Le Japon en France dans les annees 70

[Suikasensei]

Bonjour,
Ce sujet s'adresse en particulier aux membres de plus de 40ans et qui s'intéressent au Japon depuis un certain temps. Je souhaitais savoir ce que quelqu'un qui s'intéressait au Japon dans les annees 70, a Paris par exemple, pouvait se mettre sous la dent. Mis a part les gens aventureux et/ou a l'aise financièrement, il n'était pas aussi fréquent que cela peut l'être de nos jours d'entreprendre un voyage au Japon. Plusieurs choses me viennent a l'esprit: les restaurants japonais étaient ils déjà monnaie courante ou était-il très difficile d'en trouver un authentique? La littérature, le cinéma, la politique, les cours de langue, etc. En somme: avant l'heure d'Internet, a quel point un nippophile pouvait-il s'alimenter?

[skydiver]

Peu de restaurants japonais (authentiques ou pas) dans les années 1970, à Paris. Tout ce que tu évoques était rare et n'intéressait que relativement peu de monde. Le Japon était bien loin, très exotique et mystérieux. On parlait surtout d"électronique grand public qui émergeait alors, comme les voitures et motos japonaises. Ces dernières déjà populaires auprès des fans Français; par exemple la Honda CB 750 pour qui s'en souvient.
En cette époque reculée on trouvait surtout des personnes s'intéressant au Japon dans le milieu des Arts Martiaux. Le jûdô était déjà connu et populaire et le karatedô commençait à s'imposer. Certains de ses pratiquants avaient franchi le pas et étaient partis s'entraîner là bas, ramenant des souvenirs à la pelle avec eux.

[gotonin]

Tiens une question me vient à l'esprit : Dans "l'aile ou la cuisse" (1976) on y voit un restaurant japonais ?! Quelqu'un sait si c'est un vrai et où il est (était?!) ?!

[GATTACA]

Si l'on s'en tient à IMDB, le restaurant japonais n'est qu'une reconstitution de studio.
http://www.imdb.com/title/tt0074103/locations
Le seul établissement mentionné, est une auberge à Dampierre en Yvelines.
Sur Wikipédia, la fiche technique ne mentionne aucun restaurant japonais dans les remerciement (rubrique où figure les entreprises ayant mise à disposition de la production des biens ou services sans contribution financière mais demandant simplement que le nom de la société - ou établissement - soit mentionné).
http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Aile_ou_la_Cuisse#Fiche_technique

[tchotto]

Salut à tutti ! Deux années clefs ou charnières me semble -t-il que les années 1964 et 1970 dans l'intérêt grandissant pour le Japon à l'étranger . En effet, les jeux olympiques de Tokyo de 1964 furent rapidement suivis par l'Exposition Universelle d'Osaka en 1970. L'aura mondial de ces deux événements a encore été amplifiée par le biais de la télévision qui s'est mise à envahir nos foyers durant la même période. Bien évidemment le judo et les arts martiaux ont été parmi les premiers vecteurs ou précurseurs de ces mouvements d'intérêt pour le pays du Soleil levant. Les premiers pétroliers géants sortis des chantiers navals nippons n'ont -ils pas été les annonciateurs d'une globalisation avant la lettre ? Ils ont été précédés par les exportations envahissantes de " la cacaille japonaise " - jouets , produits miniaturisés , hifi, premiers postes de radio transistorisés ,etc ... ? Puis arrivèrent les vélos-moteurs honda ( avec le moteur sur la roue arrière ), suivis des motos Suzuki,Yamaha,Honda, etc, etc ... bientôt suivis des automobiles telles que la Toyota Corolla, la Honda N600 ( mini ) et sa soeur coupé-sport ....rouge comme les alpha-roméos , les Datsuns 1000 et autres Toyota 1000 ou Mitsubishi Colt. Déjà les petites cylindrées ! Par vague de bateaux-garages, elles débarquaient en Europe et aux States au point que des quotas furent imposés pour freiner la déferlante sur les industries locales non concurrentielles dans les prix . Il en fut de même pour les motos . En Hifi, Sony , JVC et autres Mitsubishi vinrent concurrencer les Philips , Grundic, ACEC, Blaupunckt , etc... ? .. Tout cela pour les années 1970- 1980+ ... Bien avant l'influence des mangas et autres films animés , bien avant les play-stations, les super-marios, etc etc ....
Mais, pour les cheveux gris dont je fais partie, ce fut à travers la bande dessinée que nous avons été intéressés par le Japon . En effet, c'est la série des albums de " Tintin et Milou " qui nous a fait voyager dans le monde tout en restant calés dans nos fauteuils . C'est avec eux que les garçons apprenaient à lire couramment dès la fin du premier trimestre de la première année scolaire primaire ! C'est ce que l'on " demandait " à St Nicolas ! A côté de l'oeuvre de Hergé, ce furent les nombreux albums de " Buck Danny " qui nous ont révélés l'existance du " péril jaune " nippon . Et pour les belges, je peux ajouter sans me tromper que " la tour japonaise " située en bordure du domaine royal de Bruxelles ( commune de Laeken ) nous interpellait déjà : c'est en effet dans ses environs que la première exposition universelle " d'après guerre " ( 1940-1945) fut tenue en1958 . Exposition superbe qui en a fait rêver plus d'un, exposition de " tous les possibles " - caravelle française, spoutnik, communications, etc etc...- et qui a drainé des millions de visiteurs du monde entier . Cette tour japonaise que vous pouvez apercevoir dans le reportage de JM, d'ailleurs : ---> archives ! Ce n'est que bien plus tard que les mangas, les play-stations et autres videos nippones ont engendré les vagues des " otakus " et autres japonophiles modernes . Je termine , bien sûr, sans oublier de souligner que c'est depuis les années 1990, qui ont vu la création de l'Internet et tout ce qui tourne autour, qu'un tel engouement a vu le jour au niveau mondial qui a permis tous ces mouvements d'intérêt pour le Japon parmi les jeunes et moins jeunes et dans tous les domaines où les japonais excellent . Commerce , Culture et Globalisation obligent ! Ciao !

[CapRay]

Mode "Higgins" ON

Dans les années 70, on a eu Goldorak. C'était quand même autre chose !

[Suikasensei]

Merci pour vos réponses.
Si je comprends bien, le Japon se résumait aux amateurs d'arts martiaux, d'éléctronique ou d'automobile. Pour la culture et la gastronomie, rien ou presque? Il devait bien y avoir quand même une section japonais aux langues O, je suppose? Je me demande ce que pouvaient faire les étudiants qui y étaient... J'ai regardé un peu l'historique des traductions de la littérature japonaise vers le français, j'avais d'ailleurs posté qqch là dessus, il y avait quand même quelques trucs... mais qui devaient être lus par une poignée d'universitaires j'imagine.

[skydiver]

Je crois que les possibilités de se rapprocher du Japon existaient mais étaient relativement limitées et, surtout, plus difficiles à atteindre. Il s'agissait plus d'une affaire de "spécialistes" et amateurs motivés. Une vague de fond assortie de plusieurs effets de mode nous ont offert la situation actuelle.

[exe333]

Etant né en 77, j'arrive un peu tard sur le sujet, mais...

Curieusement, ma première expérience nippone fut dans un authentique restaurant japonais à Nice, dans les années 80. Alors que l'on ne parlait pour ainsi dire jamais de cuisine japonaise dans les médias de l'époque, nous avions déjà 3 restaurants : 1 teppan-yaki, 1 sushi-brochette de petite taille, et 1 autre restaurant plus prestigieux (et beaucoup plus cher) servant beaucoup de choses : sukiyaki, sashimi, salade d'algue, etc.

Je ne me suis pas renseigné plus que ça, mais il semblerait (ça serait logique) qu'une petite communauté japonaise soit installée à Nice. Soit ça, soit ma ville natale est une destination touristique de choix pour les nippons, les-dits restaurants étant toujours blindés de japonais, et rarement en groupes de plus de 6 personnes.

[aritomi]

Moi en 1976, mais a Bordeaux il n'y avait rien du tout comme restaurant de cuisine japonaise dans les annees 80 (c'est pas beaucoup mieux aujourd'hui, le peu que j'ai vu me semble pas tres authentique).
Faut dire qu'a cette epoque y avait meme pas de McDo non plus, mon premier hamburger c'etait dans une brasserie allemande du centre-ville... Le premier McDo a du ouvrir quand j'etais au college... heureusement y avait "Freetime" pour ceux qui se rappellent ! :)

C'etait quand meme le debut des dessins animes japonais a la tele, les Goldorak et Candy, mais honnetement a cette epoque je suis meme pas sur que les gens savaient que c'etait japonais, certainement pas moi.

[christian]

Moi en 1976, mais a Bordeaux il n'y avait rien du tout comme restaurant de cuisine japonaise dans les annees 80 (c'est pas beaucoup mieux aujourd'hui, le peu que j'ai vu me semble pas tres authentique).
Faut dire qu'a cette epoque y avait meme pas de McDo non plus, mon premier hamburger c'etait dans une brasserie allemande du centre-ville... Le premier McDo a du ouvrir quand j'etais au college... heureusement y avait "Freetime" pour ceux qui se rappellent ! :)

C'etait quand meme le debut des dessins animes japonais a la tele, les Goldorak et Candy, mais honnetement a cette epoque je suis meme pas sur que les gens savaient que c'etait japonais, certainement pas moi.

Tout pareil (1976 aussi!) : ne pas oublier qu'on voulait tous aller au flunch et non pas au macdo qui n'existait pas encore, que Harlock s'appelait Albator... Récré A2 avant club dorothé (c koi doroté kikolol dirait un jeune non?) et puis croq vacances, karen chéril... Nos jeunes émois d'adolescents sages (on n'était pas marseillais) avec Anne Meson ou séverine clair... Mais là, c'est du disney...

Pour rebondir sur le sujet, j'avais entendu les mêmes échos de la part d'anciens intéressés par le Japon : une destination plus lointaine et exotique dans les esprits, moins connue et présente en France (peu ou pas de produits culturels ou alimentaires), une porte d'entrée par le zen ou les arts martiaux.

[GATTACA]

Mode "Higgins" ON

Dans les années 70, on a eu Goldorak. C'était quand même autre chose !

Tu oublis "Candy", "Albator" et surtout l'inénarrable "San ku kaï".


http://www.youtube.com/watch?v=M61KVtVZwfw

Et en juillet - août 1983, débarque l'ultime feuilleton à l'eau de rose : Shogun. Qui fit découvrir à plusieurs générations l'histoire et la culture nippone du 16 ème et 17ème siècle.
TF1 s'est bien rattrapée depuis en ne montrant du Japon que les côtés les plus loufoques et extravagants du pays du levant.

Mode "Higgins" OFF

[CapRay]

Avec un Hiroyuki Sanada (Hayato) qui réapparut dans le dernier samourai et aussi dans un récent film de ninja, il me semble.

Goldorak était quand même le précurseur, même si j'adore Albator, le rebelle orgueilleux, insensible aux sylvidres, face au boyscout d'Euphor, toujours prêt aux premières rougeurs de la Lune.

San Ku Kai, j'en ai vu récemment le pilote. Intéressant pour l'époque où on était en pleine folie star wars.

[aritomi]

Le truc avec Goldorak, c'est qu'ils sont tous habilles en cowboys et vivent dans un ranch, franchement a moins de lire les noms des dessinateurs au generique, dur de comprendre que c'est japonais, moi je croyais que c'etait americain. Pareil pour Candy ou Tom Sawyer.

[Suikasensei]

Si j'en crois vos commentaires, le premier canal de pénétration du Japon en France a bel et bien été la télévision!
Merci beaucoup, il n'est pas évident de se faire une idée de l'histoire du "Japon en France" et vos commentaires sont bien utiles.
Skydiver, quand tu dis que les façons de s'intéresser au Japon existaient mais étaient rares ou réservées aux spécialistes, à quoi fais-tu référence? Connais-tu des gens qui ont eu un premier déclic dans un autre domaine que les arts martiaux (gastronomie, cinéma, etc.) ?
Je pense par exemple au sociologue Jean-Francois Sabouret, auteur d'excellents ouvrages sur le Japon et correspondant de France Inter à Tokyo pendant des années: je me dis qu'il doit y en avoir quelques uns comme lui, qui au moment où personne ne s'intéressait à ce beau pays, y sont partis la fleur au fusil.

[skydiver]

En fait je connais surtout des gens qui ont connu le "déclic Japon" grâce aux Arts Martiaux. Plus rarement j'ai croisé des personnes qui ont voulu en savoir plus sur ce pays par le biais de l'électronique grand public et, plus anecdotique, un collectionneur de robots/jouets japonais au début des années 1970. Cette époque a connu une mode pour ces jouets que les enfants (dont j'étais) adoraient.