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Afficher la version complète : Entreprise Scandale: Le Fuji-San bientôt rebaptisé?



Paris_eyes
17/06/2010, 20h41
Pardon pour ce titre un peu accrocheur mais... malheureusement on en est peut être pas si loin.
Je m’explique:

1/ Le Shibuya Public Hall aujourd’hui s’appelle Shibuya C.C. Lemon Hall
En effet, (渋谷公会堂, Shibuya Kōkaidō) a deja été rebaptisé Shibuya C.C. Lemon Hall. C.C. Lemon etant le nom d'une boisson.
15031504


2/ Miyashita Koen bientot NIKE koen?
Aujourd'hui c'est le fameux park de Shibuya, Miyashita Koen, qui pourrait bien devenir le Nike koen. C'est a dire le parc Nike. Tout ceci est rendu possible grâce a la revente des "naming rights". Je n’ai pas encore eu le temps d'investiguer plus en détail mais je crois pouvoir dire que cela provient d’accords commerciaux internationaux passés sous l'égide de l'OMC (L’Organisation Mondiale du Commerce ou WTO World Trade Organization).

3/ Que dire? Qu’en penser?
Nous voici maintenant a l’objet de cette discussion. Libre a vous d’aborder le problème comme vous le souhaiter. Je vous livre en vrac quelques pistes:
- Méfait du marketing et de la publicité?
- Règle absurde du capitalisme?
- Destruction de la culture?
- Sans-abris chassés comme des parias?
- C’est bien ca ramène des sous.
- Conditionnement et propagande.
- J’mens fous y a foot a la téloche.


4/ Quelques liens:
Il en parle ici (Merci a TB), c'est le fichier 8/12:
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1929

Plus de liens:
http://minnanokouenn.blogspot.com/
http://www.cnngo.com/tokyo/play/brawl-over-miyashita-park-shibuya-snares-nike-565070

skydiver
18/06/2010, 05h38
Cette "mode" a été importée par les Etats Unis où les grandes sociétés ont commencé à rebaptiser de leurs noms des stades célèbres. Ainsi Candlesitck Park, le stade historique de football des San Franciso 49ers, est devenu 3K stadium ou je ne sais quoi. De même on trouve un Nokia Center à Los Angeles, etc. En Angleterre on trouve l'Emirates Park, par exemple.
C'est ainsi. Moins poétique et faisant fi des traditions mais l'argent est roi. Le Japon ne pouvait y échapper.

Akeru
18/06/2010, 07h04
Pour abonder dans le sens de skydiver, il existe aussi des cas similaires ici aussi. Par exemple des salles de cours sponsorisées (genre Amphi. Coca-Cola).

A la limite l'ingérence du privé dans le public ne me gêne pas trop mais il y a la manière. Je préfère voir un beau parc propre avec une plaque 'Thanks to Nike for donations' a l'entrée qu'un vieux truc abandonné. De là par contre à le renommer, faut pas exagérer.

Pareil pour 'propre', ça ne veut dire bien entretenu pas "karchäriser". Les SDF sont déjà des parias alors pourquoi encore les déloger quand il serait peut-être possible d'arranger un coin pour eux ?

Bref pour moi, tout ça manque un peu de finesse. Donc, je ne suis pas contre sur le fond mais la forme à besoin d'amélioration.

christian
18/06/2010, 07h46
Il s'agit effectivement de la pratique -qui n'est pas nouvelle - du naming right d'origine anglosaxonne. Elle fait partie des techniques de sponsoring.

Les entreprises passent un contrat avec des personnes publiques pour adjoindre à un équipement public le nom de leur marque pendant une durée déterminée. En échange elles reçoivent une redevance.

L'intérêt pour les entreprises : avantage en terme d'image.
L'intérêt pour les personnes publiques : une valorisation financière de l'équipement (dans un contexte de crise où même les personnes publiques cherchent des financements alternatifs).
Risque pour les personnes publiques : l'évolution de l'image de la marque pouvant toucher la personne publique (ex nike et les usines où travaillaient des enfants, etc...)
Critiques des citoyens : la "marchandisation" de l'espace public.

Le naming right bien présent à l'étranger fait une timide apparition en France depuis quelques années. Actuellement la Ville de Paris semble envisager la possibilité (la possibilité seulement) du naming pour le POPB (article Direct Matin plus - 08/06/2010)

Personnellement certaines réactions me paraissent un peu excessive : une pratique encadrée et raisonnable serait avantageuse.

PS: une plaque remerciant un donateur ne concerne pas le naming right.

TB
18/06/2010, 14h13
Les SDF sont déjà des parias alors pourquoi encore les déloger quand il serait peut-être possible d'arranger un coin pour eux ?

Et pourquoi pas un boulot ou une retraite correctement payés pour qu'ils puissent se loger ? Et puis quoi encore ? Des logements sociaux, des soins médicaux gratuits, une fiscalité progressive ? Vous avez des idées limite bolchéviques...

KoYuBi
18/06/2010, 21h53
Oh Nike on devrait leur offrir les droits de nomination des écoles publiques, après tout ce qu'ils ont fait pour les gosses. Un hôpital public Marlboro aussi, ce serait assez sympa. Les aquariums s'appelleraient Total. On devrait étendre ce concept à d'autres sphères.

christian
19/06/2010, 07h13
Oh Nike on devrait leur offrir les droits de nomination des écoles publiques, après tout ce qu'ils ont fait pour les gosses. Un hôpital public Marlboro aussi, ce serait assez sympa. Les aquariums s'appelleraient Total. On devrait étendre ce concept à d'autres sphères.

^o^

Plus concrètement, la pratique du naming touche surtout des équipements publics sportifs ou culturels, des parcs..." SI un aquarium serait possible, l'hôpital ou l'école, seraient peu probable.


Le premier cas qui me vient à l'esprit en France est le grand stade de Mans, baptisé MM Arena (les arena sont des appellations pour de grands stades/complexes sportifs) avec les MMA Mutuelles du Mans Assurances) comme sponsor. Le nom est bien trouvé, relativement discret et le sponsor bénéficie d'une image plus neutre qu'un nike.

A rappeler que ces pratiques sont adossées à des contrats à durée finie. Le naming ne dure pas éternellement pour un équipement.

Paris_eyes
04/07/2010, 21h43
Je reviens vers ce sujet quelques temps après l'avoir lancé.

Effectivement si le fait de vendre ou louer le nom d'un parc ou d'un autre édifice publique peut permettre de rapporter un gros paquet de pognon alors pourquoi pas? Ce fric pourra ainsi être utilise a bon escient pour rénover, embellir etc. sans qu'on ai a faire appel aux contribuables ou que l'on pompe sur les budgets des municipalités et autres collectivités locales. Merveilleuse source de financement que celle-ci a première vue.

Un nom, aussi abstrait et impalpable qu'il soit, devient un produit marchandisable. Un nom aussi sacre qu'il soit ou, charge de signification culturelle, peut désormais être vendu. Tout est vendable aujourd'hui même les permis de polluer. Alors, a quand un marche ouvert 24h/24h ou les noms de tous acabit pourront être coté, acheté, vendu, échangé...?

Cette marchandisation du "bien immatériel" qu'est le nom doit être replacé en tant qu'élément dans un édifice plus global et ce, afin de pouvoir commencer a entre-apercevoir l'énormité de la structure. Cette structure globale c'est le système marchand - terme qui désigne une des dérives du capitalisme dans sa phase actuelle. En effet, notre système économico-financier dans sa configuration actuelle engendre et exige, entre autre, une commercialisation poussée a l'extrême. Cette dernière veut que chaque mettre carré de terrain, chaque mètre cube d'eau et bientôt d'air, chaque service (surtout quand ils sont publiques) chaque "nom" également puisse devenir une marchandise. Et comme la titrisation ces derniers années a même permis jusqu'à transformer des grappes d'abonnements téléphoniques en produit financier échangeable sur les marchés - en passant par les mortgages avec les consequences désastreuses que nous connaissons tous - la marchandisation exacerbée transforme les noms en simple marchandises dont l'unique mesure est l'unité monetaire. Et comme la vie et son code genetique sont aujourd'hui brevetable (exception faite pour un être humain et le code génétique de l'homme) le nom d'une place, d'un parc ou d'un theatre séculaire peut maintenant se vendre en tant que simple marchandise. Merveilleux droit du commerce qui s'invite partout. Merveilleux droit du commerce qui permet de tout acheter: une oeuvre d'art, une ile, un ogm, un nom ou encore le contrôle total de l'acces a l'eau d'un pays tout entier.

Afin de limiter l'hyper-puissance des individus et organisations qui peuvent tout se payer, avec les risques que cela comporte, n'y a t-il pas des limites a fixer a la marchandisation du monde?

christian
05/07/2010, 10h56
Que penser de cet argumentaire?:confused:

D'une part, une certaine digression par rapport à l'objet Japon. La discussion se déplace sensiblement vers l'Izakaya avec un thème comme "marchandisation des biens immatériels, tel que le nom, dans le système marchand".

Il y a ainsi une belle dérive dans le sujet - fort intéressant à généraliser il est vrai- et des réponses ma foi extrêmement ouvertes et complexes : répondre d'un point de vue philosophique, économique, social...? Une vrai foire d'empoigne possible dans un forum (la controverse régulière sur les droits de propriété intellectuelle, la question connexe de la brevetabilité...).

En circonvenant le sujet, il me semble que la problématique que tu ouvres serait la limite de la commercialisation des choses : où se trouve la barre, existe-t-il des biens universels qui se devraient d'appartenir à tous? Et là, je trouve que l'on mêle encore pas mal d'exemples pour que cela ne parte pas en sucette (œuvre d'art, génome, cobayes humains (???), etc...)...

Alors le naming est il une pratique qui touche au sacré - le nom des lieux - le dernier endroit qui devrait faire l'objet de commercialisation? Je ne sais pas - les réponses m'apparaissent complexes. Mais cette pratique en essor actuellement restera peut-être un effet de mode : il n'est pas certain que les entreprises y voient un avantage publicitaire à long terme. Des campagnes plus ciblées peuvent avoir plus d'impact. Pour l'instant c'est un changement qui se généralise - il est donc nécessaire de l'accompagner pour le canaliser et non tenter en vain de l'interdire (ou d'y songer).

La pratique du naming rencontre autant en France et au Japon des points de résistances alors que la définition de l'espace public (frontières entre la "zone marchande" et "zone non marchande") est vraiment différente. C'est intriguant pour moi au regard de la massification de la publicité au Japon.

KoYuBi
05/07/2010, 12h36
Que penser de cet argumentaire?:confused:

D'une part, une certaine digression par rapport à l'objet Japon. La discussion se déplace sensiblement vers l'Izakaya avec un thème comme "marchandisation des biens immatériels, tel que le nom, dans le système marchand".

Il y a ainsi une belle dérive dans le sujet - fort intéressant à généraliser il est vrai- et des réponses ma foi extrêmement ouvertes et complexes : répondre d'un point de vue philosophique, économique, social...? Une vrai foire d'empoigne possible dans un forum (la controverse régulière sur les droits de propriété intellectuelle, la question connexe de la brevetabilité...).

Heureusement on n'est encore jamais mort au cours un conflit verbal. J'ose espérer également que le forum, comme son nom l'indique peut nous permettre ce genre de réflexion collective, et qu'il ne se réduit pas à un simple échanges d'informations.



Pour l'instant c'est un changement qui se généralise - il est donc nécessaire de l'accompagner pour le canaliser et non tenter en vain de l'interdire (ou d'y songer).


Ce serait vain si c'était inéluctable.

christian
05/07/2010, 14h26
Heureusement on n'est encore jamais mort au cours un conflit verbal. J'ose espérer également que le forum, comme son nom l'indique peut nous permettre ce genre de réflexion collective, et qu'il ne se réduit pas à un simple échanges d'informations.


euh...? Je n'ai jamais dit le contraire - et suis surpris par ce commentaire. Je ne pense pas qu'un forum ne soit qu'un simple échange d'informations. Les réflexions collectives sont un plus (même avec un sujet naming et un exemple référençant des expériences biologiques militaires secrètes sur les êtres humains).

Pour re-préciser mon message, je dirais que certains sujets dont le contenu était intéressant (et celui-là l'est) n'ont finalement pas été traités car partis en de nombreuses digressions, ce que je trouve dommage. Leur cadrage ou argumentation, champs de réflexion bordé et les questions connexes développées dans d'autres sujets pourraient amener des discussions enrichissantes.



Ce serait vain si c'était inéluctable.

Inéluctable effectivement à court terme car toutes les personnes publiques et grandes marques s'y mettent (source : mon expérience professionnelle - une question d'actualité là où je travaille). Il y a donc deux façons de réagir : dire non mais voir les choses se faire quand même (avec des intérêts économiques en jeux en temps de crise...) et réorienter la possibilité du naming dans ce qu'il aurait de moins nocif.

KoYuBi
07/07/2010, 14h33
euh...? Je n'ai jamais dit le contraire - et suis surpris par ce commentaire.

Décidément Christian, j'ai bien du mal à comprendre tes posts. Je m'en excuse, je n'avais pas du tout compris ça. Merci d'avoir précisé, de mon côté je vais essayer de régler mes antennes de réception.

Je suis génée par le point de vue " on n'y peut rien, c'est inéluctable" mais je vais éviter de digresser là dessus car effectivement ça n'apporterait rien.

Par contre je ne vois pas pourquoi tu dis qu'il serait peu probable qu'une école ou un hôpital cède son nom. Je n'ai rien inventé, c'est déjà le cas de certaines facultés américaines et services dans certains hôpitaux aux US. Et cela va au delà d'une inscription sur un bâtiment :

As a result, in almost every university in the US researchers have the name of that rich, local person or that person's corporation, before their title.http://www.universityworldnews.com/article.php?story=20080228160422788
Cela concerne également les stations de métro : http://www.nytimes.com/2009/06/24/nyregion/24naming.html

J'aurais bien aimé en savoir plus sur la définition d'espace public au Japon, si tu as plus des documents là dessus
La pratique du naming rencontre autant en France et au Japon des points de résistances alors que la définition de l'espace public (frontières entre la "zone marchande" et "zone non marchande") est vraiment différente.

Paris_eyes
07/07/2010, 19h26
Salut Christian,

Oui effectivement je me suis éloigné du centre de gravite qu'aurait du rester le Japon.. En tout cas je trouve ta réponse forte intéressante. Juste une petite chose, lorsque tu écris:

Pour l'instant c'est un changement qui se généralise - il est donc nécessaire de l'accompagner pour le canaliser et non tenter en vain de l'interdire (ou d'y songer). Il ne s'agit que des résultats de décisions et d'actions humaines. On peut arrêter ca, on peut le stopper, on peut l'interdire... Fort heureusement. Pour dévier encore une petite fois il y a un debat actuellement en Angleterre: "doit-on autoriser le commerce d'organes humains". Ca non plus ce n'est pas inéluctable et on peut même songer a l'interdire (ou plutôt a ne pas l'autoriser).

skydiver
07/07/2010, 19h30
Merci donc à tous les intervenants de bien vouloir recentrer la discussion.

christian
17/09/2010, 09h34
Un nouvel article concernant le fameux parc (http://www.aujourdhuilejapon.com/informations-japon-le-parc-nike-de-shibuya-ferme-apres-les-protestations-des-habitants-7975.asp?1=1&utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+AujourdhuiLeJapon+%28Aujourd% 27hui+le+Japon%29&utm_content=Google+Reader).

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