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Afficher la version complète : Aikido Tolérance / Aikido: le conflit contre qui, contre quoi?



kimusubi0
10/09/2004, 16h33
La tolérance est lié á un geste d'amour.

Aborder ces choses là, sur le seul prisme intellectuel, ne donne pas de grands résultats pratiques.

En plus tenir un discours sur l'amour et la tolérance présuppose que l'on soit avancé en la matière, ce qui nous fait tomber parfois dans une certaine contradiction (moi par exemple).

Les gens ont en général une certaine pudeur à parler de choses qui sont fortement ressenties et qui s'expliquent d'une façon souvent inadéquate.

Si quelqu'un est foncièrement méchant, et que l'on constate qu'à un certain moment la personne visée exemplifie ce type de sentiment, on a parfaitement raison de le remarquer (c'est presque idiot d'en constater l'évidence). Mais quand un jugement devient "militant", immobile, sans nuances, et que nous ne sommes pas capable de comprendre qu'il existe des circonstances, que les gens peuvent changer, que nous pouvons nous tromper, cela devient dangereux pour nous-même, et pour les autres quand on est un leader.

Il vaut mieux ne pas transformer sa conscience en un tribunal permanant, surtout quand on n'a pas les compétences théoriques et la sérénité requise.

Quand quelqu'un devient pathologiquement militant (d'une façon irrationnelle et extrémiste), il peut s'agir d'une projection psychologique sur autrui. Prendre conscience d'une chose spécifique peut-être terrifiant pour quelqu'un, et la meilleure façon d'éviter une confrontation personnelle, c'est de reporter ses propres problèmes sur les autres (dans le même sens, ou dans le sens contraire).

En général l'intolérance trouve "sa raison d'être" derrière un faux "impératif de la rationalité". Entre guillemet, parce que le sens de la rationalité devrait s'encadrer dans un contexte toujours humain.

Séparer de façon obsessive, les sentiments de nos décisions, est complètement artificiel (le fameux neurologue Antonio Damasio en parle dans un de ses livres). Même dans les maths, pour valider un raisonnement, il faut faire appel à ses émotions. Donc, contrairement à certaines superstitions, nous ne sommes pas ces gens qui décident sous l'autorité de "la raison pure". Nous prenons nos décisions sous l'effet de nos émotions et de notre subjectivité. Voilà une des raisons pourquoi il est conseillé d'être tolérant.

Tolérant c'est mettre un bémol à ses propres affirmations, par précaution, quand il s'agit de qualifier honnêtement quelque chose.

Pour faire de l'Aikido, pour pouvoir enseigner quelque chose d'éducatif et non pas destructif, il faut être tolérant. Nous pouvons faire un jeu de mot en disant que nous méritons la tolérance.

Pour être tolérant, il faut être pondéré, serein, courageux, intrépide, éveillé, intelligent et gentil (il doit certainement manquer quelque chose…).

La tolérance n'est pas quelque chose que l'on conquiert facilement.

La nécessité de la présence de la tolérance dans notre vie, ressemble à ce qu'est l'eau pour les poissons, et c'est tellement évident qu'on ne le voit pas; l'eau collée aux yeux du poisson, ne s'en aperçoit pas, et c'est seulement quand il en sort, qu'il le découvre.

Rappa
12/09/2004, 21h04
Bonjour,

Sur ce type de thème je vous conseille les excellent ouvrages du dalai Lama : l'art du bonheur.

Loin d'etre un ouvrage religieux c'est principalement un ouvrage sur l'art de bien vivre... des conseils très precieux....

^^

Rappa

Shigai
13/09/2004, 07h38
Faut-il encore définir les limites de la tolérence.

Faut-il être tolerant avec les islamistes puisqu'on ne connait pas le Coran ?
Faut-il être tolerant avec l'administrattion Bush et les fanatiques chrétiens quand ils massacrent les peuples ?

Faut-il tolérer que le patronnat revienne au 60h/semaine ?

Est-ce que la tolérance exclut l'esprit critique ?

Mais que faut-il donc toléré en Aikido ? Y a t il quelque chose d'intolérable ?

Shigai :wink:

kalindo
13/09/2004, 08h26
Super intéressant comme sujet.
Voici donc mon humbe ( :? ) contribution au débat.
J'ai tendance à dire que ce qui limite la compassion, ainsi que la tolérance c'est la temporalité, la mortalité. En gros, si j'étais immortel, éternel, je pourrais attendre que les gens s'améiorent ou changent, ou pour être plus honnête :wink: qu'ils se conforment à mon idée de la normalité ou perfection, de même d'ailleurs pour mon jugement. Mais comme j'ai pas que ça à faire, je préfère trier, classer, juger quite à faire des erreurs donc à ne pas être tolérant parfois... souvent.... :oops:
De toute façon, juger les gens procède de fonctionnement cognitif : reconnaissance par comparaison et classement.
L'avantage de prendre ce parti, d'en être conscient, c'est de ne pas croire que ce que je pense de l'autre est objectif, même si je l'ai objectivé en le jugeant. Donc de pouvoir rectifié si besoin. Ce qui manque souvent c'est finalement l'humilité de reconnaître qu'on s'est planté.... Mais après tout, s'est commeça qu'on avance : jugement --> erreur --> rectuification du jugement (mais jugement quand même).
Moralité pour moi être tolérant, c'est déjà de ne pas croire qu'on est tolérant. :P
Du coup c'est pas tous les jours facile d'essayer d'être tolérant comme tu le disais kimusubi0. :oops:

kimusubi0
13/09/2004, 10h13
Si la tolérance est lié á un geste d'amour, ça ne correspond pas à ce niveau, à une forme d'acceptation.
Mahatma Gandhi était un guerrier, il lutait d'une façon non violente. Il était aussi tolérant, sans être béatement passif.

gvittoz
11/03/2005, 13h03
La tolérance d'un point de vue oriental est souvent liée à l'idée de l'impermanence et de la vacuité. Le "Je" et "Moi" occidental n'existes pas dans une perspective bouddhiste nous ne pouvons donc pas émettre de jugement propre et arrété donc intolérant.
La tolérance en Aikido serait pour moi (donc un avis imparfait) lié à la notion de perfectionnement, comme je suis toujours la Voie et que je n'arriverais jamais à la perfection je ne peux qu'être tolérant. Dur dur :wink:

grosMulet
20/03/2005, 02h47
M'est avis que cette discussion ne progressera pas sans qu'il y soit introduit une explication du "mode de pensée" oriental (explication que je n'ai pas la présomption de pouvoir fournir).
Je peux simplement restituer l'essence de ce qui m'est parvenu...
En effet, alors que le monde occidental dans lequel nous baignons depuis notre naissance se défini selon un rapport d'antagonisme manichéen en quasi toutes choses (bien/mal, chaud/froid, paradis/enfer, lumière/obscurité, vie/mort), l'esprit oriental considère plutôt que l'éxistence des 2 pôles (de n'importe lequel de ces antagonismes de la pensée occidentale) doit être maintenue (même le mal dans le couple bien/mal et la mort dans le couple vie/mort !) car l'énergie découle du fait que tout fluctue entre 2 pôles; et que chacun de ces pôles n'éxiste que par ce que son opposé éxiste.
Typiquement, l'esprit européen qui combat l'intolérance en faveur de la tolérance fait fausse route en éssayant de favorisé l'un des 2 pôles du couple tolérance/intolérance.
Pour faire le lien avec l'aîkido, l'aîkidoka qui éxécute la technique (tori) doit faire en sorte que les 2 protagonistes de l'affrontement en sorte indemnes : tori doit "vaincre" aite en détournant les attaques jusqu'à ce qu'elles "meurent" d'elles-même... l'aîkidoka n'a qu'un seul moyen de remporter une victoire : détourner l'agressivité de aite jusqu'à ce que ce dernier se rende compte que cette violence n'est pas la solution à son problème.
Alors que la vision classique d'un combat mène à un vainqueur et un vaincu, un combat impliquant un aikidoka devrait avoir pour dénouement un "non-combat", ainsi aucun des 2 n'est favorisé il y a ni vainqueur ni vaincu.

plusieurs phrases célèbres illustres calà :

"la perfection pour celui qui veut vaincre, c'est de na pas lutter" - Toa Te King
une autre dont je me souviens mal dit en substance "tout combattant trouvera son maitre en combat, peut importe sa valeur. celui qui ne sera jamais defait est celui qui ne se bat pas".