TB
18/07/2010, 12h00
« Pourquoi la France a-t-elle cru, au tout début de la guerre de 14-18, que le Japon lui apporterait une aide militaire ? Et comment la « Neuvième Symphonie » de Ludwig van Beethoven est-elle devenue quasiment un second hymne national ? Retour sur des épisodes méconnus du premier conflit mondial.
[...]
Autre élément méconnu de la première guerre mondiale, les rapports avec la France. Les deux pays sont liés depuis 1907 par deux accords, l’un financier, l’autre diplomatique. Ce dernier garantit à chacun ses possessions dans la région, au nom de ce que l’on a appelé la politique du break-up of China, le découpage de l’empire du Milieu. Tokyo reconnaît la zone d’influence de Paris dans les trois provinces méridionales de la Chine (Guangdong, Guangxi, Yunnan) et promet de ne pas porter atteinte aux intérêts français en Indochine ; en échange, la France prend acte de la zone d’influence japonaise, notamment dans le sud de la Mandchourie et en Mongolie. En outre, cet accord présentait l’avantage, aux yeux de Paris, d’isoler l’Allemagne.
Plus curieusement, la France, visiblement impressionnée par la nouvelle puissance nippone, entreprend des démarches, dans les premières semaines de la guerre, en vue d’obtenir une aide militaire du Japon, sous forme d’envoi de troupes sur le front européen, comme le rapporte le président de la République Raymond Poincaré dans ses Mémoires. Ainsi l’attaché militaire à Tokyo laisse-t-il entendre à René Viviani, président du conseil, que le Japon serait disposé à envoyer « plusieurs corps d’armée ». Propos que celui-ci s’empresse de rapporter au conseil des ministres.
L’ambassadeur Eugène Regnault aborde la même question avec le premier ministre Okuma Shigenobu ; il avise par télégraphe Viviani que le dirigeant japonais « n’a pas paru surpris et a souri ». Selon Poincaré, le président du conseil, inquiet des nouvelles dramatiques en provenance du front russe, au début de décembre, déclare en conseil des ministres qu’il faut « appeler coûte que coûte les Japonais en Europe et payer leur concours du prix, quel qu’il soit, qu’ils réclameront : au besoin l’Indochine ».»
Lire Le Japon, la Grande Guerre et Beethoven (http://www.monde-diplomatique.fr/2010/02/KESSLER/18810), par Christian Kessler, sur le site du Monde Diplomatique.
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Autre élément méconnu de la première guerre mondiale, les rapports avec la France. Les deux pays sont liés depuis 1907 par deux accords, l’un financier, l’autre diplomatique. Ce dernier garantit à chacun ses possessions dans la région, au nom de ce que l’on a appelé la politique du break-up of China, le découpage de l’empire du Milieu. Tokyo reconnaît la zone d’influence de Paris dans les trois provinces méridionales de la Chine (Guangdong, Guangxi, Yunnan) et promet de ne pas porter atteinte aux intérêts français en Indochine ; en échange, la France prend acte de la zone d’influence japonaise, notamment dans le sud de la Mandchourie et en Mongolie. En outre, cet accord présentait l’avantage, aux yeux de Paris, d’isoler l’Allemagne.
Plus curieusement, la France, visiblement impressionnée par la nouvelle puissance nippone, entreprend des démarches, dans les premières semaines de la guerre, en vue d’obtenir une aide militaire du Japon, sous forme d’envoi de troupes sur le front européen, comme le rapporte le président de la République Raymond Poincaré dans ses Mémoires. Ainsi l’attaché militaire à Tokyo laisse-t-il entendre à René Viviani, président du conseil, que le Japon serait disposé à envoyer « plusieurs corps d’armée ». Propos que celui-ci s’empresse de rapporter au conseil des ministres.
L’ambassadeur Eugène Regnault aborde la même question avec le premier ministre Okuma Shigenobu ; il avise par télégraphe Viviani que le dirigeant japonais « n’a pas paru surpris et a souri ». Selon Poincaré, le président du conseil, inquiet des nouvelles dramatiques en provenance du front russe, au début de décembre, déclare en conseil des ministres qu’il faut « appeler coûte que coûte les Japonais en Europe et payer leur concours du prix, quel qu’il soit, qu’ils réclameront : au besoin l’Indochine ».»
Lire Le Japon, la Grande Guerre et Beethoven (http://www.monde-diplomatique.fr/2010/02/KESSLER/18810), par Christian Kessler, sur le site du Monde Diplomatique.