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Afficher la version complète : Littérature Japonaise - le théâtre japonais



christian
10/01/2004, 21h18
Dans ce forum nous ne parlons que très rarement du théâtre japonais. Celui-ci est d’une grande richesse, mais parfois un peu difficile d’accès. Pourtant, une représentation de nô, ou kyôgen reste une expérience extraordinaire, qui mériterait d’être tentée au moins une fois. J’ai assisté à une représentation de nô et de kyôgen au théâtre de Nagoya en septembre 2002, et cela reste un souvenir inoubliable. Le but de cet article est de faire une présentation sommaire du théâtre japonais et de donner quelques pistes de lectures (n’hésitez pas à compléter cette liste sommaire)

Les 4 principales forme de théâtre classique du japon sont le nô (drame lyrique créé au 14e siècle), le kyôgen(intermède comique du nô), le bunraku (théâtre de marionnette créé au 17e siècle) et le kabuki (semblable à l’opéra comique, également créé au 17e siècle).

Il est relativement facile de trouver des livres relatifs au nô et au kabuki, mais des livres sur le kyôgen sont plus rares il me semble. Voici 2 références :

- Nô et kyôgen 2tomes (printemps – été et automne – hiver), traduction de rené sieffert aux presses orientalistes de France. Il n’est plus besoin de présenter rené sieffert qui propose dans ces 2 tomes de 600 pages environ une explication assez complète du théâtre japonais et un échantillon assez important de pièces classiques.
- Kyôgen, éditeur « l’arbre de jessé » de kunjiro handa et mieko matsumoto. Ce petit livre propose la traduction de quatre pièces du répertoire classique du kyôgen.

Je ne résiste pas en guise de conclusion de vous citer un extrait du livre de nicolas bouvier « chronique japonaise » (que je conseille fortement), relatif au nô :

… Une châtaigne pétant sur la braise, un grillon furibond chantant dans la farine font –ils de la musique ? En écoutant la première fois celle du nô, je me suis posé la question. Outre le cœur des récitants, une flûte traversière et deux tambours en forme de sablier constituent tout l’orchestre. Lorsque le livret l’exige, on ajoute un tambour plus gros. Il faut voir ces deux tambourinaires, leur instrument posé sur l’épaule ou les genoux : au prix d’un grand effort, la main droite se détache de la peau, les doigts se crispent, la pomme d’Adam monte et descend, toute l’attitude suggère une tension intolérable qui se défait en un faible gémissement. Puis la main retombe, mais ce n’est pas à tous les coups qu’elle frappe, et quand elle frappe, c’est faiblement, avec des doigts de laine. « rien de trop », voilà ce qu’au 15e siècle a écrit Zeami qui est un des fondateurs du nô. Parfois un cri presque animal, une sorte de « yooooup ! » étranglé, précède le son du tambour. Ce mélange incongru ne fait pourtant pas rire. Le plus étonnant est que ces musiciens aux allures de suppliciés, ces récitants immobiles, doigts serrés sur l’éventail, qui vous décochent par rafales un texte que je ne comprend pas, cette musique si lente, si péniblement arrachée possède un tel pouvoir incantatoire, une magie si souveraine que l’auditeur étranger, à peine revenu de sa stupeur, est proprement « emballé », emporté par plus fort que lui dans l’espace nocturne et raréfié du nô.
J’étais mal disposé pourtant : quelques « connaisseurs » et raseurs ésotérisants m’ayant gâché le plaisir à l’avance en m’assurant qu’ignorant comme je l’étais je ne tirerais rien du spectacle (avez vous déjà bu une bouteille avec un connaisseur en vin ? C’est un supplice). Prévenu donc et sur la défensive, mais passé une demi-heure j’étais enlevé à moi même par la qualité que j’attendais le moins de ce théâtre : la puissance

skydiver
10/01/2004, 21h25
Merci pour ces précisions Christian.

Il est vrai que le theatre a pleinement sa place dans ce forum.

J'ai le souvenir d'avoir vu du kabuki au Théatre du Chatelet (Paris) il y plus de 15 ans. Le thème était Yoshitsune et Benkei. Cela reste un grand souvenir pour moi.

Depuis j'ai vu du no et, à nouveau, du kabuki à Tokyo et Osaka.

Je crois que si ces formes théatrales semblent parfois hermétiques aux non Japonais, un choix judicieux des sujets aidera à l'éveil et à la compréhension.

tampopo
12/01/2004, 19h57
C'est un sujet qui tombe à pic puisque du 23 au 26 février prochain auront lieu plusieurs représentations de Nô et de kyôgen à la Maison de la Culture du Japon à Paris. Pour plus d'informations voir ici (http://www.mcjp.asso.fr/pjanv2004/spect/no_kyogen/index.html).

Outre le théâtre traditionnel japonais, nous avons la chance d'avoir pas mal de pièce de théâtre contemporaines traduite en français. En voici quelques exemples :

<u>De Tanizaki Jun'ichirô</u>
Puisque je l'aime, disponible dans la gazette du japon.org
La source du renard blanc, disponible dans La Pleiade
Mumyô et Aizen, disponible dans La Pleiade
O-kuni et Gohei, disponible dans La Pleiade (neo-kabuki)

<u>De Mishima Yukio</u>
Dojoji dans le recueil du même nom et dans La mort en été
Le lézard noir,d'après la nouvelle policière d'Edogawa Ranpo
Madame de Sade, chez Gallimard
Le palais des fêtes, chez Gallimard
L'arbre des tropiques, chez Gallimard
Cinq Nô modernes, chez Gallimard (certainement du Nô vu le titre ;) )

<u>D'Abe Kôbô</u>

Les amis, chez Gallimard



On peut aussi trouver différentes références au théâtre traditionnel dans certaines oeuvre :

Bunraku Le goût des orties de Tanizaki
Kabuki Années d'enfance de Tanizaki et onnagata (dans La mort en été) de Mishima
Nô Masque de femme d'Enchi Fumiko

Yuzuru
30/01/2004, 15h31
:!: Les "Nô Modernes" de Mishima sont des pièces de théâtre inspirées de thèmes Nô traditionnels. Cependant Mishima s'est tellement approprié les histoires, qu'il est presqu'impossible de reconnaître le Nô d'origine (à part par le titre).

ToyamaNoKinsan
09/02/2004, 16h52
Puisqu'il est question de théâtre japonais, il convient de noter:

1) Madame de Sade, de Yukio Mishima au Palais de Chaillot à Paris, du 3 mars au 10 avril 2004.
2) Toujours au Palais de Chaillot si ma mémoire est bonne, sera donné à voir du kabuki (une amatrice de ce genre me l'a confié tout à l'heure, à confirmer prochainement).
3) Un site internet pour qui s'intéresse et veut en savoir plus sur le kabuki: http://www.fix.co.jp/kabuki/kabuki.html (pages en anglais).
Et voilà !

tampopo
15/03/2004, 14h25
Pour compléter le message de Toyamanokinsan, voici un Extrait vidéo (http://www.theatre-chaillot.fr/public/20032004/spectacl/12_madam/medias/madame.ram) (format realplayer) de Madame de Sade joué actuellement au Palais de Chaillot.

battosai
15/04/2004, 16h05
J'ai une petite question sur Dojoji De Mishima Yukio....
Dojoji... qu'est - ce que c'est? Je sais que c'est un temple mais aussi une dance... mais dans le cas présent pq est-ce le nom de la nouvelle? Est-ce parce qu'elle est danceuse, ou est-ce plutôt une question de localisation de l'histoire?

merci de m'éclairer

tampopo
15/04/2004, 18h56
Question pertinante que je ne m'étais jamais posée...
En effet il n'y a aucun rapport avec le temple, et quand à la danse, d'après la description de la danseuse je doute que ce soit une danseuse traditionnelle.
alors comme tu le demandes si bien, pourquoi ce titre ?
A mon avis la réponse se trouve dans le message de Yuzuru. Il existe en effet une pièce de Nô dont le titre est Dôjôji. D'après ce que j'ai pu lire à propos de cette pièce celle de Mishima n'y ressemble pas mais en se triturant les méninges on peut y trouver un petit point commun.

Dans la pièce de Nô l'héroïne, après s'être transformée en serpent, s'enferme dans la cloche du temple Dôjôji, la brise et par la suite est détruite par son ancien amoureux.
Dans la pièce de Mishima, l'héroïne s'enferme dans l'armoire puis en sort détruite moralement. Cette armoire étant celle où sont ex-amant est mort on pourrait en déduire qu'indirectement c'est lui qui l'a détruite.

C'est assez tordu comme exlication mais c'est la seule que je vois. Mais peut-être que quelqu'un en a une plus plausible et dans ce cas-là moi aussi je suis preneur de cette explication.

battosai
16/04/2004, 00h59
merci pour ton explication, j'ai entendu parlé de cette pièce mais ne l'ayant pas vue ni lue... je n'ai pas pus faire de raprochement...
En fait c'est pour une copine étudiante en psycho, je vais déjà lui transmettre cette explication mais si quelqu'un en a une autre... elle est bien venue...