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Afficher la version complète : Oeuvre littéraire Japonaise - Kafka sur le rivage (umibe no kafuka)



Shigu
26/04/2008, 15h56
Bonjour à tous!

J'ai fait une recherche car il me semblait qu'un fil de discussion existait déjà sur ce sujet mais je n'ai rien trouvé... N'étant pas doué et tête en l'air, vous me pardonnerez si un sujet existe malgré tout.

Je suis en pleine lecture du dernier roman de monsieur Murakami Haruki et je suis tout simplement passionné chaque fois que j'ai le livre en mains.

Difficile pour moi de parler de l'histoire sans faire de révélations.
Juste signaler que deux histoires se croisent et s'entrecroisent entre un jeune adolescent de quinze ans (Kafka Tamura) et une personne âgée (Nakata).

Le style est très agréable à lire, les questons arrivent en nombre au fur et à mesure de la lecture, du grand art littéraire dont nous a déjà habitué cet auteur que l'on ne présente plus.

J'ai tellement accroché à cette histoire que je me suis procuré la version japonaise du roman, me permettant d'esssayer de traduire en français et de vérifier auprès de l'édition francophone du roman.

Je tiens au passage à saluer la talentueuse traductrice Corinne Atlan qui comme d'habitude nous donne une traduction très efficace, gréable et surtout fidèle: un vrai plaisir que de lire sa traduction.

Y'a-t-il des gens ayant lu le livre? Qu'en pensez-vous? Certains ont-ils détesté ?

Suikasensei
27/04/2008, 11h03
Bonjour!
J'ai aussi recherché un sujet mais impossible de le retrouver. Mais comme il n'y a pas de mal à discuter des bonnes choses après tout ce n'est pas bien grave :)
J'ai également adoré ce livre, je suis d'accord avec vous Shigu en tout point!
Je trouve que le style est à la fois direct, subtil et riche. On a l'impression d'être très vite projeté dans son monde, alors même qu'il est assez loufoque par moments. Et j'ai l'impression que je pourrais découvrir beaucoup de choses en le relisant. Ce que je n'ai pas encore fait car il est trop frais dans ma mémoire!
Je vais m'empresser d'acquérir d'autres livres de Murakami.

christian
27/04/2008, 13h35
Il me semble que nous en avons juste fait allusion dans un post de grazou sur le passage de la nuit:

http://www.lejapon.org/forum/showthread.php?t=8722.

benito
20/05/2008, 15h46
Parmi tous les livres de cet auteur, "Kafka sur le rivage" me semble le plus abouti.
La simplicité apparente du récit ainsi que la très grande fluidité sont le résultat d'un grand travail et d'un immense talent.
Ce livre, je l'ai déjà lu deux fois ( une fois pour l'histoire, une autre pour la poésie et le plaisir de l'écriture). Je le recommande à tous mes amis en leur disant qu'il ne m'étonnerait guère qu'un jour ou l'autre le Nobel ne vienne récompenser cet écrivain.
Je suis sûr que je relirai encore "Kafka sur le rivage" et pourtant ils sont rares les auteurs que je traite ainsi (Yourcenar : "L'oeuvre au noir, Elsa Morante : "La storia"? Genet...)
Vivement les prochaines parutions de Murakami!

al0is
21/05/2008, 18h29
Moi aussi j'ai lu Kafka sur le rivage, c'est ma corres qui me la conseillée.
Rien à dire, à part que c'est un de mes livres préféré !

Higashi-ai
13/09/2008, 23h19
Bonjour à tous!
J'ai tellement accroché à cette histoire que je me suis procuré la version japonaise du roman, me permettant d'esssayer de traduire en français et de vérifier auprès de l'édition francophone du roman.
Je tiens au passage à saluer la talentueuse traductrice Corinne Atlan qui comme d'habitude nous donne une traduction très efficace, agréable et surtout fidèle: un vrai plaisir que de lire sa traduction.
Y'a-t-il des gens ayant lu le livre? Qu'en pensez-vous? Certains ont-ils détesté ?

Oui, c'est une lecture très agréable, un très beau roman. :) Je n'ai que la version japonaise, mais en comparant le premier paragraphe avec un extrait en français disponible sur Internet, j'ai quand même constaté quelques trucs intéressants.

Extrait

Avant de quitter la maison, je n'ai pas pris que du liquide dans le bureau de mon père. J'ai aussi pris un petit briquet ancien en or (j'aime bien sa forme et son poids dans ma main) et un couteau pliant bien pointu. Le manche est recouvert de peau de daim, et, avec sa lame de douze centimètres de long, il est plutôt lourd. Mon père a dû l'acheter lors d'un de ses voyages à l'étranger. Je récupère aussi dans un tiroir une solide lampe de poche qui éclaire bien. Ainsi que des lunettes de soleil Revo aux verres bleus, pour dissimuler mon âge.
J'accroche un peu sur les parties en vert. La version japonaise (en tout cas celle que j'ai, en format de poche dans la collection 新潮文庫) dit qu'il s'agit d'un couteau qui sert à dépouiller le daim (à retirer la peau du daim), non d'un couteau à manche en peau de daim. Le briquet n'est pas ancien, il est juste vieux (dans le sens d'usé) dans la version japonaise. Et finalement, la lampe de poche est puissante (et rien d'autre) dans le texte japonais, alors qu'en français elle est "solide et éclaire bien".

La traductrice, Corinne Atlan, n'est vraiment pas une débutante alors je ne crois pas que ces erreurs ou écarts viennent d'elle. C'est peut-être l'éditeur qui a modifié le texte.

J'hésite un peu à mettre ce commentaire ici, car je crains la réaction des fans inconditionnels. Après tout, moi aussi j'aime bien ce roman, mais comme vous écrivez qu'il s'agit d'une traduction "fidèle", j'ai quelques réserves. Cela n'enlève rien à la qualité de l'ouvrage en français. Et, je sais, l'auteur peut fort bien s'éloigner consciemment de la version japonaise pour obtenir un texte agréable à lire en français.

christian
13/09/2008, 23h32
Même en étant fan on peut comprendre que les écarts de traductions existent. Peut-être pourrais-tu mettre ici la version japonaise du passage en question pour tout le monde.

Higashi-ai
14/09/2008, 00h03
Même en étant fan on peut comprendre que les écarts de traductions existent. Peut-être pourrais-tu mettre ici la version japonaise du passage en question pour tout le monde.

家を出るときに父の書斎から黙って持ちだしたのは、現金だけじゃない。古い小さな金のライター(そのデザイ ンと重みが気にいっていた)と、鋭い刃先をもった折り畳み式のナイフ。鹿の皮を剥ぐためのもので、手のひら にのせるとずしりと重く、刃渡りは12センチある。外国旅行をしたときのみやげものなんだろうか。やはり机 の引き出しの中にあった強力なポケット・ライトももらっていくことにした。サングラスも年齢をかくすために 必要だ。濃いスカイブルーのレヴォのサングラス。

Voilà, j'espère que j'ai bien reproduit sans faute de frappe en ce dimanche matin. ;-)

Tanie
16/09/2008, 19h49
Je fais également partie des fans inconditionnels d'Haruki Murakami - même si je me contente de le lire en français !
Je viens de terminer "La course au Mouton Sauvage" : j'avais adoré Kafka sur le Rivage, mais peut-être encore plus cet autre roman - le personnage principal m'étant plus proche (un trentenaire un peu déconnecté).
Décidément, j'apprécie énormément cet auteur, qui mêle aussi brillamment fantastique et réflexions sur la vie, et se sert précisément du fantastique pour mettre en lumière certains aspects de notre quotidien, ou, plus précisément, pour leur apporter un éclairage nouveau et toujours très stimulant intellectuellement...

lamenocturne
27/09/2008, 15h17
Je vient de finir justement ce livre aprés avoir lu, la course au mouton sauvage (fin de la trilogie du Rat) qui était déja un trés bon livre.

Mais la avec kafka c'est quasiment l'orgasme du lecteur que j'ai atteint, la boule au ventre de l'avoir finit, j'ai enormement aprécier.

Un indescriptible frisson ma parcouru tout le long de la lecture que se soitdans les moment gore, erotique ou simple du livre.

J'adore tout simplement un trés grand merci a murakami!

Suikasensei
27/09/2008, 23h12
Je constate avec plaisir que Kafka sur le Rivage a vraiment marqué de nombreux lecteurs. Petite précision pour lamenocturne: la Course au Mouton Sauvage est le troisième tome de la Triologie du Rat effectivement, mais Danse, Danse, Danse en est la suite (même s'il n'est en effet pas classé dans la Trilogie).
Je reccommande par ailleurs grandement la lecture des nouvelles de Après le tremblement de Terre ainsi que les romans La Ballade de L'Impossible ou La Fin de Temps.

Tanie
28/09/2008, 15h46
Oh... Aurais-je donc commencé par la fin ?
Après la Course au Mouton sauvage, je suis en plein dans Danse, Danse, Danse, également excellent, mais quels sont les deux premiers tomes de la trilogie ?
:confused::confused::confused:

Suikasensei
28/09/2008, 20h45
Ironie du sort, moi aussi je suis en plein dans Danse, Danse, Danse, et je le trouve aussi excellent jusqu'ici! ;)
A propos des deux premiers tomes: il s'agit de Kaz wo kiku (Ecoute le chant du vent) et Pinball 1973, non traduits en français à ce jour si je ne me m'abuse. Espérons qu'au vu du succès de Murakami en Europe, ils seront bientôt traduits.

Tanie
28/09/2008, 21h45
Ah... Ceci explique cela !
Les politiques de traduction de tel ou tel ouvrage me paraissent vraiment de plus en plus absurdes.
Déjà, quand je m'étais intéressée à Shûsaku Endô, je m'étais aperçue que les romans disponibles dans les librairies japonaises étaient précisément ceux qui n'étaient pas traduits en français, et, réciproquement, qu'il n'y avait pas moyen de trouver la version japonaise de ceux qui étaient traduits en français (Scandale, Douleurs exquises...) !!!
Donc, là, il y a une trilogie dont ils n'ont traduit que le dernier tome... Ils ont de l'humour. :shock:

Nolan
28/11/2008, 15h20
Les titres francais choisis pour les romans de Murakami Haruki laissent parfois un peu a désirer je trouve... Habitant en Islande, je lis Murakami en anglais (Vintage) et trouve les traductions des titres bien plus proches des titres japonais.
Personnellement, pour Supuutuniku no koibito, j´aurais laissé en francais une expression anglaise, comme le titre anglais, Sputnik Sweetheart. Idem pour Sekai no owari to Haado boirudo wondaarando. Traduire par La Fin des temps est oublier que le roman est constitué de deux récits entrelacés : sekai no owari + hard-boiled wonderland. Le titre anglais Hard-boiled wonderland and the end of the world est une traduction littérale bien entendu mais une traduction littérale s´imposait peut-etre ici...
Bon c´était juste histoire de raler un peu. Je suis amoureux des romans de Murakami Haruki, surtout Nejimakidori kuronikuru (Chroniques de l´oiseau a ressort). Cet auteur a l´étonnante faculté de prendre des risques incroyables.

Suikasensei
28/11/2008, 18h27
C'est vrai qu'on ne comprend pas trop pourquoi pour la fin des temps ils ont enlevé la partie "hard-boiled wonderland"... En même temps, en français, tu proposerais quoi?:)
Par contre pour Les amants du Spoutnik le titre retranscrit bien le titre japonais je trouve.
D'autre part, je préfère avoir des titres approximatifs et des romans très bien traduits (comme c'est le cas en français pour ceux de Haruki Murakami, notamment les traductions de Corinne Atlan) que le contraire...

Nolan
28/11/2008, 21h23
Je suis nul en traduction! :-D J´aime juste un peu raler de temps en temps.
De toute facon Sputnik Sweetheart est le roman de Murakami Haruki que je n´ai pas aimé. Trop court. Manque de quelque chose.
Je te l´accorde aussi... traduire "hard-boiled wonderland" en francais... euh...

J´aurais aimé lire les traductions francaises en priorité mais en Islande la seule traduction disponible est en anglais. Et je crois que ca me perturberait de lire Murakami Haruki en francais en fin de compte avec le recul maintenant...:?

Je vais bientot commencer Dance, dance, dance...

Suikasensei
29/11/2008, 09h55
Oh oh... tu ne sais pas dans quoi tu t'engages, jeune padawan...
Bienvenue au pays des jeunes adolescentes, des couloirs d'hôtels mystérieux et autres Maserati...
:)

Nolan
29/11/2008, 17h51
Bon, j´ai sous la main Dance, dance, dance... et The Elephant vanishes.

Les deux titres m´intriguent.
Lequel en premier ? :confused:
J´ai 3 heures d avion lundi (je rentre un peu en France...) et il va me falloir quelque chose de captivant.

Suikasensei
29/11/2008, 18h21
Je n'ai pas lu L'Elephant s'évapore, mais ce sont des nouvelles. Du très bon m'a-t-on dit, je pense les lire prochainement. Mais je te rassure, "Danse, Danse, Danse" est tout à fait captivant.

Shigu
29/11/2008, 19h37
Je n'ai pas lu L'Elephant s'évapore, mais ce sont des nouvelles. Du très bon m'a-t-on dit, je pense les lire prochainement. Mais je te rassure, "Danse, Danse, Danse" est tout à fait captivant.

Merci à vous deux, Suikasensei et Nolan, j'ai fini par craquer: je vais d'ici peu me procurer d'autres romans de Murakami que je ne connais pas tant que ça finalement.

Ce sera sûrement L'éléphant s'évapore, ou bien Danse, danse, danse.

Suikasensei
29/11/2008, 19h54
sage décision:)
Personnellement j'ai presque tout lu de lui!
Mon auteur préféré jusqu'ici.

Nolan
30/11/2008, 15h46
OK, adjugé!

Un bon Murakami pour oublier la morosité islandaise le temps d´un vol... que demander de plus?

Je ne sais s´il est mon auteur préféré mais une chose est certaine, il risque de le devenir. Des romans comme Sekai no owari... ou Umibe no Kafuka, mais surtout Nejimakidori m´ont sorti de ma torpeur littéraire (j´ai tres peu lu ces derniers mois, a part Murakami Haruki).

Certains disent de cet auteur qu´il est un "David Lynch littéraire". Qu´en pensez-vous? Meme si je n´aime pas ce genre de rapprochement un peu factice, c´est vrai qu´ils ont une sensibilité qu´on pourrait penser a rapprocher (dans la facon de ficeler une intrigue, les mélanges d´univers etc).

vesicule
30/11/2008, 16h32
Certains disent de cet auteur qu´il est un "David Lynch littéraire". Qu´en pensez-vous?
Je n'ai lu que le passage de la nuit (After Dark, si ma mémoire est bonne) et c'est vrai qu'il y a un peu de ça (pour rester flou : les scènes liées à Eri)

Nolan
30/11/2008, 16h37
Pas encore lu.
J´ai lu pour le moment :

- After the quake
- Underground
- The Wind-up bird chronicle
- Kafka on the shore
- Hard-boiled wonderland and the end of the world
- Sputnik Sweetheart
- Norwegian wood

Mais je pense qu´ils vont finir par tous y passer... :D

Suikasensei
30/11/2008, 18h57
Il me manque "saules aveugles, femmes endormies", "l'éléphant s'évapore" et "les amants du spoutnik".
Je ne suis pas un connaisseur de David Lynch, mais dans tous les cas le parallèle est d'autant plus pertinent que Murakami lui même avoue porter un culte à Twin Peaks et Mulholland Drive...
cf cet article fort (http://www.telerama.fr/livre/15861-ami_murakami.php) intéressant de Télérama
d'autres liens sur H.Murakami:
- une interview audio par le NY Times (http://www.nytimes.com/books/01/06/10/specials/murakami-audio.html?_r=3&oref=slogin) (en anglais)
- un mémoire qui lui est consacré (http://jagorochi.free.fr/anton/MURAKAMI_HARUKI-memoire_antonin_bechler_2004_v2.pdf)
- son site officiel (http://www.randomhouse.com/features/murakami/site.php?id=), très sympathique.

Nolan
30/11/2008, 21h00
Cool :D On a tout ce qu´il faut pour satisfaire notre curiosité lá.

Catinus
13/06/2009, 14h29
J’ai bien plus apprécié le parcours de Nakata : il est hautement savoureux ! Car, si notre héros est un peu à côté de ses pompes, il sait parler aux chats, par exemple, ce qui vous l’avouerez n’est pas rien ! Et puis il a une belle philosophie de vie : il se contente de peu, avec juste un peu d’amitié ( with a little help from my friends ) et cela tombe bien : son pote de rencontre, Hoshimo est disponible. Nakata découvrira la « pierre de l’entrée « mais au prix de sa vie.
Le cheminement de Kafka est lui, à mon goût, plus tortueux. Son besoin de se réconcilier avec son père, pourtant mort, la ressemblance troublante de sa mère avec mademoiselle Saeki, m’ont apparu souvent agaçante. Aussi, je relierais volontiers ce livre mais uniquement la partie qui raconte Nakata, ce qui n’est pas très difficile car les chapitres sont bien séparés.
Mais je n’ai pas tout bien compris non plus ( on ne se refait pas, attends, toua ! Gloups ! )
Toutefois, je suis tombé sur un passage miraculeux dans ce livre. Il se situe à la page 381 dans le récit de Kafka ; je vous le cite, texto, ici :

« ( …) Comme l’a si bien dit l’écrivain russe Anton Tchekhov : « Si un revolver apparaît dans une histoire, à un moment donné, il faut que quelqu’un s’en serve. « Tu comprends ce que cela signifie ?
- Non .
- Ca m’aurait étonné. Tu ne comprends jamais rien. Je t’ai justement posé la question par politesse.
- - Trop aimable .
- - Ce que Tchekhov voulait dire, c’est que la nécessité est un concept indépendant. La nécessité a une structure différente de la logique, de la morale ou de la signification. Sa fonction repose entièrement sur le rôle. Ce qui n’est pas indispensable n’a pas besoin d’exister. C’est cela, la dramaturgie. La logique, la morale ou la signification, quant à elles, n’ont pas d’existence en tant que telles, mais naissent d’interrelations. Tchékhov, en voilà un qui s’y connaissait en dramaturgie ! "