense chance de pas avoir de problèmes d'argent (même si ça fait toujours super ch… d'en gaspiller, c'est pas une raison).
Pourtant, j'étais sure de moi, pourtant j'avais fait un séjour de 2 mois, voyageant à travers le pays à la rencontre du Japon profond avant de décider de m'expatrier...

Des histoires comme la mienne, y'en a des tas. Des TAS. Tu fais un pari très risqué, car si tu te rends compte que tu t'es plantée, après avoir passé 10 ans à bosser pour préparer ton projet, si tu réalises que tu n'arrives plus à vivre dans ce pays, que feras-tu ?

skydiver
22/06/2016, 20h44
De nombreuses personnes ont donc souffert du racisme à Osaka...? Tiens donc. Aucun des étrangers que je connais sur place - Français, Chinois, Indiens, Néerlandais, Américains et Ghanéens - ne vivent pas du tout ça. A titre personnel, plus je comprends la langue et les mœurs et plus je me sens bien intégré au Japon. Depuis plus d'un quart de siècle à vivre entre la France et le Japon je n'ai pas détecté de comportements racistes à mon encontre. Idem pour mes amis et relations étrangers au Japon, de Tokyo à Osaka, en passant par Tokushima et Okinawa. Comme quoi...

Désolé pour la digression.

Matou
23/06/2016, 07h34
Et oui, petits gangs de jeunes qui viennent casser du gaijin, jamais vu ça ailleurs qu'à Osaka.

Après on a tous notre propre expérience et notre propre ressenti, ce que je ressens personnellement comme étant du racisme n'en est pas de leur part en réalité. Il n'empêche qu'au quotidien, être traitée comme une étrangère en permanence c'est très pénible.

Tiens, un exemple qui vient JUSTE de se produire : il y a 10 minutes, dans ma boutique, j'étais avec mon copain (français), et un ami (japonais). Un vieux se pointe, avec marqué "pompier" sur sa casquette. Je vais lui ouvrir la porte. Déjà il me dit pas bonjour, il regarde par dessus moi et s'adresse à mon ami japonais (pour dire qu'il y aurait un exercice incendie samedi, bref). Je lui dis que mon ami ne travaille pas ici et que c'est à moi qu'il faut s'adresser. Il continue à ne pas me répondre et parle à mon copain (là on est dans le bon vieux sexisme des familles). Je le recarde à nouveau, lui dit que c'est MA boutique, que la seule à y travailler et donc à devoir recevoir quelque information que ce soit c'est MOI et personne d'autre, en lui parlant franchement mal, et là il me regarde et il me dit "日本語大丈夫?".
C'est probablement pas du racisme hein, question de point de vue. Je t'admire si ce genre de comportement t'est égal, moi je le trouve révoltant.

Et je connais également des étrangers de toutes les nationalités, de Miyakojima à Sapporo, à part les anglophones qui ne parlent pas japonais, tous les "blancs" ont ce ressenti. Ca irrite plus ou moins en fonction des gens, il y en a que ça amuse toujours après 10 ans passés ici, chacun sa sensibilité.

Ce que je trouve intéressant dans ton témoignage, c'est la partie "à vivre ENTRE la France et le Japon". On ne se connait pas bien, du coup je ne sais pas ce que ça implique, mais je pense que ça fait une différence question ressenti !

Après on s'égare pas mal du sujet initial là, désolée ! Mais la conversation m'intéresse :)

nemuyoake
23/06/2016, 09h49
Si, dans le cas de ce gars, c'est du racisme. Mais y'a des racistes partout, non ? En France, c'est les Noirs et les Arabes qui le subissent.

Iriakun
23/06/2016, 09h55
Le Japonais n etant pas une race je dirais de la xenophobie, de la discrimination et comme Matou le dit si bien, combien de fois meme apres avoir parle a l'interlocuteur en japonais, celui-ci continue de parler au japonais d'a cote (ou meme l'asiatique) alors que bordel, c'est moi l'acheteur....bon je zappe depuis le temps ou je me casse dans un autre magasin.

skydiver
23/06/2016, 10h05
C'est du racisme...? Ha bon...
Des jeunes qui viennent casser du gaijin...? Jamais entendu parler depuis tout ce temps...

Matou
23/06/2016, 10h16
Si, dans le cas de ce gars, c'est du racisme. Mais y'a des racistes partout, non ? En France, c'est les Noirs et les Arabes qui le subissent.


Très bien. Je disais à Skydiver, qui rapporte ne pas avoir détecté de comportements racistes à son égard, que ce genre de chose (l'exemple que jai cité) m'arrivait tous les jours. De là à défendre un raciste sous prétexte que des cons, il y en a partout, je ne vois pas le rapport. Il y a une systématisation du japonais à penser que tu ne parles pas leur langue si tu n'es pas asiatique d'une part, et d'autre part si tu es blanc à être persuadé que tu parles anglais. Tu as beau leur dire, dans leur langue, que tu es français, russe ou slovaque, ils continueront à te balancer trois pauvres mots d'anglais. Quand je croise un asiatique en France je me permets pas de lui balancer un "Nihao". Même si c'est à Paris, que le gars est dans un groupe donc probablement touriste, rien ne me permet d'affirmer que parce qu'il est asiatique il parle chinois. Ce serait extrêmement raciste.
Mais de leur point de vue, pour en avoir parlé avec plein de japonais, ils trouvent que c'est de la politesse. Après, quand tu leur demande si, après plusieurs années passées en France, du temps passé à étudier la langue de Molière, le fait que les français leur parlent en chinois les énerveraient ou pas, ils répondent tous, de bon coeur "mais ce serait scandaleux !!!". C'est pourtant la même chose.
Ma théorie personnelle est qu'eux mêmes, en vue de leur langue, soient assez nuls en langues étrangères les laissent penser que c'est le cas pour tout le monde, et que de fait si je leur demande l'heure ils vont trouver que j'ai un niveau de japonais de fou.

Mais franchement, comparer la France et le Japon sur le plan du racisme c'est relativement de la mauvaise foi je trouve.

Iriakun, entièrement d'accord avec toi, xénophobie = peur de l'étranger, c'est tout à fait ça ! Moi j'aime bien le mot 差別, car concrètement il y a précisément une différence de traitement. Discrimination c'est pas mal aussi. Des anecdotes comme celle que tu racontes, il y en a des tas… Les mecs surpris quand tu sors ton inkan alors qu'ils te serinent d'un "sign sign please", qui demandent à voir ton passeport alors que tu viens de leur écrire ton adresse au Japon en kanji… Hier à la banque, j'ai demandé un formulaire pour faire un virement, la guichetière a appelé une subalterne en lui disant "il y a des kanji dans le formulaire, va le remplir à la place de la dame". Je leur ai dit que je les entendais d'une part et que d'autre part c'était du sabetsu de penser que comme j'étais gaijin je savais pas lire (non j'arrondis plus les angles maintenant, j'en ai plus rien à carrer).

Voilà, comme je le disais, c'est tous les jours...


C'est du racisme...? Ha bon...
Des jeunes qui viennent casser du gaijin...? Jamais entendu parler depuis tout ce temps...

Ben écoute je sens comme une certaine condescendance de ta part, j'espère me tromper. Tu n'a pas répondu à ma question concernant ton parcours en attendant. Quant à ton "c'est du racisme ? ah bon…", ce serait chouette que tu développes ton opinion. Je saurais au moins si tu méprises la mienne ou si je suis parano ! Au passage explique moi aussi en quoi le fait qu'il s'adresse aux deux hommes présents avant de me parler n'est pas du sexisme s'il te plait !

nemuyoake
23/06/2016, 10h39
Tu penses détenir toutes les réponses alors qu'il ne s'agit que de ta propre expérience. En 6 ans, je n'ai jamais eu UNE seule personne qui m'ait parlé comme ça en dehors d'un vieux bourré à mort. Toutes les expériences que tu décris, je ne les ai pas vécues, même lorsque j'ai habité 6 mois à Osaka, il y a 10 ans. Ca existe, sans aucun doute, puisque des gens subissent ce genre de choses. Mais dire que c'est systématique et inévitable est tout à fait faux.

Matou
23/06/2016, 12h33
Tu te trompes à mon sujet, et si tu en arrives à penser que je crois détenir la vérité absolue c'est que je me suis bien mal exprimée. Depuis le début, je ne fais que donner mon avis en m'appuyant sur ma propre expérience.

En aucun cas je ne prétends que c'est systématique et inévitable. Mais je pense que quand on est une fille et qu'on tient un commerce ça arrive souvent, a fortiori dans une "petite" ville.

ManX
23/06/2016, 14h02
Tout d'abord merci Matou de relater sincèrement ton expérience. Ca peut aider a préparer psychologiquement certains doux rêveurs d'un Japon fantasmé (dont j'ai fait parti il y a longtemps...).

Concernant la xenophobie, je pense qu'il y en a en France comme au Japon sauf que la différence fondamentale c'est tout simplement l'histoire et la culture des 2 pays.

En France, on accueille depuis la fin de la 2nd guerre mondiale, Paris et les autres grandes villes sont plutôt cosmopolites. L'exposition des étrangers dans le médias est de plus en plus systématique et moins stéréotypée. La mixité est désormais relativement bien ancrée (avec nombreuses familles de 2nd/3ème génération). Tout cela contribue a réduire le reflexe xénophobe (nottamment chez les jeunes). Par contre, en rase campagne et dans une population plus agée, je suis persuadé que c'est nettemment différent.

Le Japon, c'est un île avec immigration très limitée (et contrôlée en fonction des besoins), la plupart des gens ne connaissent pas l'étranger et ne le voient qu'à travers les médias, c'est à dire, pas souvent et avec un traitement hyper superficiel qui entretient les stéréoptypes. Donc, les Japonais en général ne savent pas comment réagir autrement que par leurs préconceptions très ancrées ("parle pas Japonais", "ne connais pas la culture/les usages", etc.). Sachant qu'en plus les Japonais ont du mal en Anglais (langue nettement plus dure pour eux que pour nous, pour pleins de raisons), la communication est très difficile ce qui est sûrement très "gênant" pour eux. Cela amplifie significativement les problèmes de communication et la "peur" de l'étranger. Bien sûr, idem que pour la France, plus on s'enfonce dans la ruralité, plus le phénomène s'amplifie.

Une petite remarque pour la mysoginie. Soyons sérieux: comparé à la France, le Japon a des décennies de retard et n'avance pas aussi vite que cela devrait (pour pleins de raisons culturelles, politiques, etc.).

Bref, la conclusion de tout ce qu'il précède est qu'il ne faut pas rêver: ce n'est pas demain la veille qu'il sera possible de s'intégrer à 100% au Japon (ie. sans "差別"). Si on veut vivre la bas, il faut accepter de subir sporadiquement tout ce qui précède, et d'être considéré comme un "étranger", à jamais. Donc, ça dépend de la sensibilité et la capacité de résilience de chacun.

skydiver
23/06/2016, 14h47
L'anglais état la langua franca par excellence au niveau mondial, et l'histoire contemporaine japonaise faisant le reste, je ne vois rien d'étonnant à ce que des Japonais s'y essayent avec quelques mots à défaut de connaître l'origine de son interlocuteur. C'est même plutôt poli si on essaye un contact par ce biais mais en rien raciste à mon sens.
Les blâmer pour leur "pauvre niveau" que tu évoques pourrait être pris pour de la condescendance.

Ma fille, eurasienne, a souvent droit au "nihao" à Paris. Elle ne considère pourtant pas cela comme raciste.

Aucune condescendance de ma part, plutôt de la circonspection et de l'étonnement. Même à Jûsô je n'ai jamais entendu parler de gangs attaquant les étrangers.

Relis (ou lis) ce que j'ai écrit car je n'ai aucunement parlé de sexisme qui est un problème différent du racisme.

Mon parcours est simple. Je possède un domicile au Japon, pays dans lequel je me rends 2 fois par mois, à titre professionnel et privé. J'ai commencé à apprendre la langue voici 26 ans maintenant et je l'utilise au quotidien dans mon travail, notamment avec mes Collègues Japonais.

A chacun son ressenti, en effet, et mieux vaut effectivement quitter le Japon quand on y estime subir de tels problèmes auxquels je dois être chanceux d'échapper. Je suis parfaitement intégré par mes Collègues Nippons et leurs compatriotes avec qui je partage de façon intensive des intérêts non professionnels.

A nouveau, désolé pour le hors sujet.

Matou
24/06/2016, 08h12
C'est effectivement une différence de ressenti de notre part alors. Je précise de nouveau que le mot "racisme" est plutôt inadapté, et que "différence de traitement" colle mieux. Si pour toi ça n'est pas une différence de traitement basée sur ton apparence physique que de t'entendre parler anglais, alors je ne comprends plus rien !
Je dois admettre que c'est la première fois que j'entends quelqu'un dire qu'il est 100% intégré par ses collègues nippons. Je pense cependant que le fait de ne pas y vivre 7j/7 aide à supporter/accepter certains travers de la société japonaise. Même chose pour la société française. Mise à part la pénibilité du voyage et du décalage horaire, je pense que tu as trouvé une solution idéale.

Quant à cette histoire de gangs, je pense qu'une fois encore je n'ai pas utilisé le bon mot. Groupes de jeunes bourrés est plus proche de la réalité. Attaquant verbalement puis physiquement un petit groupe de blancs. J'appelle ça "casser du gaijin", une fois de plus j'ai relaté une expérience et je n'ai pas prétendu qu'à Osaka on se faisait systématiquement casser la gueule si on est blanc.

Le sexisme, en ce qui me concerne, se superpose au sabetsu et c'est une réalité épuisante.

Matou
24/06/2016, 08h18
ManX, tu as exprimé ma pensée de façon remarquable. Le 差別, la différence de traitement (expression bien plus pertinente que "racisme" d'ailleurs), s'exprime de beaucoup de manières différentes et certains étrangers ne le ressentent pas.

En l'occurrence c'est loin d'être la seule raison pour laquelle je prépare mon retour définitif en France.

skydiver
24/06/2016, 09h09
Désolé que tu ne comprennes pas mais c'est effectivement une question de ressenti donc ça reste individuel.
Moi par contre je comprends mieux maintenant; pas de racisme donc (mot bien souvent dégainé trop vite) et pas de gangs ciblant les étrangers. Une expérience isolée (ou même plusieurs) n'a pas valeur de généralité.

Retour au projet de librairie maintenant.

Matou
24/06/2016, 10h53
Tu sais quoi, je crois que tu ne comprends pas non plus. En outre, je pense que parler de mon expérience en tant que jeune fille ayant ouvert un commerce en rapport avec la France dans une ville pas si connue est totalement en rapport avec le sujet du projet de librairie.

Tu as 25 ans d'expérience du Japon, moi… j'ai 25 ans. Ca n'est pas un motif suffisant pour affirmer que ton expérience/tes propos sont supérieurs aux miens. Quant au fait d'affirmer qu'il n'y a pas de racisme, on est en plein délire là. J'ai vécu des discriminations, mon copain a vécu des discriminations à l'embauche (dans des grandes sociétés, à Tokyo, Kyoto, et même - ça va te surprendre ! - à Osaka). Je sais comprendre quand des gens me montrent du doigt et disent "regarde l'américaine elle est grosse comme tous les américains haha" alors que je suis enceinte. Ca n'est pas du racisme peut-être ? Ca doit être mon ressenti !
Tu parles de ton expérience, d'après ce que j'ai compris : celle d'une personne (je suppose que tu es un homme mais je n'en sais rien à vrai dire) qui travaille de toute évidence en France, du moins une partie du temps, donc dans une société ouverte sur l'international : que tu sois intégré par tes collègues japonais au Japon ne présente donc rien d'étonnant. Il semblerait que tu côtoies des personnes qui diffèrent du pékin moyen qui n'a jamais quitté le Japon. La plupart de mes connaissances ici ne sont jamais sorties du Japon, une bonne partie d'entre eux n'a jamais quitté Kyushu voire la préfecture de Kagoshima.

Le quotidien de la jeune fille qui a ouvert ce topic serait, si elle parvient à réaliser son projet, plus proche du mien que du tien. Ca ne veut en aucun cas dire que mon expérience a valeur de généralité (ce que j'ai déjà admis d'ailleurs, n'ayant jamais affirmé le contraire). La tienne non plus n'a pas valeur de généralité. C'est pas parce que tu t'éclates à Osaka 15 jours par mois depuis 25 ans et que t'y as plein de copains que c'est une ville géniale et idéale de manière objective. Et a moins d'être maso tu n'y serais pas resté si ça ne t'avait pas plu.

Voilà voilà, moi je veux bien qu'on reste copains mais faudrait commencer par ne pas balayer ce que je dis sous prétexte que ça ne colle pas avec ton Japon et que j'ai pas 25 ans d'expérience ^^

Je vais répéter une dernière fois, histoire d'être sûre de m'être bien exprimée : je ne prétends en aucun cas détenir la vérité générale. Je ne fais que relater ma réalité, mon expérience du Japon (à Kagoshima). Je ne suis pour autant pas la seule à avoir ce ressenti.

skydiver
24/06/2016, 11h17
Et moi je crois que tu t'egares et devrais relire ou simplement lire avant d'écrire.
Je n'ai jamais affirmé que mon expérience et mes propos étaient supérieurs aux tiens. Quoique, maintenant, au niveau de l'expérience il est clair que j'en ai plus mais d'une nature différente.
je n'ai pas non plus affirmé que le racisme n'existe pas au Japon. Je ne délire pas, merci de modérer tes propos.
Tu as été victime de comportements racistes, soit. Cela étant dit ce n'est pas une récurrence absolue au Japon, où, à titre personnel, je ne vois que très rarement ces attitudes. Sentiment partagé par de nombreux étrangers dans mes relations au Japon.
Je n'ai jamais prétendu que mon expérience de plus d'un quart de siècle avait valeur de généralité. Cela étant dit elle est donc partagée par les étrangers que je fréquente au Japon, évoluant dans des milieux forts divers, pas uniquement dans mon cercle professionnel.
De même, je n'ai pas écrit, ni même pensé, qu'Osaka était une ville géniale et idéale. Tu t'avances beaucoup à nouveau. Merci de prendre un certain recul que...l'expérience t'apportera peut être.
Je ne balaye rien du tout, respecte ton point de vue et tu serais bien avisée d'en faire autant, c'est aussi simple que ça.
Calme et recul, dans le respect du l'avis des autres intervenants, comme c'est totalement mon cas, au delà des avis divergents. Merci.

Matou
24/06/2016, 12h54
Je ne partage absolument pas la vision que tu sembles avoir de toi-même. Il me semble évident dans ce dernier message que tu continues d'affirmer catégoriquement des choses, et de balayer, ne t'en déplaise, mon point de vue. Restons en là donc, merci à toi.

skydiver
24/06/2016, 13h52
La vision que j'ai de moi même...? Égarée en effet car j'ai juste offert mes avis et expérience. Je ne suis pas plus catégorique que toi, bien que tu changes ensuite ta version sur un racisme et des agressions supposés. Désolé d'être trop cryptique pour toi.
Bon retour en France après cette douloureuse expérience et au plaisir de partager et échanger sur le site.

Pascal
24/06/2016, 14h37
Bonjour!



Tu as 25 ans d'expérience du Japon, moi… j'ai 25 ans. Ca n'est pas un motif suffisant
pour affirmer que ton expérience/tes propos sont supérieurs aux miens.


Ça c'est de l'argument qu'on entend souvent. J'ai aussi le même nombre d'années ici
à peu de choses près. La saynète suivante m'est arrivée des tas de fois.

[contexte: avis différents sur une situation quelconque]
- Ben ça fait quand même 15 / 20 / 25 ans que je suis ici...
- Ça veut rien dire.

Voilà, parti de là, l'avis du néophyte équivaut à celui de l'expert, l'avis de l'infirmier
à celui du médecin.

Dans n'importe quel domaine, il est évident que quelqu'un qui a 20 ans d'expérience
est mieux au fait que quelqu'un qui débute et votre argument est à ce titre irrecevable.
Je n'ai aucune raison de vous déconsidérer du fait que vous soyez une personne
du sexe ou que vous ayez 25 ans, mais votre manière de prétendre implicitement
connaître la mentalité au moins aussi bien qu'une personne qui était déjà là alors
que vous déféquiez dans vos langes me paraît légèrement outrecuidante.
Un peu de modération, de considération de l'avis d'autrui mettrait de l'huile dans les
rouages d'une communication plus sereine.
Et puis comme vous connaissez bien la mentalité japonaise, quelques égards vis-à-vis
d'un 先輩...

Vous résidez au fin fond du Japon rural. J'imagine qu'un étranger qui arriverait à
La Bastide sur Gloute (1) serait accueilli de façon particulièrement déplacée.
Je me rappelle avoir sillonné les routes de ma brousse avec un ami japonais.
En traversant un village, je me souviens d'un gamin qui a dit: ouaaah, chinetoque...
Ha ha ha! Je me souviens avoir moi même été aussi con que ça. J'avais 5 ou 6 ans.
À l'époque, dans ma brousse, personne n'avait jamais vu d'étrangers, même un Maghrébin.
Sauf évidemment les "vieux" qui avaient "fait" l'Algérie. Un jour, quelqu'un m'avait emmené
au zoo. Il se trouve qu'il y avait un petit groupe d'asiatiques en visite au même endroit.
Quand je suis rentré et qu'on m'a demandé ce que j'avais vu au zoo, j'ai répondu :
des Chinois. Bref, étranger dans un village, que ce soit n'importe où, ce n'est pas
toujours facile à vivre, et on se retrouve souvent malgré soi au centre des curiosités.

(1) Village immaginaire d'un roman en chantier depuis des lustres. Tiens, je devrais
peut-être le publier dans Izakaya...

De mon point de vue, l'attitude du vioque dont vous parlez est de la connerie ou de
l'ignorance. Tout comme les cons qui font des commentaires sur vous et le petit
merdeux qui se moquait de mon ami. J'ai eu plus souvent qu'à mon tour le "nihongo wakaru?"
alors que je venais de poser une question en japonais. On peut jouer au con, je l'ai
beaucoup fait au début parce que pour ce qui est d'être con, j'ai des aptitudes hors normes,
consécutives à un entraînement draconien depuis mon plus jeune âge. Mais c'est perdre
beaucoup d'énergie pour quelque chose qui n'en vaut pas la peine. Le con restera con.
Il vaut mieux ignorer. On dit souvent que c'est le plus intelligent qui cède. Et dans ce
cas, il n'y a même rien à céder, tout au plus la sagesse de se taire.



C'est pas parce que tu t'éclates à Osaka 15 jours par mois depuis 25 ans et que t'y as
plein de copains que c'est une ville géniale et idéale de manière objective.


Vous êtes à Osaka maintenant?



Le quotidien de la jeune fille qui a ouvert ce topic serait, si elle parvient à réaliser
son projet, plus proche du mien que du tien.


Je vous le concède, ce serait créer un commerce et votre expérience en gestion ici au
Japon est certainement exploitable. Le simple fait d'avoir survécu dans une économie
en berne est remarquable.

Pascal

zev
24/06/2016, 14h40
En ce qui me concerne, apres avoir habité 9 ans dans le Tohoku a la campagne, je peux dire que le 差別 est bien présent.

Ca a plutot été en ma faveur pour tout ce qui est vie sociale, c'est a dire que j'ai eu l'impression d'avoir été mieux traité que les japonais.

Par contre au sein de mon ancienne université, clairement il y a discrimination envers les étrangers pour ce qui concerne les financements ou l'avancement de carriere.