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Afficher la version complète : Le candide du jour



ToyamaNoKinsan
31/07/2004, 22h32
Au risque de passer pour un hurluberlu, je voudrais poser une question qui me trottait dans la tete depuis quelques temps deja.

Quand je lis quels sont les problemes lies a l'inscription a la fac de Jussieu ou a l'INALCO, une expression revient avec insistance, et accroche sans cesse mon attention: "si tu as un bon dossier"... Et l'autre de repondre en substance: "J'en un excellent" !!! Tout ca me parait entendu pour beaucoup, mais je dois dire que moi, ca me laisse perplexe...

Car entendez-moi bien, je concois parfaitement ce que signifie l'expression general "avoir un bon dossier", surtout pour une personne poursuivant des etudes universitaires (ou apparentees) dans la specialite de son baccalaureat, mais pour ce qui est du japonais, la grande majorite des personnes qui s'inscrivent en premiere annee n'ont a priori aucune experience de la langue. C'est comme "avoir un bon dossier" apres un bac de maths/physique quand on veut integrer une ecole de dessin. A quoi rime donc d'avoir "un bon dossier" dans des matieres qui ne permettent en rien de prejuger de ce qu'un etudiant sera face a une specialite toute nouvelle ? Et tout cette selection tiree par les cheveux pour qu'apres, bon nombre de debutants decrochent des les premiers mois...

Deuxieme question (j'en demande pardon a l'assistance si elle a deja ete traitee un jour) de pure curiosite: si une personne habite au Japon et passe un diplome de japonais sur place, lequel permet d'obtenir des equivalences en France, et a quel niveau permet-il de rentrer lors d'un retour en France, en faculte de japonais ?

Merci aux courageux qui voudront bien repondre a ces deux petites questions peut-etre naives, mais qui pourraient bien - en plus d'eclairer ma lanterne - servir a quelques-uns d'entre nous.

JM
31/07/2004, 23h31
Je vais essayer de répondre à tes deux questions mais pour ce qui est de la 1ère , il ne s'agira que de suppositions...

1 - Bon ou mauvais dossier
Jusqu'à maintenant, il suffisait pour entrer à l'Inalco ou en fac tout simplement de prouver qu'on avait obtenu le Bac. Or il se trouve que de nombreux inscrits en japonais abandonnent rapidement leurs études.
Les problèmes de place à Dauphine (désolé je ne connais que cet exemple) ont fait que maintenant les inscriptions en 1ère année de Dulco (Deug) de japonais sont maintenant limitées en nombre.
Sur quoi peut on alors selectionner les étudiants ?
Puisque le problème semble lié à la motivation des étudiants sur le moyen ou le long terme, il me semble que l'université doit choisir en fonction de certains critères prouvant cette implication ou cette motivation.

- l'étudiant qui a déja fait du japonais au lycée me semble bien placé
- celui qui a obtenu un niveau 3, 2 ou 1 du JLPT est bien placé aussi car il peut prouver avoir déja beaucoup travaillé sur la langue
- celui qui a deja un diplome universitaire dans un autre domaine prouve également qu'il est capable de suivre un cursus complet.

Pour le reste je ne suis pas sur que des critères privés interviennent dans la décision (voyage au japon, ou autre... car rien ne le prouve) mais sait-on jamais... Peut-être que le fait d'être membre de lejapon.org est positif, ou négatif... :D

Là, ce ne sont que des suppositions mais cela me semble assez logique.

2 - Equivalence - fac française
Pour ce 2ème point je pense connaitre un peu mieux les équivalences possibles.

L'équivalence la plus appropriée à ton cas semble être celle du JLPT avec l'inalco (désolé je ne connais pas Jussieu, pour le japonais en tous cas..).
Quelqu'un qui a vécu quelques années au japon a tout intérêt à passer le niveau 2 ou 1 du JLPT pour ensuite entrer en fac en France.
En gros:
- niveau JLPT 3 : entrée en 1ère année de Dulco japonais sans avoir à passer 2EP (oral et exercices).
- JLPT niveau 2 : entrée en licence directement à condition de passer ensuite quelques EP de civilisation (4 je crois) en prouvant qu'on a une exprérience professionnellle.
- JLPT niveau 1 : entrée en maitrise mais passage des EP de civilisations obligatoires (les mêmes que ci-dessus) et prouver une expérience professionnelle.

En résumé, quelqu'un qui aurait déja un bon niveau de langue après quelques années sur place au japon, aurait tout intérêt à passer le JLPT pour ensuite valider ses connaissances par un diplome universitaire en France par le biais des équivalences et d'un travail complémentaire.

ToyamaNoKinsan
02/08/2004, 16h45
Merci pour ces explications promptes et limpides. Quant a ceci:

Pour le reste je ne suis pas sur que des critères privés interviennent dans la décision (voyage au japon, ou autre... car rien ne le prouve) mais sait-on jamais... Peut-être que le fait d'être membre de lejapon.org est positif, ou négatif... :D
j'ose esperer que ce soit porte au credit et non au debit de celui qui demande a etre admis en cours de japonais... autrement 8O 8O 8O

JM
02/08/2004, 18h08
j'ose esperer que ce soit porte au credit et non au debit de celui qui demande a etre admis en cours de japonais... autrement 8O 8O 8O

Je vais expliciter alors...

Donner des références dans un dossier, c'est un peu comme fournir une bibliographie dans un livre qu'on aurait écrit. En regardant d'abord la bibliographie, si on voit des références réputées peu fiables ou pleines d'erreurs, on peut vite penser que le contenu du livre n'est pas bon.
Donner en référence un site Internet, peut facilement faire penser que la connaissance et l'implication ne sont que superficielles. On sait bien que sur internet on trouve de tout, du pire au meilleur, mais quand même souvent des choses très incomplètes, et cela se comprend: on ne peut pas mettre en ligne que des thèses...

Quand on sait que certaines références livresques pourtant très connues, n'ont quasiment pas droit de cité dans certaines fac de japonais, on peut imaginer ce que peut être une référence à un site internet même populaire. "Populaire" est bien le mot qui convient, je crois car l'information qui circule sur un site comme celui-ci est une information souvent vécue mais non vérifiée. Bref ce sont des avis personnels et jamais des études approfondies.

A l'inverse, les informations données à l'université sont des résultats d'études. Ce sont des connaissances académiques qui n'ont rien à voir avec des expériences personnelles comme certains ici peuvent en avoir eu. Ces connaissances sont alors validées par un diplome. En gros, vous avez lu "homo japonicus", "Japon, société camisole de force", "un pays en mal d'enfants" et "japonaises, la révolution douce" et vous avez surement validé votre connaissance en sociologie japonaise à l'Inalco. Des connaissances théoriques, livresques qui n'ont rien à voir avec un vécu sur place, mais basées sur du concret.

Bref! l'université est par définition académique et Internet est son contraire. Imaginez un instant un prof de langue de l'Inalco qui viendrait visiter le forum langue du site...
Il tombe sur le sujet qui a le plus de messages (la méthode manekineko), puis sur des références au livre de maniette (Les kanji dans la tête) ou de Kunio Kuwae (Manuel de japonais).
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce ne sont pas vraiment ses références à lui qui a surement baigné dans 20 ans d'enseignement Origas.

Pour résumer, l'approche n'est pas la même du tout entre l'université et Internet, et malheureusement la seule personne qui savait faire le lien entre les deux n'est restée sur le site que quelques mois.

Si j'étais pessimiste, je dirais que nous allons rester dans notre médiocrité et notre superficialité Internet.

Et si je ne le suis pas, je dirais que cette connaissance populaire, diffusée par de nouveaux médias est en pleine évolution, que le contenu Internet est de plus en plus fouillé et qu'il serait peut-être temps que les profs s'y mettent aussi :D

Voilà! tout ça pour dire qu'un site Internet peut être une bonne référence ou une mauvaise. Ca dépend pour qui!