PDA

Afficher la version complète : peut-on critiquer voir dire du mal du Japon et des japonais?



Pages : [1] 2

lesan
09/02/2016, 12h17
On dirait une omerta quelque fois,peut-on dire du mal,de la critique voir meme des verites qui derangent??
Acteur ou spectateur le tableau n'est jamais le meme......

skydiver
09/02/2016, 12h22
Pas d'omerta sur ce site en tout cas. Si certains idéalisent le Japon, les véritables connaisseurs de ce pays ne tombent pas dans la "tatamisation" à outrance.

shinhanga
09/02/2016, 12h42
Je pense pas que ce soit specifique au Japon. Chaque pays/culture a ses codes et ses interdits.
Comme tu dis, quand on est acteur on ne s'en rend pas compte, et quand on est spectateur on s'en rends compte.
On etait acteur en france, et on devient spectateur au Japon.

lesan
09/02/2016, 12h43
Je me rejouis de cette reponse car un autre forum (son moderateur)se braque.
Sans forcement dire du mal de ce pays/peuple charmant ,non tout n'est pas rose en vivant au Japon.
Certains japonais disent qu'il y a un cote sombre...qu'en pensez-vous??

shinhanga
09/02/2016, 12h51
Bien sure qu'il y a des problemes au Japon, tout comme en France. Par contre ils sont de nature tres differente.
J'adore le Japon et les Japonais, mais ils sont sans doute plus fermés que les francais, et plus durs dans leur rapports.
Je pourrai aussi faire la liste de ce qui est tres bien, mais c'est pas le sujet.

munchou
09/02/2016, 14h34
Vu comme j'ai tendance à relever les problèmes, y a longtemps qu'on m'aurait chassé d'ici :mrgreen:

Il y a évidemment des problèmes au Japon, mais aussi plein de petits détails incompréhensibles pour tout esprit rationnel tels que l'absence d'isolation (même dans les maisons construites de nos jours), l'impossibilité de trouver des produits (électroménager, matériaux, outils...) alors qu'on est voisin avec la Chine et la Corée du Sud, les prix de la viande, du poisson, des fruits et légumes injustifiés et injustifiables, etc.

Mais bon, y a les sushi et le katsudon, donc ça va ^-^

edit : et cette saloperie d'interdiction d'accès aux onsen pour toute personne tatouée !

skydiver
09/02/2016, 15h09
J'abonde dans le sens des autres intervenants. Le Japon possède des aspects négatifs, comme tout pays et toute culture. L'idéalisation est sans intérêt à mon sens.

Pour munchou: tu trouveras notamment des onsen acceptant les clients tatoués dans le quartier de Jûsô, à Osaka.

munchou
09/02/2016, 16h37
Pour munchou: tu trouveras notamment des onsen acceptant les clients tatoués dans le quartier de Jûsô, à Osaka.
Onsen ou sentou ? Je vais jeter un œil, même si ça fait une trotte.
Je n'ai pas (encore) de tatouage, mais un pote oui, et quand on veut se tremper la nouille dans les bains chauds, on doit se limiter aux sentou. C'est mieux que rien tu me diras.
On a un magnifique onsen pas loin de chez nous (pas très loin d'Ikéa).

skydiver
09/02/2016, 18h36
Les deux en fait. Jûsô est le quarter des yakuza à Osaka donc des clients tatoués potentiels.

Désolé pour le HS

lesan
10/02/2016, 12h32
Shihanga,les touristes qui passent sont spectateur et je suis,moi,acteur car je vis ici et paye mes taxes comme tout le monde.
"le cote sombre" comme des japonais me l'ont dit,je cherche a comprendre mais je ne pense pas que cela soit lie a un probleme precis mais plutot a une ambiance en general.
Par exemple une des base du systeme japonais repose sur la delation,cela peut-il avoir une influence obscure??
Desole de ce sujet un peu vaporeux et merci a Shihanga et les autres pour leurs reponses.

Jobian
10/02/2016, 14h30
La délation ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ? (ça m'intéresse :-) )

munchou
10/02/2016, 16h33
Bah balancer son voisin...
Le prob c'est qu'on donne une conotation négative à ce mot alors que, mais ce n'est que mon avis, ça permet aux gens de se tenir un minimum à carreau. Surtout ceux qui ont souci avec le sens du mot "respect".

Bon après, on parle d'un pays où le gouvernement sait pertinemment où se terrent les gangs (yakuzahaha), qui possède quoi, où les flics voient les mecs cramer les feux rouges et s'en battre royalement (si ils font pas pareil), et j'en passe.

Dans un sujet j'ai demandé où trouver des chiens à prix raisonnables (2500€ n'étant PAS raisonnable), et à propos du fait d'en prendre un sans savoir si le proprio l'autorise ou non. Je crois que c'est skydiver qui m'a répondu, et déjà à ce moment-là avait fait une parenthèse sur la délation, genre le voisin qui contacte ton proprio, juste pour voir.
Ça date de 2-3 mois, donc pas vieux.

lesan
11/02/2016, 00h06
la delation de tout et n'importe quoi,comme dans un bac a sable.
un ami d'enfance de mon epouse vit dans notre immeuble et il ne viendra jamais chez nous car nous avons un congelateur sur le balcon et que c'est interdit.elle sait tres bien qu'il appellera le proprio sur le champs.et c'est comme ca pour tout.

au travail c'est pareil,une arubaito vient parler avec moi et va rapporter notre conversation a un japonais dans la seconde qui suit.ca m'amuse autant que ca m'agace.

j'ai des tonnes d'exemple comme ca :)

neptune75
11/02/2016, 00h32
Le coup de la conversation rapportée immédiatement aux autres, oui on me l'a déjà fait surtout au début quand je ne maîtrisais pas bien mon oral

shinhanga
11/02/2016, 01h47
Shihanga,les touristes qui passent sont spectateur et je suis,moi,acteur car je vis ici et paye mes taxes comme tout le monde.

Moi aussi ca fait 8 ans que je travaille ici. Ce que je voulais dire, c'est qu'on peut faire une analyse a partir d'un point de vue exterieur (spectateur), vu qu'on a grandi dans une autre culture. Et inversement, comme on vit plus en France, on peut aussi analyser la France d'un point de vue exterieur. Par exemple, je pense que beaucoup de japonais pensent que seuls les japonais peuvent comprendre le japon, ce qui est bien evidemment faux, mais beaucoup de francais pensent que nos valeurs sont universelles, ce qui est faux aussi. Ou encore, il est bien connu que les japonais en entreprises sont trop rigide avec les regles, d'ou une perte d'efficacite, mais a l'inverse les francais veulent toujours apporter leur idees, hors trop reflechir/trop debattre fait souvent perdre plus de temps que ca n'en gagne.
Pour la delation, je pense que munchou a bien resume. Je pense que c'est aussi a mettre en rapport avec l'obsession du respect des regles, sachant que beaucoup ne les respecteront pas quand on les voit pas. Et aussi certain japonais (pas beaucoup quand meme) sont super sensibles sur les regles quand il s'agit d'un gaijin. Par exemple, ils petent un plomb quand il voit un gaijin griller une queue par example, alors que des japonais qui grillent une queue j'en voit souvent quand meme, et la personne dit rien.

munchou
11/02/2016, 09h29
Ah oui, rapporter les discours d'autrui. Et avec de la chance, ils ont été déformés... Ça m'est arrivé au boulot (une école de fous, mais quand même). C'est sûr qu'il vaut mieux ne pas trop se confier ni critiquer.
Difficile de comprendre ce genre de comportement. Et ne nous parlez pas de culture, pas dans un pays où on nous sort encore "l'honneur des samouraï" sur NHK. Y a bien longtemps qu'ils se le sont carré dans un lieu oublié.

Oui c'est intéressant shinhanga l'idée que certains pensent que ce qui vient de leur pays est ce qui devrait être partout.
Opposition sens commun/culture.
Mais soyons lucides, au Japon, le sens commun fait souvent défaut. Ils sont toujours dans le "pourquoi faire simple ?", bien qu'on remarque quelques améliorations. J'ai posé une simple question par rapport au fait qu'on ne trouve pas des appareils électroménagers comme en France, sachant qu'il n'y a qu'à traverser la mer pour les avoir. Personne n'a la réponse. C'est pas dingue ça ? Vaut mieux foutre une pompe disgracieuse avec un tuyau bien long qui relie le bain à la machine à laver, plutôt que d'en avoir une qui intègre directement des résistances. C'est tellement plus marrant, et ça fait marcher le commerce (made in China).

Le respect des règles, aussi, c'est quand ça arrange. Comme partout, tu me diras.
Saviez-vous par exemple qu'il est illégal de rouler en vélo sur les trottoirs ? Pourtant certains sont "aménagés" (=peinture sur le sol), décisions prises par les villes, en totale opposition avec la loi. Ils en parlaient encore l'année dernière aux news. C'est quand même du lourd là.

Et je pense que beaucoup de japonais, au contraire, ne comprennent PAS leur société. Quand tu comprends ton pays, tu sais ce qui ne va pas, tu te poses des questions, et (salut Utopia) tu fais en sorte d'améliorer un minimum ce que tu peux. L'insatisfaction (justifiée) est un moteur nécessaire à l'évolution. 1€ la pomme et personne se demande ce qui cloche ? 4€ les 5 mandarines ? 20€ le melon ou la pastèque ? Pas de boycott ? Ceci explique cela.
Ça c'est le côté spectateur.

En tant qu'acteur, que "doit"-on faire ? En France, bon forcément on râle. Mais au-delà, on a les pétitions (à l'efficacité discutable, mais c'est déjà symbolique), les débats, les grèves, la casse. Ça change difficilement les choses, mais montrer son mécontentement, c'est déjà une grosse étape. Et bien sûr on a des lobbies et une grosse censure histoire de bien aider, bien que ce soit le pays des libertés (qui vient de faire allusion à Dieudonné ?).
Au Japon ils font quoi ? J'ai dû voir 2 manifestations en tout, et sans mentir ils devaient être 20 voire moins. C'était similaire à la télévision quand certains ont manifesté après l'accident de Fukushima. Il y avait eu de graves incidents il y a plusieurs année dans les rues entre civils et flics, mais j'ai oublié pourquoi.
Ils savent se plaindre ("il fait trop froid", "il fait trop chaud") et ça s'arrête là. Les mecs ne vont pas chercher à se dire "merde comment ça se fait qu'il fait la même température que dehors, qu'est-ce que je peux faire pour changer ça ?". C'est un exemple banal, mais c'est la même chose pour le reste.
Tu fais du DIY, c'est limite si ceux qui te voient vont pas te demander un autographe et te laver les pieds. Être acteur ça commence déjà par son petit environnement. Rien que ça, c'est un début.
Tiens vivement les taxes à 10% l'année prochaine, visiblement ça fait chier personne. Le made in Japan est plus cher sur place qu'à l'étranger. J'espère recevoir le lubrifiant avec ma prochaine feuille de taxe à remplir.

Je sors des aspects négatifs parce que c'est le sujet hein, je râle pas :D
Je peux dire beaucoup de bien aussi. Mais c'est moins marrant de toutes façons.

neptune75
11/02/2016, 23h02
Et en m^me temps, si en France on a des débats ,certains estiment que la France a beaucoup de mal à se réformer, un peu comme au Japon

asagiri
13/02/2016, 16h18
Bonjour
oui on peut,il y du bon et du mauvais et des gens de toutes sortes
comme partout
et c'est aussi une affaire de contexte ,
sauf si on est totalement admis dans le " uchi" (notion de soto et uchi)
d'un groupe ,on est pour le reste un gaikokujin ,et le mieux est de demeurer
invisible
je suis dans "uchi" de deux groupes ,a part cela c'est le " soto"
alors il faut s'y conformer

Akeru
13/02/2016, 21h34
notion de soto et uchi

Ca faisait longtemps que je n'avais plus entendu parlé de ces notions. Merci pour le rappel, ça remet certaines choses en perspectives.

asagiri
18/02/2016, 13h32
Bonjour
de rien Akeru , il faut en tenir compte
et puis ne pas oublier que l'on est un gaikokujin
et aussi le statut, si on fait des sejours ou si on reside au Japon

munchou
18/02/2016, 16h18
Mouais... être un étranger... Une notion qui semble bien arranger son monde.

J'ai regardé un documentaire sur YouTube il y a quelques jours à propos du Japon du point de vue des étrangers justement.
Globalement, et on sera tous ou presque d'accord dessus : le Japon présente bien plus de points positifs pour la vie de tous les jours que nos pays natals (natto ? jeu de mots...), à commencer par la sécurité (malgré les yakuza installés un peu partout).

Pourtant, et c'est ce qui me chiffonne, l'un en particulier a parlé du fait qu'un étranger, même installé depuis des décennies, ne connaîtra qu'une façade du Japon, et qu'une partie restera inaccessible. Ce que j'avais déjà lu quelque part, si ce n'est sur ce forum.
Et là je me suis dit 2 choses : "Mais qu'est-ce que ces mecs-là nous bafouillent ? On pourra suivre 10 Japonais en secret pendant une semaine, ils ne feront pas plus de choses que le blanc-bec du coin (qui vit au Japon, pas le touriste). Voire même moins." et "Mec, si tu devais retourner dans ton pays, qu'est-ce que tu ferais de PLUS qu'au Japon ? Sérieusement ?".

Je pense qu'il y a confusion entre vie citoyenne standard et culture autochtone (religieuse ou aux origines religieuses, et là on pensera à tous les festivals de partout), cette dernière étant évidemment difficilement accessible à celui qui ne partage pas la même religion, donc presque tout le monde. Et on parlerait de soto ?
Donc en France si je ne vais pas à l'église le dimanche, que je décide de ne pas voter, que je dis merde au pain et au fromage, que je suis en désaccord avec la CGT et autres ploucs, je suis soto ? Parce que ce n'est pas la société qui ne m'accepte pas, mais moi qui dis merde à certains aspects, et par conséquent me ferme des accès à divers aspects de la société. Un certain degré de refus d'intégration ?

L'acceptation d'un étranger par des japonais ? Ah ouais, super, sous-entendu qu'ils acceptent tous leurs congénères ? Dans les drama, peut-être.
Je suis entouré de maisons, et j'ai encore vu aucun de mes voisins inviter des potes/amis/etc. Alors le uchi...
Quand je vais faire mes courses ou qu'on me tape la convers' dans la rue ou quand je roule en scooter (par exemple à propos d'un truc voyant que j'ai installé dessus), ces personnes s'adressent à moi comme si j'étais un Japonais, et non un étranger (et donc je comprends pas grand chose, mais ça c'est de ma responsabilité).

De même, on peut prendre les rikishi étrangers comme exemples, dont le célèbre Mongol, et qui si je me souviens bien parlait très peu jap' il y a 7 ans (contrairement à aujourd'hui). Les mecs acclamés et amassant l'argent local. Vous allez pas nous dire qu'ils sont dans le soto.

La notion de gaijin est due à 2 choses simples : une trop grande différence physique avec les Jap', et le faible nombre d'étrangers.
En même temps, en France, si on pense à tous ceux d'origine africaine (et ce depuis des décennies, donc ils sont Français, c'est incontestable), vous pensez qu'on peut parler de uchi ? Ben voyons... y a qu'à voir avec les flics ou aux entretiens d'embauche. Ces gens-là doivent se sentir plus rejetés par leur pays et concitoyens que nous qui venons au Japon et n'y appartenons pas (ou pas vraiment).

fengrim
19/02/2016, 07h07
peut-on critiquer voir dire du mal du Japon et des japonais?

La question est donc comment un étranger serait perçu si il critique le japon ou ses habitants, hein.
Ma connaissance du pays se limite au Kanto, je ne connais pas vraiment les vices et coutumes des autres régions, je vais donc parler de ce que je connais : Tokyo.

Pour commencer il serait peut-être bon de rappeler les lois qui régissent les liens sociaux de la capitale. une de celles-ci étant le Uchi/soto précédemment évoqué, Je vais plus m'attarder sur le 建前・本音 :

Comme vous devez déjà le savoir, dire les choses de manière indirecte est naturel pour le tokyoïte. Ne pas exprimer ce qu'on pense afin de ne pas froisser les sentiments de son locuteur est une conduite banale, même entre amis. Nous parlons ici du tatemae, fondement de la plupart des rapports sociaux nippons, régnant en maître de kanagawa jusqu'à urawa. Ce qui pourrait paraître pour de l'hypocrisie pour une bonne majorité de français, n'est rien d'autre que de la courtoisie.

En tant que bon parisien, j'attends de mes proches de l’honnêteté, je leurs rendrai la pareille sans équivoque, peu importe le fait que mes propos soient blessant ou non. C'est le degré de sincérité qui va souvent définir la solidité d'une amitié en île de France. Au japon c'est ce qu'on appel le Honne et c'est souvent pas bien perçu.

Exception faites des nomikai qui sont justement élaborées pour dire ce que l'on pense. Prétextant le lendemain qu'on était à 5 grammes, qu'on ne se souvient plus réellement de la soirée, puis on remet son masque, son filtre à émotions, pour re-rentrer dans le moule du bon citoyen. Jusqu'à vendredi prochain, la même itération, chaque semaine.


Ceci étant dit reposons-nous la question : "peut-on critiquer voir dire du mal du Japon et des japonais à Tokyo?"

Tu peux oui, mais il y a de fortes chances pour que tu passes pour un connard de première. Et là ou ils sont balaise, c'est qu'ils feront en sorte que tu ne le saches jamais.

shinhanga
19/02/2016, 07h55
Tres bien vu Fengrim
Les codes culturels sont totalement different, et il faut les apprendre au meme titre que la langue.
Je rajouterai que le japonais ne debat/argumente/contredit pas, il t'evite/t'ignore.

asagiri
24/02/2016, 12h27
bonjour,ce n'est pas un hazard que le Aikido fut cree au Japon
;)

Pascal
05/03/2016, 08h14
Bonjour!

Ça fait longtemps que je ne me suis pas amusé à refaire le monde...



Par exemple une des base du systeme japonais repose sur la delation, cela peut-il avoir
une influence obscure??


Ça dépend de ce que vous appelez délation...
Par exemple, si on vous vole votre voiture, vous portez plainte, là, clairement, ce
n'est pas de la délation. Donc on peut dire que la différence entre porter plainte
et se livrer à un acte de délation repose sur le fait d'être ou non lésé.
Si dans un supermarché je dénonce quelqu'un que je vois faucher quelque chose, est-ce
de la délation? Une façon de voir est de dire que la fauche représente une certaine
perte moyenne fixe pour un magasin et donc que rapporter au vigile que quelqu'un
a fauché n'aura aucune influence globale. Une autre façon de voir le problème est
de dire que la perte moyenne fixe diminuera si l'acte commis est sanctionné, et que
donc participer activement à la sanction fera que la majoration des prix en vue de
compensation des perte diminuera aussi.

Maintenant, venons-en à l'immeuble. Mon voisin fait quelque chose qui m'est interdit.
Plusieurs solutions:
- Je m'en tape parce que ce n'est pas mon problème, je ne veux même pas le savoir,
chacun sa merde.
- Je me sens lésé mais je décide de ne rien dire.
- Je fais pareil sans rien dire à personne (méthode à la française)
- Je décide que pour que tout soit en règle, il faut en parler à la réunion des
copropriétaires pour décider si on le permet à tous ou si on ne le permet à
personne (méthode japonaise).

Cette dernière méthode vous choque? Moi pas. Elle a l'avantage de mettre les choses
à plat et de donner les mêmes droits à tout le monde.
C'est assez risible d'ailleurs que dans la devise de la France il y ait le mot égalité: dans
la pratique, c'est souvent l'égalité pour les autres, privilège pour soi.

Il y a aussi quelque chose que je trouvais assez irritant dans mes premiers temps au
Japon. Par exemple, vous allez à une soirée, par exemple une beuverie d'entreprise. Si
vous discutez avec une nénette, en tout bien tout honneur (évidemment) alors il y a
forcément quelqu'un qui va venir pour vous demander "Comment va ta femme? Et ton
gamin, il est en quelle classe, déjà?", etc, etc...
En France, ça ne se ferait jamais parce qu'on est trop attaché au respect de la vie
privée, mais ici, c'est quasiment la règle. Dans l'absolu, est-ce bien ou mal, je ne
saurais le dire. Ça peut briser l'élan d'une velléité de relation illicite, ce qui n'est
pas très grave pour un esprit français, mais je pense que dans leur mentalité, ça peut
éviter une catastrophe familiale. Casser la baraque du mec pour l'empêcher de casser
sa maison (au sens de sa famille), quoi. NB: je ne dis pas que c'est juste, je dis que
c'est différent et qu'il faut faire avec.

On peut dire à mon sens qu'en France, la frontière de la délation est relative
à ce qui nous lèse personnellement (i.e. il est permis de protester, de rapporter
à une autorité ce qui nous lèse personnellement) alors qu'au Japon, la notion de délation
est plus floue et il est autorisé de rapporter à ce qui d'une manière ou d'une autre peut
pénaliser un groupe ou la collectivité. C'est donc beaucoup plus large. Vous l'acceptez ou
vous repartez d'où vous êtes venu. Il n'y a pas de critère objectif et indiscutable permettant
de trancher de ce qui est bon ou pas.



un ami d'enfance de mon epouse vit dans notre immeuble et il ne viendra jamais chez nous
car nous avons un congelateur sur le balcon et que c'est interdit.elle sait tres bien
qu'il appellera le proprio sur le champs.et c'est comme ca pour tout.


Ben ça prouve que votre femme tient plus à son congélateur qu'à son ami d'enfance.



Pourtant, et c'est ce qui me chiffonne, l'un en particulier a parlé du fait qu'un
étranger, même installé depuis des décennies, ne connaîtra qu'une façade du Japon,
et qu'une partie restera inaccessible. Ce que j'avais déjà lu quelque part, si ce
n'est sur ce forum.


Je ne vois pas pourquoi ceci serait vrai uniquement pour le Japon. Il y a toujours
quelque chose qui échappe à celui qui n'a pas été élevé sur place, des choses qui sont
ancrées dans ce que l'on appelle la "culture". Je me souviens, quand je donnais des
cours de maths aux élèves du lycée Français, que les français à 100% ne se mélangeaient
pas avec les autres parce que l'humour n'est pas le même, parce qu'il y avait des choses
qui n'arrivaient pas à passer d'une culture à l'autre. Et je ne parle même pas des 100%
Japonais qui y étaient. Non, les 100% français ne se mélangeaient pas non plus avec ceux
de parents mixtes. Ou très peu.

Pascal

musicamagika
05/03/2016, 13h28
J'approuve tes propos, Pascal. C'est assez marrant ( et ça peut paraître paradoxal pour certains ), mais ayant grandi dans une famille à l'idéal communiste ( ligne pure et idéaliste, genre "idéaliste admirateur de la RDA" ), je retrouve mon enfance chaque fois que je me rends au Japon ( là, j'y suis ). Cette ligne de conduite de l'individu au service de la communauté, je le perçois à chaque instant. Cette appartenance au groupe, et les actes posés en rapport au groupe me semblent ici être logique, parce que j'ai été éduqué comme ça. Y compris ce que certains nomment "délation", mais qui n'est qu'un rappel aux normes du groupe. Cependant, je ne fais pas partie du groupe, je n'ai pas grandi ici, et n'ai pas été éduqué ici, donc n'en fais pas partie.
Ca ne m'empeche pas d'être outré par des comportements égoïstes et non respectueux de certains habitants de cet archipel qui brisent l'harmonie du groupe. Oui, on peut dire du mal du japon et de ses habitants, mais critiquer son idéal me paraît être plus délicat.

munchou
05/03/2016, 22h59
Cependant, je ne fais pas partie du groupe, je n'ai pas grandi ici, et n'ai pas été éduqué ici, donc n'en fais pas partie.
Donc l'éducation commune en un même lieu est un prérequis pour appartenir à un groupe chez notre espèce ? Étonnant.
Ce qui fait qu'il ne m'est pas possible de ne pas me sentir détaché d'un groupe dans lequel j'ai été élevé ?

Et quel est-il, cet idéal japonais ? L'individu au service de la communauté ? Vous êtes en sûrs ? Parce que chaque fois que je sors, je vois plutôt de l'ultra-capitalisme avec des gros clichés individualistes qu'un groupe solidaire. Les gens qui passent tout droit devant ceux qui ont besoin d'aide (des trucs simples, genre la mamie qui a besoin d'un coup de main ou le papy qui se croûte en vélo aux feux), j'en vois toutes les semaines. Bel esprit de solidarité dites-moi ! Comment ça se fait que moi, je m'arrête pour aider ? Je me sens pas plus japonais pourtant.
Nishinari-ku, à Osaka, ça vous dit quelque chose ? C'est dans ce district qu'il y a fameuse zone censurée par le gouvernement, pleine de SDF et sans emploi. Rien de catastrophique (si t'écoutes un jap', c'est une ville super dangereuse), y a bien pire en France. Si c'est ça l'idéal nippon et l'esprit communautaire, on n'a vraiment pas la même définition de l'esprit et l'honneur japonais.

L'esprit familial nippon ? C'est une vaste blague, non ? La mère au foyer, pourquoi pas. Le père absent de l'éducation de ses gamins ? C'est pas un peu du foutage de gugule de parler de communauté quand on reste après le boulot se péter le foie avec son abruti de patron et des collègues tout aussi courageux que soi ? Et me parlez pas de culture, c'est ou t'as le sens des priorités, ou tu t'écrases.
Heureusement c'est pas pour tout le monde pareil. Mais un pote (qui vit seul) de 28 ans vit ce genre de situation avec son boulot.
Fun fact : un truc que j'avais vu ou lu, un des plus gros regrets des japonais ? Avoir trop "travaillé" et ne pas avoir pu profiter. Bah oui mon gars, mais fallait ptêtre y penser avant. Y a assez de drama et films importés pour avoir une idée de comment améliorer sa vie. Et c'est pour tout le monde pareil.

La communauté à la carte, comme partout.
Ce n'est pas parce que ça diffère dans la forme que le fond est différent.
(donc moi je suis pas trop d'accord avec vous en fait :mrgreen: )

musicamagika
06/03/2016, 00h11
Oui, je me suis mal exprimé quand je parlais d' "idéal japonais". Je voulais plutôt parler de lignes de conduite par rapport au groupe en général. Ca ne veut pas dire qu'elles sont respectées, évidemment.
Je voulais aussi souligner le lien au groupe et les comportements qui peuvent en découler ( exemple : les activités de Volunteer, assez répandues ).
Shin Imamiya, Sanya et autres quartiers en marges de la société existent, et il aurait été étonnant qu'il n'y en eut point. D'ailleurs, je me demande ou sont partis tous les saisonniers de ces quartiers qui me semblent bien calmes ( il y a encore 10 ans, j'avais vu une émeute - quelques palettes brulées - de saisonniers ivres à Minami senju, ils ont disparu depuis ).

neptune75
06/03/2016, 16h23
En français:30 min sur les SDF au Japon

http://radioagora-nanterre.fr/emission/1-127-cafe-asuka

munchou
06/03/2016, 17h21
Merci neptune75, ce fut bien intéressant !

"Au Japon, les associations sont surtout là pour empêcher de toucher les aides". Eh bah, alors que la loi (selon l'interviewé) permet d'obtenir du 10man par mois...
Exclusion de ce "type de population".
Des yakuza qui utilisent des SDF sur des sites contaminés (Fukushima). Des tarés qui passent leurs nerfs sur des SDF.
On parle toujours de communauté là ? Je me disais aussi...

Les seuls qui semblent aider les SDF sont les associations religieuses (qui effectivement sont assez présentes puisque j'en ai déjà eu 2 fois à ma porte, ils viennent saluer et donnent leur carte, c'est tout, rien d'envahissant), si t'acceptes de faire quelques concessions (super honnête tout ça), et quelques individus cultivés qui ont un peu plus d'empathie que le japonais lambda (pas dur en même temps, et pourtant en totale opposition avec l'idéal japonais qu'on veut nous faire gober).

C'est quand même marrant d'avoir honte d'être SDF, mais pas de vider les océans, bouffer de la baleine, gueuler dans la rue quand on n'est pas content comme s'il n'y avait que soi, bourrer les autres dans les trains, renifler comme un gueux, mollarder à côté du voisin, pisser en pleine rue, etc.
Ah oui, c'est l'esprit communautaire, faut absolument tout partager :mrgreen: